Tout le monde aimerait pouvoir discuter de la sorte avec son grand-père. Les deux protagonistes que sont le petit-fils Clément et son grand -père ,Anselme,nous offre ici à nous lecteur, par le biais de leur conversation, une vision de la vie tout à fait remarquable. Clément porte un regard lucide et amusé sur son époque pendant qu' Anselme, lui, nous fait revivre la sienne avec une certaine nostalgie. Ces deux là se disent tout, ils se comprennent, ils s'aiment....
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Ironie de l'histoire, Pépé : le silence, que tu as tant connu dans ton enfance, est aujourd'hui très prisé. Trop d'appels, on sature. Trop de messages, on se noie. Et on se prend à rêver d'une vie sans sonnerie pour savourer l'instant présent. La prochaine fois que tu iras semer des carottes ou des navets, emmène-moi avec toi. Je te promets de ne pas répondre au portable, même si une ex-copine m'appelle de Miami ou de Shangai. Je mettrai l'appareil en mode "cultivateur".
Avec internet, tout est possible, tout est ouvert et tout est rapide. Alors comme pour le téléphone portable, on devient addict, limite barjot. Perdre la connexion, c'est perdre la raison. On zappe d'un site à l'autre, on lit sans vraiment lire, on regarde sans trop regarder. Bref, on vit à moitié.
La vie passe tellement vite, tu sais. Plus on vieillit, plus ça va vite. Je me vois encore à 4 ans marcher avec mon frère dans la plaine. A l'époque il n' y avait pas d'avions dans le ciel. Seules nos pensées volaient à 10 000 mètres d'altitude. Pas de bruit et pas de réseau mais le chant des oiseaux et le hennissement des chevaux. Profite, Clément. Profite, mais pas n'importe comment. Donne du sens à ta vie.
Sur mon Iphone, je peux suivre en détail le trafic aérien du monde entier ou encore identifier les planètes dans le ciel. Je peux aussi ne plus regarder les gens en face de moi. L'écran tactile plutôt que les yeux de cette inconnue dans le métro. Les coups de fil ont pris la place des coups de foudre. Je ne lui dirai pas les mots bleus, je lui ferai un e-mail.
Vers 14 ans j'eus un premier flirt avec une fille aux yeux verts....notre idylle s'arrêta le jour où je la vis descendre la route du village à vélo. En observant ses coups de pédales, je m'aperçus qu'elle n'avait pas de belles jambes. Un motif de rupture tout à fait valable à mes yeux.
5 questions posées à Clément Bosson, à l'occasion de la parution de son livre Larguer les amarres (Presses de la renaissance).