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EAN : 9782915492538
72 pages
Editions Cornélius (29/01/2009)
3.25/5   6 notes
Résumé :
Né en Afrique du Sud au temps de l'apartheid et du national-christianisme, Conrad Botes a dû s'accommoder d'un pays schizophrène où s'affrontent deux peuples, deux cultures, deux histoires et où la violence et l'oppression font partie du quotidien. Refusant de choisir entre Caïn et Abel, l'artiste réclame le droit, non à la différence, mais à l'indifférence. Quand ses compatriotes préfèrent la culpabilité au désespoir, il moque l'idée d'un métissage rédempteur, d'un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quand le trait réduit à l'essentiel vise avant tout la puissance d'évocation. Il suffit à Conrad Botes de quelques traits pour faire surgir un monde de cauchemars.
Cinq histoires saisissantes, réunies en un recueil.
La première histoire commence avec l'évasion d'un chien dans la campagne. Elle évoque trop Plague Dogs, le chef d'oeuvre d'animation de Martin Rosen pour que ce soit un hasard (ou alors je perds ma main).
La deuxième a rapport à une secte particulièrement lugubre.
La troisième se réapproprie le mythe de Caïn et Abel, et le distord sans égard aucun.
Les deux dernières, plus courtes, sont les itinéraires surréalistes et macabres de deux personnages figurés au plus simple, presque du keith Haring.
On ne peut parler de "désenchanté", c'est bien plus profond.
Chaque case imprime violemment la rétine, à la fois l'oeil veut glisser toujours plus loin, de jamais s'attarder, est presque soulagé de parvenir au bout.
Difficile de critiquer en mal les faiblesses narratives, il n'est pas question de structures d'ensemble mais d'enchaînements cauchemardesques, et à ce jeu l'auteur est virtuose.
Des mythes sabrés avec légèreté, du pseudo-religieux peinturluré de grivoiserie crasse et de meurtres abjects.
Le lieu de son univers est une zone de non-droit absolu, où priment (et l'emportent) les pires cruautés.
Beaucoup d'humour (notamment la 3e histoire) mais comme le reste, très noir.
C'est un peu brouillon, improvisé, ce n'en est que plus efficace.
Avec Blutch, Charles Burns, Weinshluss, quelques autres, il mérite qu'on le tienne parmi les grandes signatures actuelles de la BD underground.
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Dire que ce n'est pas la gaieté qui prédomine dans le recueil de Konrad Botes serait un euphémisme. En effet, les cinq histoires courtes servies dans l'album sont toutes marquées du sceau du désespoir, de la violence et de la mort. Narrativement aiguillées par les récits bibliques d'oppositions fraternelles et de crainte d'un Dieu omnipotent, ces historiettes portent en elles les traces de l'histoire sud-africaine, du racisme et de l'opposition systémique entre Blancs et Noirs.

Rats et chiens se distingue d'abord par un graphisme en noir et blanc (pourrait-il, symboliquement, en être autrement ?), à mi-chemin entre la ligne claire européenne, le cartoon américain et une modernité nécessaire pour faire ressortir la brutalité de l'action. le noir prédomine nettement, et l'on pourra y voir deux significations : le rappel des origines, pour un auteur sud-africain blanc, qui rappelle ici que le blanc colonise l'espace graphiquement et démographiquement. On peut aussi y comprendre la noirceur générale du propos, dans lequel on chercherait à grand peine une lueur d'espoir ou de bienveillance. Ce n'est pas la peine : elle n'existe pas.

Oeuvre extrêmement sombre, sans une once d'humour, la bande-dessinée tient sa force du graphisme essentiellement, puisque le dialogue est rare. Symbolique à souhait, chaque personnage, chaque situation présentée peut faire penser à la situation de l'Afrique du Sud, aux rapports de violence et de domination entre populations d'origine européenne et populations africaines. S'y décrit aussi un certain rapport à la religion et à Dieu, lequel est violent, méchant et sans compassion. La critique de la soumission permanente (de l'Homme à Dieu, des Noirs aux Blancs, du Bien au Mal) est particulièrement virulente. Conrad Botes ne fait pas dans la demi-mesure. Ses origines et ses valeurs ne l'y autorisent pas.
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Mis à part la première nouvelle inspirée d'un conte de Grimm, le reste ne m'a pas trop marqué (1 sur 4). Certes, les rats et les chiens sont à l'honneur comme d'habitude d'ailleurs. J'ai été également attiré par le fait que l'auteur est un sud-africain qui a passé son enfance au coeur de l'apartheid.

Pour autant, on n'a pas l'impression que cela se traduit par une espèce de force ou d'ode au respect de la tolérance. Il ne cherche pas dans la fraternité utopique mais plutôt à dépeindre les blessures qui frappent encore son pays. L'auteur garde un ton assez irrévérencieux.

Le graphisme passe encore dans un genre assez expérimental et au trait assez expressionniste. Il est vrai que le reste n'est pas à la hauteur de mes attentes.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Aventures et turpitudes de canidés et ratidés.
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