Trente-neuf, c'est le nombre de volontaires abandonnés sur Hispaniola par
Christophe Colomb suite au naufrage d'une de ses caravelles en décembre 1492. Ces hommes devront survivre un an avant le retour de l'explorateur et, pendant ce temps, essayer de s'accomoder avec la tribu des Tainos. Il va sans dire que des heurts étaient à prévoir. Leur histoire, elle est vue et racontée à travers les yeux d'un jeune mousse de treize ans,
Jorge Gonzalez. Avec lui, le lecteur assiste à la traversée de l'Atlantique, à la «découverte» des iles des Caraïbes, aux premiers contacts avec les indigènes. Et à l'avidité de certains de ses camarades d'aventure à retrouver les fameuses mines d'or… Sa narration est alternée avec celle de Baguanamey, un Taïnos du même âge. Leur amitié se développera pendant la présence des Espagnols sur Hispaniola. Ainsi, le lecteur a droit au point de vue des Amérindiens, à leurs impressions, à leur perception de cette présence étrangère. D'abord suspicieux mais tout de même accueillants, puis irrités.
Comme d'habitude, Camille Bouchard contribue à faire découvrir aux jeunes lecteurs d'autres lieux, d'autres époques. C'est mission réussie. D'abord, à cause de la grande rigueur de l'auteur, des recherches historiques méticuleuses. Par exemple, les conflits entre Colon et le capitaine Pinzon, la description du fort La Navidad, la hiérarchie des Taïnos et leur mode de vie, etc. Je n'ai pas réussi à confirmer l'existence du jeune Gonzalez mais d'autres Espagnols restés pris sur l'ile, comme Diego de Arana, oui. Ensuite, le style de l'auteur ne m'a pas agacé, comme ce fut le cas avec certains de ses romans. Bien souvent, Bouchard farci ses bouquins de mots de vocabulaire dépassés (c'est louable, dans un roman historique, mais il faut en user avec parcimonie) qui alourdissent le texte. Ça donne parfois un style inégal et pompeux. Mais bon, dans
Trente-neuf, je ne l'ai pas ressenti.