Nicolas est d'une culture encyclopédique en matière d'histoire et de philosophie des sciences et a approfondi son sujet de manière très originale, en s'appuyant sur sa maîtrise remarquable elle aussi des probabilités et des phénomènes aléatoires. Il éclaire les risques que présente la biosynthèse d'une manière tout à fait nouvelle.
L'auteur, en tant que scientifique, s'adresse d'abord à ses pairs, et plus particulièrement aux praticiens de la biologie combinatoire. Il les invite à situer leur démarche dans la théorie de la connaissance (épistémologie), mais aussi à s'interroger sur les conséquences de leurs pratiques pour la société. Il s'agit pour ce mathématicien de clarifier les bases épistémologiques de la biologie de synthèse, afin de montrer la spécificité du risque attaché à ce type d'expérimentation. Mais N. Bouleau est aussi un formidable pédagogue qui sait mettre à la portée du plus grand nombre, par des analogies choisies, une compréhension de ce qu'est la biologie combinatoire, et en quoi elle pose de nouvelles questions sociales et institutionnelles. Des questions que la pandémie de coronavirus met sur toutes les lèvres, mais auxquelles l'information ou pseudo-information médiatique ne répond pas – l'auteur expliquera d'ailleurs pourquoi.
N. Bouleau dénonce la vision généralement réductionniste de la nature et du vivant qui prévaut chez des biologistes qui ont tendance à confondre les modèles du vivant qu'ils utilisent avec la réalité de la nature, ce qui leur fait ignorer les dangers qu'ils font courir à l'ensemble du vivant. Sur la base d'une vision très informée mais accessible du processus de l'évolution, l'auteur nous invite à considérer que la nature possède une longue expérience, une sorte de savoir, qui s'est construite avec des chutes et des ruptures, et dont la trace fidèle n'est pas, et ne sera jamais, accessible à l'humain. L'homme ne refera pas la nature, et le biologiste combinatoire ne fait pas « ce que la nature a toujours fait »
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