Rien n'est joué d'avance de Patrick BOURDET n'est pas une oeuvre philosophique ou sociologique comme pourrait le faire penser le titre. Un bandeau sur fond rouge précise le sens du titre : le formidable destin d'un gamin de la DDASS devenu PDG. Alors autobiographie puisque le gamin en question, c'est Patrick Bourdet, l'auteur ? Pas davantage comme c'est précisé en quatrième de couverture : "Ce livre n'est pas une autobiographie, pas davantage des mémoires". Il poursuit pour nous dire que c'est un humble témoignage, le récit de son parcours de vie depuis son enfance jusqu'à maintenant.
Ce témoignage est prodigieux ! Cet homme, devenu PDG d'AREVA MED, société spécialisée dans le traitement des dérivés des combustibles nucléaires pour en faire un traitement médical contre le cancer, filiale du grand groupe AREVA, mondialement connu pour ses compétences dans le nucléaire, a connu une enfance tragique, orphelin de père qui s'est suicidé et bien mal aimé par une mère alcoolique.
Le but comme son titre l'indique est de nous expliquer que sa position d'homme en responsabilité, contre toute attente, est à la portée des plus déshérités tant sur le plan social, économique que sur le plan affectif. Il souhaite par son témoignage réconforter ces malheureux en leur disant, ne désespérez pas "Rien n'est joué d'avance". Les cartes semblent à l'origine injustement réparties, mais la vie offre des occasions de rebattre ces cartes. Le chemin initial tortueux et éprouvant présentera des carrefours, des opportunités et surtout des rencontres avec des hommes et des femmes généreux et alors le jeu semblant perdu peut et même s'inversera pour autant que, comme moi, vous soyez déterminés à emprunter le chemin difficile du courage, du travail et de l'honnêteté. Certes au départ, vous aurez une responsabilité modeste, mais accomplissez-là avec implication et exemplarité et profitez de ce petit avantage pour monter des marches, utiliser les tremplins, au gré des choix qui s'offriront.
Alors ce livre s'adresse en priorité à tous les humbles que la vie a maltraités. Patrick BOURDET le dit dans ses dernières pages : si mon témoignage peut être utile ne serait-ce qu'à une seule personne, elle-même perdue au milieu de sa forêt, alors j'aurai le sentiment d'avoir réussi mon humble pari.
A bien y regarder, le CAP de mécanicien de Patrick BOURDET n'a-t-il pas été le diplôme essentiel, celui qui lui a ouvert toutes les portes de son parcours ? Par ailleurs, on ne peut pas tous prétendre à devenir un PDG d'une société à dimension internationale. En revanche plus modestement, on peut devenir PRESIDENT ou au moins membre du bureau de l'amicale locale de foot, de la fanfare, des parents d'élèves, du don du sang, de telle association d'une œuvre humanitaire, de... bien d'autres. Autant d'investissements qui permettent de se réaliser, de combler un vide au regard de l'ascenseur social bien souvent en panne, en contribuant au bien commun, une économie non marchande indispensable. N'est-ce pas là l'équivalent du remède miracle d'Areva Med, pour une forme de cancer social tout aussi éprouvant ?
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Quelle résilience ! Récit particulièrement touchant qui donnera certainement de l'espoir à ceux dont les fées semblent avoir oublié de se pencher sur le berceau. Et pour connaître personnellement l'auteur, je vous assure que son humanité et son attitude positive par rapport à la vie et aux gens font partie intégrante de lui.
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Je viens d'assister au témoignage de cet homme dans l'émission " Salut les Terriens " .
Beaucoup d'humilité pour un parcours hors-norme....
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Les choses s'aggravèrent bientôt considérablement, car l'alcool s'invitait souvent à la cabane. Notre vie était rythmée par les beuveries interminables de ses occupants et les violences qui les accompagnaient. Certains soirs, les adultes étaient métamorphosés, habités par la haine et par la seule volonté de se battre et de se faire mal... ...Je me souviens des hurlements, de la terreur et du sang, mais personne n'entendait nos cris du fond des bois, personne n'était là pour nous sauver.
Ma seule véritable richesse est mon histoire. Elle a commencé dans des conditions tragiques, s'est poursuivie dans la barbarie, et puis, lentement, progressivement, les choses se sont améliorées. J'ai connu l'abandon, l'angoisse de l'indigence, la brutalité de parents alcooliques et malades, la désespérance sociale. La misère a nourri mon enfance et mon adolescence. Elle a aussi fait de moi un homme.
C'est plus tard que j'ai compris d'où venait ma boulimie de connaissances : elle constituait pour moi une forme de protection. Plus j'accumulais de savoir, plus je me sentais fort et moins je craignais de retomber dans la précarité. Bien entendu, il s'agissait d'une croyance, mais mon parcours en avait fait une évidence incontestable. J'appris donc beaucoup, sur tout, et me mis à collectionner les formations et les diplômes, imaginant qu'ils me mettaient à l'abri du danger.
Je dois me souvenir de toutes les personnes, de tous les objets, de toutes les passions qui m'ont permis de m'en sortir. Comment aurais-je pu survivre sans Line et Boule ? Comment aurais-je pu progresser sur la piste sans les chênes et les pins ? Comment aurais-je pu avancer sans mes sauveurs, tous ces êtres merveilleux qui m'ont aidé et tant aimé ? Comment aurais-je pu vivre épanoui sans le foot, sans le cinéma, sans retourner à l'école ? Et aujourd'hui, comment vivrais-je sans les miens, que j'aime plus que tout ?
Pendant mon enfance, je n'ai jamais reçu ni caresse ni baisers. Je n'ai qu'un seul souvenir de moi assis sur les genoux de la mère. Ce manque de contact charnel devint conscient beaucoup plus tard. Je mesure aujourd'hui à quel point j'avais envie d'être embrassé, étreint, touché ne serait-ce qu'un peu, juste une main douce posée sur mes cheveux.
Patrick Bourdet invité de Mille et une vies
Il a raconté son parcours incroyable dans le livre ''Rien n'est joué d'avance''.