C'est ma mère qui m'a parlé de ce livre. Elle a vu
Michèle Bourton dans une émission TV et l'a écoutée parler de son histoire et de son livre. de curiosité, j'ai consulté M. Google et me suis rendu compte que ce livre serait publié quelques jours avant son anniversaire. Voilà qui était tout trouvé !
Elle en est sortie bouleversée et m'en a longuement parlé par la suite. C'est mon tour aujourd'hui et je la comprends, on ne peut pas en sortir indifférent...
Ce témoignage se coupe en deux parties. La première relate son enfance et son adolescence, la seconde son entrée dans la vie "normale", sa reconstruction et le chemin qu'elle a parcouru jusqu'à aujourd'hui.
Sur la quatrième de couverture, il est écrit : "ce livre raconte la lumière au milieu des ténèbres". La lumière, il ne faut pas compter tomber dessus dans la première partie de son récit. Son enfance et son adolescence ont été cassées un nombre incalculable de fois. Michèle a subi atrocités sur atrocités les 16 premières années de sa vie, se raccrochant désespérément à ses chats, seule source de bien-être à sa misérable existence, comme tout le monde aimait à lui rappeler. C'est un récit poignant et bouleversant, qui témoigne des horreurs plus inconcevables les unes que les autres.
Mais c'est aussi révoltant et terrible. Comment a-t-on pu la rendre à sa mère après ce qu'elle lui avait fait ? Tout le monde était au courant, voire même témoins, de ce qu'elle endurait quotidiennement, et personne n'a réellement réagi : que ce soient les services sociaux, les médecins de l'hôpital, les flics, le corps enseignant... Et les voisins, qui ne sont intervenus que pour demander à ce qu'elle arrête de battre sa fille parce qu'elle criait trop fort et les empêchait de dormir... Révoltant est en fait un mot trop faible. C'est répugnant, écoeurant, choquant, impensable...
Ce calvaire a duré jusqu'à ses 16 ans. Il a pris fin grâce à l'Ours, son sauveur, qui a perçu sa détresse dès leur première rencontre et qui l'a enfin sortie de cet enfer. Et c'est à partir de là qu'on perçoit enfin la lumière. La reconstruction de soi prend du temps, les peurs demeurent et s'habituer à une vie saine n'est pas évident. Mais, petit à petit, les petits bonheurs et les projets d'avenir voient le jour.
Michèle s'est accrochée à cette litanie durant tout son calvaire : "Quand je serai grande, si je suis encore en vie, je vivrai avec des chats". Je suis heureuse de constater qu'elle fait bien plus aujourd'hui, pour eux et grâce à eux. J'ai trois chats à la maison et je sais ce dont ils sont capables de nous apporter. C'est eux qui m'ont choisie, et non pas l'inverse, et ils savent et ressentent tout... Je revois ma Louloute me suivant partout dans la maison quand je traversais une période très très difficile... Et je vois encore régulièrement le Rouquin collé à mes fils quand ils sont affalés sur le canapé parce que fiévreux et pas bien du tout...
C'est un récit dont on ne sort pas indemne. Autant il y a des livres que j'oublie vite, autant il y en a qui marque à jamais et je suis sûre que ce dernier en fera partie.
D'abord bouleversant. Choquant. Horrible.
Puis émouvant. Plein d'espoir. Chat-leureux.