C'est une construction particulière des titres qu'il me reste de mes lectures du roman de Renart lorsque j'étais enfant. J'ai donc plongé dans cette nouvelle édition avec un plaisir tout particulier, avec comme un arrière goût de madeleine.
Où comment Goupil devint Renart ...
De par sa rédaction aussi bien que par les personnages et les situations qui sont décrites, le roman de Renart est définitivement moderne. Imaginez.
Imaginez un showrunner, Pierre de Saint-Cloud qui sort le pilote d'une série au succès retentissant. le pitch de départ est ambitieux: plutôt que l'éternel héros à l'âme noble, le chevalier courtois à la rescousse de la veuve et de l'orphelin, il décide de centrer la série sur un bad guy, du genre à la moralité douteuse, un lâche qui n'hésite pas à s'attaquer à plus faible que lui, quitte à le laisser dans la misère. Il escroque, vole, peut aller jusqu'à la tentative de meurtre. Et pourtant, c'est bien lui le héros, il attire la sympathie du publique parce qu'il vit en dehors des limites de la morale et parce qu'il s'attaque aussi aux possédants, qu'ils les ridiculisent.
Alors, tout un pool de scénaristes (dont
Richard de Lison et le prêtre de la Croix-en-Brie) prennent la suite de Fox Pete, comme on dit dans le métier, et s'approprient ses personnages, son univers. Il en sort une quarantaine d'épisodes répartis sur 27 diffusions et le succès et tel que le nom du personnage rentre dans le vocabulaire courant.
OK, non, il ne s'agit pas de la success story de
Clyde Phillips, le créateur de Dexter (quoique "Fais pas ton Dexter" mériterait d'être plus souvent utilisé) mais bien de l'histoire de ce
Roman de Renart qui regroupe, classées dans 27 branches, les quelques 40 histoires imaginées par une trentaine d'auteurs. On ne connaît les noms que de trois d'entre eux,
Richard de Lison (branche XII), le mystérieux prêtre de la Croix-en-Brie (branche IX) et bien entendu celui qui en a écrit les premières branches, Pierre de Saint-Cloud (branches II et V). Leur rédaction s'étale entre 1175 et 1250 et ils sont par la suite regroupés en un seul recueil. Et oui, avant, le renard s'appelait goupil (et la poule, galine, mais c'est une autre histoire).
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