Dans les Cévennes âpres, Gus vit seul dans un hameau fermier, seul, sans famille, simplement entouré de son chien Mars et de son voisin Abel, également solitaire. Un jour d'hiver, en janvier, au matin, sur la neige, il voit une tache rouge dans la cour de la ferme d'Abel après avoir entendu un coup de feu.
Dès la préface,
Franck Bouysse touche au coeur, à mon coeur : il évoque Profils
paysans de
Raymond Depardon, le documentaire qui a filmé le paysan Paul Argaud, le taiseux avec sa crinière hirsute et sa clope éteinte, le retranché à la démarche claudicante. Et il a été inspiré pour le personnage de Gus et le décor de ce roman. Et tout est inspirant, et ces mal-être mal gérés, et ces secrets éhontés, et ces drogués de Jéhovah à qui Gus tient le verbe cinglant, et ces passés qu'on ne sait pas mais que murmurent les murs du café, bref !
C'est un véritable roman écrit avec une langue soignée, belle, et une histoire glaçante au cours de laquelle on ressent le froid, on voit la lande, on respire les effluves des hangars, on entend le bruit des pas dans la neige, et des voitures qui se garent.
Les deux personnages principaux, ces hommes bourrus qui rarement se témoignent malgré eux une reconnaissance et même l'envie timide de la compagnie de l'autre, ont eu une jeunesse ou une vie sordide, glauque, violente.
Chaos. Traumatisme. Magistral. Quelle écriture ! Merci, ainsi qu'à
Raymond Depardon qui m'a fourni les images tout au long de la lecture...
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