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sur 667 notes
L'histoire se passe dans un hameau situé sur le plateau de Millevaches.
Il n'existe que quelques maisons éloignées du bourg.
Là vivent Judith et Virgile, un couple de fermiers âgés. Ils se débrouillent comme ils peuvent depuis que Judith perd la tête. Ils ont dû en particulier se défaire de leur troupeau de vaches, car cela devenait trop compliqué pour Virgile de les traire seul.
Judith se rend bien compte lors de ses brusques accès de conscience, que rien ne va plus pour eux. En plus, ils n'ont jamais eu d'enfants.
Par contre, ils ont élevé comme si c'était leur fils, Georges, leur neveu devenu orphelin à cinq ans, après que ses parents se soient tués dans un accident de la route. Ils ont fait ce qu'ils ont pu pour l'aimer, lui donner tout ce dont il avait besoin, mais ils n'ont pas compris que devenu ado, il aurait aimé partir loin, préférant ses livres et voir le monde plutôt que de rester là, dans ce hameau, trop proche de ses "fantômes".
D'ailleurs il n'a jamais voulu depuis qu'il est devenu adulte, s'installer dans la maison de ses parents, et il a préféré mettre une caravane sur son terrain.
Les non-dits plombent leurs relations familiales, des non-dits dont le lecteur peu à peu comprendra toute l'ampleur.
A côté de cette famille en souffrance, il y a le nouveau venu au hameau, Karl, qui a beaucoup de choses à cacher de son passé. C'est un ancien boxeur qui est venu se perdre-là pour oublier tout le mal qu'il a fait lorsqu'il était jeune et fougueux.
Mais le piètre équilibre qu'ils sont arrivés à maintenir entre eux, et l'amitié qui s'est nouée entre Karl et Virgile va voler en éclat : Cory, la nièce de Judith décide de venir passer quelques temps chez eux.
Elle ne sait pas où aller, étant donné qu'ils sont sa seule famille, et elle fuit désespérément un compagnon devenu brutal qui lui a fait vivre l'enfer. Elle arrive toute meurtrie sans prévoir ce qu'elle va provoquer...
En effet, la carapace derrière laquelle chacun d'eux se cachait, va s'effriter peu à peu, devenant chaque jour plus fragile, d'autant plus qu'un mystérieux chasseur les observe de loin à travers la lunette de son fusil, ajoutant encore au suspense.

Voilà un roman qui me fait entrer pour la seconde fois dans le monde de Franck Bouysse, dont j'ai lu dernièrement le magnifique roman, "Né d'aucune femme".
Dans "Plateau", l'auteur nous fait vivre dans une ambiance de campagne encore une fois particulière. Les êtres sont rudes, taiseux, mais généreux et capables d'écouter leurs prochains, de comprendre et d'accepter leurs différences.
Il y a des passages succulents, comme par exemple, les dialogues entre Virgile, qui est un véritable mécréant, et Karl qui ne jure que par Dieu.
J'ai aimé et trouvé très émouvantes, les rares rencontres entre Georges et son oncle Virgile. La colère de l'un face à la vie, et la sagesse de l'autre qui jusqu'au bout ne lui dira rien de ce qu'il a juré de ne jamais lui révéler, nous offrent des temps très forts de lecture.
La nature est superbement envoûtante et l'auteur nous la décrit avec beaucoup de poésie. Mais la vie quotidienne des hommes est dure et faite d'un éreintant labeur quotidien.
L'auteur sait particulièrement bien nous faire entrer dans cette histoire de famille addictive, emplie à la fois de folie et de tragédie, et peuplée de personnages terriblement humains et authentiques.
J'ai aimé son écriture à la fois simple et recherchée, et l'usage qu'il fait de notre belle langue française.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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C'est un roman singulier. L'intrigue m'as semblé un peu tirée par les cheveux, mais là n'est pas l'essentiel. J'ai totalement adhéré à l'histoire, malgré quelques incongruités, car Franck Bouysse raconte avant tout une ambiance, des hommes et un lieu. Et j'ai vraiment l'impression d'avoir été sur ce Plateau des Millevaches, d'avoir respiré ses odeurs de terre humide et senti la morsure du froid sur mes joues.
On est dans un trou perdu du centre de la France, dans un monde de taiseux qui cachent d'inutiles secrets de famille et vivent à autre rythme que le reste du pays -et selon d'autres lois. Il y a des destins subis, d'autres acceptés, et dès le départ on sait que tout cela finira mal. Bouysse instaure une tension qui ne se relâche pas, ou alors dans d'intenses et brefs instants d'émotion pure et violente. L'écriture est belle, domptée avec quelques éclats sauvages et bruts, et donne à lire avec avidité et précaution. C'est une belle réussite, un roman à côté duquel il serait vraiment dommage de passer.
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Une lecture coup de coeur que je recommande.
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Un hameau de quatre maisons, sans oublier une caravane, entouré de prairies et de forêts, voici le décor de Plateau. Virgile y vit avec sa femme malade, son neveu qu'il a élevé, occupe plus loin une caravane. Karl, un homme au passé mystérieux habite la dernière maison, la plus isolée. Il a sympathisé avec Virgile, à leur manière à tous les deux. Quand Coralie, la nièce de l'épouse de Virgile, vient se réfugier dans le hameau, l'ordre fragile établi se fissure…

Attaquer Plateau quand on vient de finir L'iris de Suse, comment dire ? C'est risqué, à la fois pour le lecteur et pour l'auteur qui va sans doute souffrir de la comparaison. Car, s'il y a quelque chose, un style, une ambiance, qui évoque Giono dans le roman de Franck Bouysse, comme dans le dernier Marcus Malte, ça ne fonctionne malheureusement pas aussi bien, de mon point de vue… trop de personnages, trop de drames amoncelés, trop de représentations poétiques du paysage.

Les personnages d'abord, ce n'est pas vraiment qu'ils soient trop nombreux, c'est surtout qu'ils cumulent à eux tous une quantité de problèmes, ensuite que de nouveaux protagonistes surgis du passé en apportent encore une dose. La violence, la maladie, la vieillesse, la solitude, les relations pernicieuses, les séquelles de la guerre, le poison du secret, et j'en oublie peut-être, cela fait beaucoup pour un seul roman, non ?

Je ne dis pas que ce soit un mauvais roman, loin de là, les figures de style originales fonctionnent bien la plupart du temps, les caractères des personnages sont finement évoqués, la ou plutôt les histoires ne manquent pas d'intérêt, mais cela ne m'a pas totalement convaincue. J'ai lu le plus grand bien de Grossir le ciel, c'est celui que je voulais lire, mais j'ai trouvé Plateau à la bibliothèque, la lecture n'en fut pas laborieuse… Je serais curieuse de connaître vos avis si vous l'avez lu aussi !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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J'ai découvert ce livre grâce à l'excellente chronique de The big blowdown. (https://thebigblowdown.wordpress.com/2016/03/27/franck-bouysse-plateau/)

Ce qui a attiré mon regard et attisé ma curiosité c'est d'abord le titre, « Plateau »…Titre énigmatique en vérité. Quel plateau ? Celui dont on se sert pour servir le thé et les p'tits gâteaux ? Ben non, c'est le petit cousin des plaines et des montagnes !

Et puis il y a la photo de couverture, avec cette vieille commode toute vermoulue et déglinguée, avec des photographies d'un autre temps posées dessus. Cette impression de poussière, de solitude, d'abandon…

Bref, je me suis donc jetée dans ce roman noir, pour en ressortir quatre jours plus tard, ravie.

La lecture a été un peu ardue au départ, j'avoue. C'est que l'auteur a un grand talent descriptif, et pour ça il utilise le genre de mots dont j'aurais peut-être du mal à saisir le sens s'ils étaient employés hors contexte.

Passées les quelques première pages, j'ai été ferrée.

Le récit est un genre de huit-clos sur un plateau. Quelques personnages dont les histoires sont imbriquées, des secrets de familles, des non-dits, des espoirs refoulés… le tout rythmé en courts chapitres addictifs.

Voilà, il ne me reste plus qu'à découvrir les autres romans de Franck Bouysse !


Lien : http://lebouddhadejade.blogs..
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Comme dans son précédent roman, Grossir le ciel, Franck Bouysse situe l'action de celui-ci dans un coin perdu de Corrèze, sur le plateau de Millevaches. Les personnages y sont dépeints plutôt comme des paysans frustres et rugueux, ne manquant certainement pas d'humanité. Les besognes sont dictées par la nature, et chaque comportement garde les cicatrices des histoires anciennes.
L'arrivée d'une jeune femme va semer le trouble au sein de ce hameau paysan jusqu'à un final tragique, un dénouement surprenant et sanglant.

Indéniablement, Franck Bouysse est un amoureux de la nature et de la langue française.
La richesse du vocabulaire, la recherche du mot juste, les images poétiques ou symboliques dont il ornemente son texte, procurent un vrai plaisir de lecture.
Malgré cela, ou à cause de cela, les phrases tantôt sinueuses, tantôt abruptes, vont avoir tendance à freiner la dynamique du récit qui semble s'enliser, au détriment de l'intrigue.
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Roman noir sur le plateau de Millevaches. Avec quelques mots pédants dans des phrases sur-écrites mais on passe outre pour vivre intensément parmi ces êtres aussi sombres et secrets que leur lande implacable.
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C'est un bon roman noir qui se déroule dans un hameau paumé en Corrèze.
C'est une histoire forte , sombre avec des secrets , des non-dits, des hommes taiseux et des dialogues qui sonnent juste.
L'auteur a un sacré don pour décrire cette campagne sauvage et le sentiments des personnages. L'écriture est profonde, ciselée, poétique.
J'ai beaucoup aimé " plateau" mais pour l'instant " grossir le ciel" reste mon livre préféré de l'auteur.
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C'est un coin perdu de Corrèze, un hameau -Les cabanes- oublié au bout d'une route non recensée, qui se termine en cul-de-sac. Trois habitations le composent, occupées par des âmes aussi rudes que le paysage alentour.

Virgile et Judith, mariés depuis cinquante ans, subissent les vicissitudes de l'âge de manière inéquitable : lui perd peu à peu son acuité visuelle, pendant qu'elle égare de plus en plus en souvent ses idées, ses souvenirs, sa cohérence... ce qui ne la rend pas plus avenante que lorsqu'elle avait toute sa tête. Elle a toujours été un peu sèche, Judith, affichant son hostilité pour le monde en général et une atterrante froideur pour ses proches. Même avec Georges, le neveu de Virgile qu'ils ont adopté à la mort de ses parents -il avait alors quatre ans-, la relation n'a jamais coulé de source. Chacun, Virgile compris, est demeuré à distance, pour ne avoir trop à donner ni trop à recevoir, pour se préserver de la vulnérabilité que peuvent générer les sentiments.

A maintenant quarante-quatre ans, Georges, installé dans une caravane face à la maison parentale qu'il ne se sent pas le droit d'habiter, cherche depuis toujours des raisons d'aimer ce territoire où il est resté parce que la question des aspirations individuelles, des vocations, ne se pose même pas. Il aurait aimé être instituteur, a lu Faulkner, Shakespeare, Carver, Steinbeck, dont les romans sont amoureusement préservés dans l'ordre maniaque de sa caravane, et subit en silence sa vie de fermier solitaire.

Karl, lui, vient de la ville. A la mort de sa mère, des années auparavant, cet ex mécanicien et ex boxeur est venu se perdre sur le Plateau, fuyant on ne sait quelle ignominie... Il a racheté la maison du vieux Clovis -mort de froid à deux pas de chez lui-, puis s'est plus ou moins fondu dans ce trou, sympathisant avec Virgile autour d'une bouteille et d'un fusil, les deux hommes nouant, malgré leurs différences, une forme de complicité. Judith et Georges, eux, se sont toujours méfiés de ce citadin qu'ils n'apprécient guère.

C'est dans cet environnement de sécheresse laconique qu'arrive Coralie, la nièce de Judith, que cette dernière n'a pas vue depuis quinze ans, mais que de toutes façons elle n'est déjà plus en état de reconnaître... La jeune femme a fui un homme qui la battait, elle ne veut plus que quiconque lui dise qui elle doit être, comment elle doit se comporter, et Judith et Georges sont la seule famille qui lui reste. Son irruption aux Cabanes, avec sa beauté, et le fait qu'elle représente la possibilité d'un ailleurs, réveille des désirs endormis...

Comme dans "Grossir le ciel", Franck Bouysse joue sur les caractéristiques de l'environnement qu'il met en scène pour exhausser l'atmosphère pesante dont il imprègne son roman, pour mettre en évidence le contraste entre l'apparence hermétique de ses personnages et le bouillonnement des angoisses, des obsessions qui les habitent. Il dépeint un univers âpre, peuplé d'hommes taiseux, bourrus, hostiles à toute manifestation de douceur, de compassion. Chaque geste y semble pesé, bien qu'accompli avec l'efficacité minimaliste héritée d'une routine ancestrale, pour ne rien dire des mots, dont l'économie instaure un climat énigmatique et oppressant.

L'auteur évoque cette rudesse avec lyrisme, un lyrisme qui parfois déborde un peu, rompant alors le fragile équilibre que l'auteur instaure entre poésie et noirceur. Malgré ce bémol, la lecture se déroule toute seule, pimentée par la tension grandissante que Franck Bouysse impulse à son récit.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Sur le plateau des mille vaches, un hameau perdu, là ,vivent Virgile et sa femme Judith, Georges leur neveu et Karl arrivé de fraîche date.

Le monde paysan est bien connu pour ses silences et ses histoires enfouies sous plusieurs générations, ceux du hameau sont ainsi , renforcés dans leurs non-dits par l'isolement et une nature peu hospitalière.

C'est un monde qui se meurt comme Judith atteinte d'Alzheimer ou Virgile qui peu à peu devient aveugle. Aussi quand arrive la nièce de Judith, jolie jeune femme, fuyant un mari violent, un souffle de vie et de désir va parcourir le hameau.

J'ai un sentiment très partagé sur ce roman, tout ce qui concerne l'intrigue est parfaitement maitrisé, la tension monte peu à peu ce qui est une prouesse dans un univers où rien n'est dit. Les personnages sont magnifiquement campés et pourtant... Les descriptions très poétiques au langage recherché des paysages du plateau cassent, à mon avis, le rythme du roman.

En gros je dirais que soit on est dans un polar soit c'est autre chose mais le mélange des deux me semble moins réussi.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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