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4,26

sur 984 notes
Premier roman de John Boyne que je lis qui n'a pas de lien avec la seconde guerre mondiale.

J'ai adoré le premier chapitre. On y découvre une jeune fille, Catherine, 16 ans, humiliée, insultée, pendant la messe, devant sa famille et tous les paroissiens. Elle est trainée par les cheveux et jetée dehors par le prêtre. Sa faute : être enceinte hors mariage et refuser de dénoncer le père...
Catherine est un sacré personnage, forte, décidée, pleine de culot mais aussi naïve et désarmée face à certaines réalités de la vie.
On retrouvera Catherine en filigrane tout au long du roman. Mais le narrateur est Cyril, un jeune garçon que l'on va suivre tout au long de sa vie.

La construction du roman est particulière : chaque nouveau chapitre se passe 7 ans après le dernier. On retrace ainsi toute la vie de Cyril.
Si certaines choses m'ont beaucoup plu dans ce roman, j'ai quand même trouvé que globalement, il était beaucoup trop rocambolesque pour moi. Ca enlevait beaucoup de crédibilité à l'histoire.
Bref, un bon moment de lecture mais sans plus...
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Un roman-fleuve bouleversant et captivant, dans l'Irlande des années 40 à nos jours. le destin d'un homme devant faire face aux diktats de la société et aux soubresauts du monde.


1945 : Dans la très catholique Irlande, Catherine Goggin est bannie de son village pour être tombée enceinte sans être mariée. Elle remettra l'enfant à un orphelinat en espérant qu'il obtiendra une vie meilleure dans une autre famille. Ainsi Cyril Avery commence à raconter sa vie. Éduqué par des parents adoptifs originaux (lui banquier fraudeur et elle future auteure à succès), il tentera de vivre dans cette atmosphère guindée. Son amitié avec Julian, gamin de son âge, lui fera prendre conscience de son homosexualité. Voulant se fondre dans la société pour avoir la paix, il tentera par tous les moyens de lutter contre son penchant pour les hommes, en vain. Au gré de ses emplois et de ses voyages, Cyril cherchera le bonheur en allant parfois à l'encontre de ses envies et provoquera des dommages collatéraux autour de lui. L'apaisement tant recherché arrivera avec les changements de la société et la sagesse de la vieillesse.


La lecture de ce roman m'a véritablement enchantée. Tout d'abord, il y a ce personnage de Cyril, en quête d'identité et de bonheur. Son enfance entre deux adultes excentriques lui permet de vivre un peu à sa guise, et son amitié avec Julian sera son véritable socle. Élément déclencheur de bien des situations, il se forge une identité incompatible avec la société irlandaise de l'époque. Alors, il louvoie, se cachant ou fréquentant quelques filles pour donner le change. Ce perpétuel mensonge sur sa sexualité le ronge intérieurement, il est constamment entre non-dits et faux-fuyants. On a mal au coeur pour lui. Sa souffrance ne s'apaisera que bien plus tard, quand il vivra à Amsterdam, puis New York. Son retour en Irlande le remet face à son passé, mais le temps a arrondi les angles, effacé certaines rancoeurs. Mais que de souffrances pour en arriver à la paix !

Le contexte historique est bien posé par l'auteur. L'Irlande de l'après-guerre est ultra conservatrice, catholique jusqu'à l'extrême, dirigée par des politiciens à la botte de l'Eglise. Alors forcément, l'homosexualité est impensable et jugée criminelle par une population bienpensante n'hésitant pas à « faire justice » elle-même. C'est donc un véritable calvaire que vit Cyril, obligé de se cacher pour avoir des relations qui ne le satisfont en rien. Les années 80 amèneront le SIDA ce qui ne fera que renforcer cette haine des gays. le pays mettra beaucoup de temps à changer d'opinion mais finira par adopter les courants de tolérance et d'ouverture lancés dans le monde entier.

John Boyne est un formidable conteur, à l'écriture travaillée et accessible. Histoire à la fois tragique, épique et sociétale, la vie de Cyril Avery n'est pas un long fleuve tranquille mais l'auteur a su faire en faire un roman épatant, parfois drôle (merci les parents adoptifs !) et aussi intime. D'ailleurs je défie quiconque de ne pas avoir la larme à l'oeil en fin de lecture. J'ai refermé ce roman avec regret et je recommande vivement cet ouvrage à toutes et tous.
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J'ai découvert John Boyne très récemment avec la vie en fuite que j'avais beaucoup appréciée.
J'y reviens aujourd'hui avec : Les fureurs invisibles du coeur et ce livre m'a énormément plu et touchée.
John Boyne se livre à une véritable radioscopie de l'Irlande des années 45 à aujourd'hui.
Le puritanisme et le rôle de l'église prépondérante a de quoi nous réjouir de n'être pas né en Irlande dans les années 50.
Je dois dire qu'avant d'évoquer le roman, il est évidemment indissociable d'évoquer le film: Magdalena sisters paru dans les années 2000 évoquant ces couvents" laveries" où on enfermait des jeunes filles innocentes bannies par leurs familles, exploitées et maltraitées par les soeurs.L'une des héroïnes du film y est enfermé car elle a dénoncé son cousin qui l'a violée.
John Boyne, dans son roman lui se penche sur un " autre travers" pour la société irlandaise de l'époque : l'homosexualité jugée comme une déviance, un état anormal pouvant qualifier un homme de malade mental.
Les fureurs invisibles du coeur nous conte l'histoire de deux enfants, puis adolescents et adultes : Cyril adopté par une famille bourgeoise, l'autre Julian.
Cyril n'aime que les hommes et découvre son homosexualité étant adolescent alors que Julian lui a une passion pour toutes les femmes.
Ces deux hommes que tout oppose seront amis pour la vie, leurs vies seront étroitement liées . Cyril aime Julian pendant des années sans jamais lui avouer.
Chacun mènera sa vie à leur manière.
Pour Cyril, l'amour est une tragédie, et son parcours d'homosexuels dans l'Irlande de sa jeunesse est un véritable enfer.
Alors qu'il découvre enfin l'amour harmonieux avec un homme, il retrouve Julian à New York qui meurt du sida
Des pages splendides sont consacrées avec beaucoup de justesse à cette pandémie qui jugera le monde des homosexuels de façon impitoyable.
Mais les fureurs invisibles du coeur sont aussi l'histoire d'une fille -mère, elle aussi bien malmenée au début de son existence.
Des tas de personnages émergent de cette saga réellement addictive et attachante.
Les huit cent pages passent à toute allure et l'on est bien un peu orphelin au sortir de ce magnifique roman.
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Après « Il n'est de pire aveugle », marquante et mémorable plongée dans l'Irlande de l'éminent John Boyne, j'ai voulu poursuivre mon exploration de cet auteur avec ce gros pavé de plus 860 pages ! Les fureurs invisibles du coeur couvrent le destin d'un jeune irlandais, homosexuel, né à la fin de la deuxième guerre mondiale, jusqu'en 2015 où s'achève le récit.
Né d'une jeune irlandaise bannie de son village en raison d'une grossesse hors mariage, le bébé Cyril est adopté par une famille aisée de Dublin dans laquelle il grandit sans réel amour ni éducation, un peu comme une herbe folle. Carences affectives, désintérêt de ses parents adoptifs excentriques, font de lui un adolescent fragile, sensible et peu affirmé, d'autant qu'une orientation sexuelle envahissante et déstabilisante le condamne à la dissimulation.
N'ayant personne à qui se confier, Cyril s'enferme dans le non-dit et les mensonges, sombrant dans une quête homosexuelle effrénée, multipliant les expériences sordides et sans lendemain, ainsi que les mises en danger, dans un pays profondément rétrograde où l'homosexualité est un délit qui entraîne arrestation, maltraitance et rejet.
L'auteur s'appesantit très longuement sur cette partie où Cyril est en pleine dérive, incapable d'assumer son identité et ses choix affectifs, (particulièrement durant sa liaison avec Mary-Margaret), donnant d'ailleurs de lui une image peu reluisante, malsaine, avec de nombreux passages centrés sur ses pulsions sexuelles, les rencontres plus ou moins sordides, les échanges ambigus. Et même si la lourdeur du préjugé social lui sert de circonstances atténuantes, j'ai eu du mal à m'attacher au personnage principal dont on ne sait finalement pas grand chose hormis qu'il est homo et qu'il fait semblant d'être hétéro.
En raison de la quête identitaire obsessionnelle du héro à la limite de la perversion, doublée d'une forme de vacuité intellectuelle elle-même proche de la névrose, (du moins de ce que nous en laisse percevoir l'auteur), le roman a failli me tomber des mains!

Par bonheur, je me suis accrochée et dès la partie II, intitulée « L'exil », où l'on retrouve Cyril dans les années 80 conservateur du musée Ann Franck à Amsterdam, j'ai repris goût au récit. Les circonstances de sa rencontre avec Bastiaan, son futur compagnon, ont incontestablement ré-ouvert la narration et relancé l'intérêt. A travers l'histoire d'amour de Cyril qui connait enfin le bonheur et la paix intérieure, on perçoit le drame qu'a pu être sa jeunesse dans un pays répressif et intolérant auquel s'ajoute le malheur de vivre les années SIDA, dont il est question lorsque le couple quitte Amsterdam pour NY où Adriaan, médecin et chercheur, travaille sur la maladie qui est en train d'y faire des ravages.
La fin du roman nous offre un texte beaucoup plus fluide au service d'une narration plus enlevée, plus riche en rebondissements et en événements notables…

J'ai finalement beaucoup apprécié cette lecture. le tableau que dresse John Boyne de son Irlande natale, conservatiste, étriquée, puritaine et rétrograde, mais qui malgré tout a évolué au tournant du 21e siècle est assez passionnant. L'auteur réussit à faire passer un vrai message qui, tout en subtilité et en finesse, donne de l'homosexualité une image infiniment humaine, respectable, respectueuse aussi, même si je regrette personnellement que la psychologie hors sexualité de Cyril n'ait pas été aussi fouillée que je l'aurais souhaité (Quid de ses goûts, de ses centres d'intérêt, et de sa profession...).
Je pense enfin que ce roman aurait gagné à être allégé d'une bonne centaine de pages faites de redites et de situations sans grands reliefs, dans la partie qui concerne l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte du héros.
Malgré ces quelques restrictions, j'en conseille vivement la lecture, pour tout le reste.
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Homosexualité, préjugés, amitiés, Sida et Religion...

Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...

Ok, ok.
Alors, si je m'en étais tenu à la première partie du bouquin (qui en compte trois - Honte-Exil-Paix) j'aurais dit ouais, bof bof quoi...

Assumer ou refouler son homosexualité dans une Irlande puritaine, conservatrice et homophobe ? That's the question.

John Boyne nous propose de suivre le chemin de vie de Cyril Avery de Dublin à Dublin en passant par Amsterdam et New-York, histoire de boucler la boucle.

Deuxième lecture de John Boyne pour moi après son célébrissime garçon au pyjama rayé.

"Les Fureurs invisibles du coeur" nous relate la vie du dénommé Cyril de 0 à 70 ans, du ventre de sa mère aux derniers mois de son existence, racontée en 10 chapitres, chacun d'entre eux séparé de 7 ans du précédent.

Alors oui, je l'avoue, l'ouverture du livre est assez phénoménale, très visuelle, avec cette jeune fille-mère condamnée à l'exil de son petit village irlandais par la diatribe haineuse d'un prêtre du haut de sa chaire. La suite est comme un feuilleton à épisodes où Cyril, né de mère inconnue et adopté par un couple plutôt singulier, va tenter de trouver un semblant d'équilibre à défaut de pouvoir retrouver sa génitrice.

Le romancier est très rusé car le lecteur sait, lui, qui est cette femme que le héros du livre va côtoyer à plusieurs reprises à Dublin en ignorant son identité.

Au passage, et c'est sans doute le principal reproche que je ferais à "Les Fureurs invisibles du coeur", son excès de hasards pour faire avancer l'histoire.
Le livre multiplie les coïncidences aussi improbables qu'opportunes et les situations incongrues. Mais on l'accepte finalement parce que John Boyne est un conteur inspiré.

Dans le récit, se succèdent drames absolus et moments de bonheur provisoires, toujours contrecarrés par le secret de Cyril.

Un fond de grand mélodrame souvent balayé par de chouettes scènes de comédie, voire de burlesque, à la manière d'un écrivain auquel Boyne fait plus que se réfèrer, son mentor, John Irving.



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Honte sur moi, ça fait au moins 3 ans que ce livre conseillé par une amie qui en plus m'a laissé le livre en question m'attend. Il faut dire que c'est un pavé, pourtant une fois commencé les pages ont défilé aussi vite que speedy gonzalès dopé à la caféine.

Cyril grandit en Irlande dans les années 40 dans une famille assez particulière. Il découvre assez vite que lui aussi est particulier en comparaison de ceux qui l'entourent. Il est homosexuel, et à l'époque on a vite fait de se croire le seul à l'être étant donné que c'est considéré comme une tare, une anormalité. Cyril grandit cahin, caha et commet des erreurs, fait de mauvais choix par manque de courage.
Cyril est un anti héros avec bien des défauts mais qui est surtout le fruit de la société dans laquelle il a grandit. Au fil des pages l'auteur gardera toute la cohérence de ce personnage qui ne sera jamais vraiment virulent ou combatif mais qui saura se construire en s'appuyant sur ses faiblesses et faire correspondre sa vie avec ce qu'il est.

L'auteur enrobe la souffrance d'ironie et d'humour pour faire de cette histoire tragique qui aurait pu faire pleurer dans les chaumières un roman à la fois réjouissant et mordant. Sous couvert d'une plume bon enfant il aborde les sujets qui fâchent sans haine ni amertume et dépeint une Irlande conservatrice et bigote. Il égratigne, bouscule, chahute tel un gosse facétieux et irrévérencieux. Il rappelle le rôle joué par l'Église dans le conservatisme, la haine de la différence et l'hypocrisie de ses représentants.

Malgré les thèmes évoqués le livre ne tombe jamais dans le glauque ou le pathos, j'ai beaucoup rit ! L'humour est une constante, même dans les moments les plus inattendus allant même parfois jusqu'à l'absurde. Les dialogues sont souvent cocasses et plein de subtilité.
J'ai trouvé particulièrement réjouissant le passage où Cyril se confesse et les conséquences…

Il y a parfois des coïncidences un peu grosses mais l'histoire garde sa cohérence. La voix de Cyril et son humour involontaire nous emmènent dans un voyage dans le passé et à travers le monde plein de rebondissements. Je suis passée par toute la palette des émotions sans ressentir aucun ennui, et si parfois l'auteur cède à son coeur d'artichaut et octroi des bonheurs un peu faciles, il ne sombre pas dans la guimauve.

Un juste équilibre entre douceur et instants sombres d'une vie.

Il me reste maintenant à découvrir le monde selon Garp dont le titre revient souvent dans ce livre. Et même si sur le thème de l'homosexualité et du Sida j'ai préféré N'essuie jamais de larmes sans gants, Les fureurs invisible du coeur s'inscrit dans un autre registre et ne démérite pas. Cette lecture fut à la fois pétillante et touchante.
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J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce livre. J'ai adoré comment c'était écrit. Tout est dans le détail, rien n'est laissé au hasard, jusque dans la citation de début de livre. J'aime le ton de la narration, les dialogues spontanés entre les personnages, l'humour, même dans certaines scènes tragiques et bien sûr l'émotion qui nous accompagne tout au long de ce livre. Cela me donne envie de lire d'autres livres de cet auteur.
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John Boyne, merci pour ce titre magnifique et tellement accrocheur ! Les Fureurs invisibles du coeur, on s'attend à de la rage, de l'indignation, de la colère, mais aussi à de la passion, de l'amour. Et je n'ai pas été déçue !

Cyril Avery est le narrateur de cette histoire, de son histoire, au sein de la société irlandaise des années 40 à aujourd'hui.
Cyril comprend très tôt qu'il est homosexuel lorsque son petit coeur bat pour Julian. Puis pour d'autres garçons, puis pour d'autres hommes. Il a été adopté bébé par Maud et Charles Avery, couple excentrique mais attachant. On suit ensuite Cyril tout au long de sa vie, et celle-ci prend des tournures parfois dramatiques, parfois heureuses.

J'ai beaucoup aimé la première partie du livre, dans laquelle on rencontre la mère de Cyril, chassée par sa famille parce qu'elle est fille-mère dans une Irlande étriquée, catholique, hypocrite et intolérante.

Dans une 2è partie, on est témoin de l'enfance puis de l'adolescence cabossée de Cyril. On le voit tenter de trouver sa place d'enfant adopté, cachant son homosexualité, durement réprimée par la société. Toutes les fureurs invisibles du coeur de Cyril se dévoilent là, dans ses amours opprimées.
Toute cette partie m'a néanmoins moins passionnée, on est témoin des premiers émois amoureux de Cyril, entouré de personnages avec lesquels je n'ai malheureusement pas toujours accroché, que j'ai trouvés un peu caricaturaux, parfois excentriques, auxquels je n'ai du coup pas cru. Et tout le récit autour de son homosexualité contrariée était un peu trop présente à mon goût. Mais cette partie est nécessaire à la suite du roman.

Le reste du roman m'a passionnée, de l'âge adulte à la vieillesse de Cyril. Les fureurs invisibles du coeur de Cyril s'apaisent, s'assagissent, même si les passions sont, elles, toujours bien présentes.
Le thème, central et quasi exclusif jusque-là, de l'homosexualité laisse la place à d'autres sujets, l'amour, l'amitié, le pardon, la famille, la liberté de choix, le destin, et la tolérance à la différence. On y retrouve des personnages qu'on pensait avoir perdus de vue, et chacun est connecté aux autres grâce à l'écriture très subtile de John Boyne.

Même si j'ai eu un passage à vide au milieu de ce roman, je le recommande vivement pour sa profondeur, pour sa réflexion autour de la tolérance, et surtout pour les émotions procurées les fureurs invisibles du coeur.
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John Boyne est un auteur irlandais qui a connu la consécration avec ses livres jeunesse – et notamment «Le garçon en pyjama rayé» qui fut couronné de deux Irish Book Awards, traduit en 32 langues et adapté au cinéma – mais son oeuvre en littérature « adulte » mérite également le détour. « Les Fureurs invisibles du coeur » est à ce jour son oeuvre la plus ambitieuse : un roman-fleuve qui nous dépeint l'évolution politique et sociale de l'Irlande de 1945 à 2015, à travers les yeux d'un seul et même homme, Cyril Avery. Alerte Coup de coeur !

On suit la vie du dénommé Cyril de 0 à 70 ans, du ventre de sa mère aux derniers mois de son existence, racontée en 10 chapitres, chacun d'entre eux séparé de 7 ans.

Né d'une mère inconnue et adopté par un couple singulier, Cyril va tenter de trouver un semblant d'équilibre à défaut de pouvoir retrouver sa génitrice.

De l'Irlande corsetée des années 50 à 80, jusqu'à New York des années sida en passant par la vie de bohème d'Amsterdam, se succèdent drames absolus et moments de bonheur provisoires…

« Les Fureurs invisibles du coeur » est avant tout un roman-fleuve sur 70 ans qui retrace l'évolution des mentalités et des modes. On suit en effet le combat d'un homme et de son droit de vivre sa vie comme il l'entend.

S'il s'agit assurément d'un grand mélodrame, celui-ci est ponctué de magnifiques scènes de comédie, voire de burlesque, à la manière d'un écrivain auquel John Boyne se réfère, John Irving. L'auteur irlandais est particulièrement doué pour les dialogues et plusieurs d'entre eux sont d'une incroyable verve hilarante.

Le fil rouge principal s'articule autour des tourments de Cyril face à son homosexualité, des nombreuses difficultés et épreuves qu'il a pu rencontrer à l'époque à cause de sa sexualité. Mais au-delà de cette thématique centrale abordée de façon très juste, très dure et très touchante à la fois, on y aborde aussi en profondeur d'autres thématiques telles que la famille, l'amour, l'amitié, l'abandon, le pardon, la reconstruction ou encore la religion. La religion - qui d'ailleurs en prend largement pour son grade – dépeinte comme hypocrite et intolérante au possible.

L'ouverture du livre en particulier est phénoménale, très visuelle, avec cette jeune fille-mère condamnée à l'exil de son petit village irlandais par la diatribe haineuse d'un prêtre du haut de sa chaire. La suite est comme un feuilleton à épisodes où Cyril, né de mère inconnue et adopté par un couple singulier, va tenter de trouver un semblant d'équilibre à défaut de pouvoir retrouver sa génitrice. le romancier est très rusé car le lecteur sait, lui, qui est cette femme que le héros du livre va côtoyer à plusieurs reprises à Dublin en ignorant son identité. Au passage, c'est sans doute le seul défaut que l'on peut reprocher à « Les Fureurs invisibles du coeur », son excès de hasards et de coïncidences. Mais on l'accepte facilement tellement John Boyne se révèle conteur inspiré, embarquant le lecteur dans une fresque passionnante qui nous transporte de l'Irlande des années 40 où on peut tuer son fils homosexuel et ne pas être condamné - puisque le crime a «été commis sous l'effet de la provocation extrême que constituait le fait d'avoir un fils mentalement dérangé» - au référendum de 2015 où 62% des Irlandais votent en faveur du mariage homosexuel.

Un roman-fleuve réussi qui marquera le lecteur très longtemps, on passe par toute une série d'émotions : du rire au larmes. L'écriture est unique, les personnages forment un groupe éclectique, mais cohérent. C'est aussi l'histoire du passage à l'âge adulte, une quête émotionnelle, une quête identitaire.

Il y a certes quelques coïncidences « flagrantes », mais elles sont toutes excusées en ce qu'elles servent une fresque romanesque passionnante et inspirante. Coup de coeur !
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Par un matin bien frais, Katherine Goggins est bannie de l'église et de son village manu militari par un curé odieux, au terme d'un sermon dominical et public particulièrement humiliant.
On est en 1945, en Irlande, elle a 16 ans et est enceinte d'un homme marié dont elle taira le nom.
Elle embarque par le 1er autobus à destination de Dublin et place son fils à l'adoption dès sa naissance.

Le petit Cyril grandit aux côtés d'un couple peu conventionnnel. Une écrivaine (Maud Avery qui deviendra célèbre et a vraiment existé) et son banquier et séducteur de mari, qui tâte de la prison quand "il oublie" de payer ses impôts.
Ils l'aiment de loin, à leur façon.
Cyril comprend assez tôt qu'il est gay et que cette inclination est compliquée à vivre dans un pays qui respire mal, sous le diktat d'une main mise catholique toute puissante.

L'histoire progresse vite, à coups de décennies.
Amsterdam, NY, l'amour, le sida...

La surprise inattendue c'est un côté John Irving très prononcé.
Les personnages sont étonnants, les dialogues cocasses et crus, les situations décalées.
Un vrai bonheur qui après "l'audacieux Mr Swift" que j'avais abandonné en chemin, me réconcilie avec J.Boyne.
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