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EAN : 9782350873930
217 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (02/02/2017)
3.33/5   24 notes
Résumé :
Alsace, 1969. Juliette passe les vacances de la Toussaint chez ses grands-parents, avec Camille, sa cousine délurée, qui lui présente Patrice, dont elle tombe follement amoureuse. Les vacances riment avec insouciance et innocence, s’y mêlent les goûts et les senteurs des derniers moments de l’enfance, notes sucrées qu’on voudrait ne jamais oublier.
Pourtant les revendications sociales issues de mai 68 grondent encore. Les parents de Juliette tentent de la pré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Les années Solex sont celles des 15 et 16 ans de Juliette, une gamine de la bourgeoisie catholique alsacienne qui nous raconte sa vie comme elle le ferait dans son journal intime. C'est à dire tout simplement et, croyez moi, ça n'a rien de palpitant. Pendant ces deux années, sa préoccupation majeure est d'adapter son style vestimentaire à ses aspirations du moment. Tour à tour vraie minette bon chic-bon genre, fausse hippie puis pseudo révolutionnaire, Juliette finit enfin par se sentir poète et mystique. Pour décrire ces mutations, elle se répand en une série de clichés éculés, quasiment folkloriques, sur l'époque très particulière de la fin des années 60, début 70. Parfois quelques petits frissons de l'amour ou l'interdit viennent l'émoustiller, au risque de bousculer légèrement l'ordre établi mais sans qu'il y ait de quoi en faire tout un roman.
Cependant Emmanuelle de Boysson n'hésite pas à le faire. Même si son texte est accablant d'insignifiance, il faut quand même lui reconnaître le mérite (le seul à mon avis) de se montrer honnête en n'enjolivant pas le portrait de cette fille à papa qui n'est autre qu'elle même adolescente. Elle ne la fait pas plus belle et plus intelligente qu'elle ne l'est pour donner une image assez juste de l'âge dit "ingrat" ou même "bête". Un âge marqué par une grosse poussée de narcissisme et la tendance à adopter une attitude immature, désinvolte et rebelle dont on a ici la démonstration. On se souvient tous de ces années plus ou moins ingrates mais on en garde pas forcément la nostalgie.
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Juliette Monin, lycéenne des années soixante finissantes se rend en vacances chez Camille, sa cousine, en Alsace .La famille de Camille, engoncée dans un conservatisme provincial passablement étouffant, où il n'est question que de respectabilité, de bonne éducation pour les jeunes filles, d'un mariage de raison, de préférence avec un garçon bien né, et bénéficiant d'une « bonne situation » est en butte aux velléités d'émancipation de Camille, jugée passablement dévergondée par ses parents et Juliette elle-même .C'est l'époque de la pop music, des vestes afghanes en peau, des pantalons pattes d'eph. On lit Salut les Copains, Rock and Folk, on écoute langoureusement les Aphrodite's Childs, on parle de la drogue sans oser en consommer ….Dans cette Alsace bourgeoise quelque peu hors du temps, Juliette tombe amoureuse de Patrice Landerneau, un jeune lycéen révolté, décidé à en finir avec le système, à s'émanciper.
Juliette cherche en fait, au-delà d'une émancipation révolutionnaire très problématique, à favoriser les forces de vie, à se diriger vers la voie authentique qu'elle devine en la compagnie de Patrice : « Il était mon Dylan, mon Donovan .Je voulais me mettre à la guitare, l'accompagner à des concerts de rock. Je me fichais de la Cause du peuple, des mais et du Petit livre rouge, tout de même un peu gênée qu'il me voit comme une fille gâtée, une fille qui n'a pas besoin de travailler. Ce n'était pas faux. (…) Et d'un autre côté, j'éprouvais l'envie de m'instruire, de m'ouvrir, de sortir de mon cocon. »

Au fil du récit, Juliette doute de plus en plus du caractère réaliste du projet de Patrice, qui sombre bientôt dans la drogue, et finit par se suicider .Pourtant, Emmanuelle de Boysson parvient fort bien à décrire ce qui habite Juliette secrètement : le désir d'être habitée par la vie, la force vitale ; Ce désir, elle l'éprouve en constatant, lors d'une séance de gymnastique que son corps la fait jouir. Ce qui l'habite elle le ressent plus tard, en rêvant de Patrice, au moment où elle commence sa nouvelle vie .elle se réveille, éprouvant une jouissance comparable à celle éprouvée lors de la séance de gymnastique quelques années plus tôt .Même si le désir d'émancipation de Juliette ne s'est pas complètement concrétisé, elle n'apparaît pas vraiment perdante : « Cette nuit-là, j'avais joui, comme le jour du BEPC ,lorsque je grimpais à la corde raide .Au-delà des années, au-delà des apparences, le plaisir était resté intact, ce plaisir qu'aucune photo ne pourra refléter, la jeunesse retrouvée . »

Charmant roman, empli de nostalgie et restituant à merveille les contradictions de cette époque, encore installée dans des schémas anciens bientôt balayés par la révolution des moeurs qui accompagnera les années soixante-dix, cette « parenthèse enchantée ».

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Emmanuelle de Boysson nous ramène ici au coeur des années 1970, avec le décor qui va avec : les téléphones orange, Salut les Copains et les jupes qui se raccourcissent. Mai 68 est passé par là et on sent comme une envie de liberté dans l'air, même si cela implique de nombreux conflits de génération.

Son héroïne, Juliette, est une adolescente peu sûre d'elle, qui vit dans l'ombre de sa cousine Camille qui n'a pas froid aux yeux. Sa mère ne prête pas trop attention à ses fréquentations, et Camille s'amuse. Juliette aimerait tout simplement en faire autant, mais dans une famille avec une mère catholique et qui se veut respectable jusqu'au bout des ongles, ce n'est pas vraiment la même chanson. Et pourtant, Juliette va enchaîner les frasques, par curiosité ou par rébellion, rappelant un peu les Malheurs de Sophie par moments. Juliette est amoureuse, elle aime écrire, elle écume les routes d'Alsace sur son solex orange et elle rêve d'être adulte, d'avoir le choix.

C'est un véritable roman initiatique que nous propose l'auteur ; à travers ces quelques pages, Juliette s'affirme, elle grandit, elle mûrit, et va de découverte en découverte (bonnes comme mauvaises d'ailleurs). Les garçons, son avenir, son image, tout tourne autour d'elle et son petit monde d'adolescente semble bien compliqué. Lire ce roman, c'est retrouver ce petit côté nostalgique qu'on a en regardant La Boum : on se moque de Sophie Marceau mais en même temps, on la comprend. On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans.

Emmanuelle de Boysson signe ici un roman comme une peinture très réussie des années 1970. On sent ici toute la dimension ambivalente de cette époque, entre libération des moeurs, nouveaux codes, et respect des traditions. Tout se mélange, il y a comme un esprit révolutionnaire dans l'air et les jeunes veulent du renouveau. J'ai adoré cette immersion courte mais intense dans une époque que je n'ai pas connue, et dont je ne vois que les traces aujourd'hui avec les vinyles de Chantal Goya ou le seau à glaçons en forme de pomme verte chez mes grands-parents.

Ce roman bien écrit se lit d'une traite, tant son héroïne est attachante et l'immersion immédiate. le lecteur est directement embarqué à Mulhouse dans les années 1970, avec le kougloff ou le bäckoff qu'on sert le dimanche.

C'était une très belle lecture, parfaite pour un week-end hivernal. Je conseille sans hésiter ce roman à tous les nostalgiques (ou pas) de l'adolescence, aux enfants et aux plus grands des années 1970… et à tous les autres, juste parce que la découverte en vaut la peine.
Lien : http://laroussebouquine.fr/i..
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Années 70. En Alsace. Juliette est adolescente. Fille d'un industriel et d'une mère au foyer, cagote et dévouée, elle évolue au sein d'une bourgeoisie aisée dans laquelle la respectabilité et la bonne éducation sont de mise. Pas de vague. On entre dans le moule. L'époque sera néanmoins celle des grands changements. Juliette, guidée par sa cousine Camille, dévergondée et bien dans ses baskets, va progressivement s'émanciper. Ses sentiments pour Patrice, jeune lycéen écorché par la vie - que Camille lui fait rencontrer - vont la porter dans son cheminement.

Ce roman- véritable leçon d'histoire - réaliste au point que l'on ressent les singularités de l'époque : encens, pates d'Eph, boum et solex, quête de liberté et d'absolu, tiraillements entre respect des traditions et liberté des moeurs, nous invite dans les souvenirs d'un autre temps. Il y a déjà ce difficile premier amour, vecteur de l'affranchissement social, dont les réminiscences demeurent, profondément ancrées.

« A l'époque j'étais dans l'insouciance, dans l'éclaircie de la vie ; j'ignorais que l'amour naît des souvenirs, qu'il s'en nourrit, qu'il en meurt aussi. Peut-être pressentais-je déjà qu'ils me réconforteraient un jour, papillons à peine épinglés, prêts à s'envoler vers lesquels je reviens sans cesse, cherchant inlassablement à retrouver le tintement des bracelets indiens derrière le rideau de Jouy ou le bruit de nos pas sur le gravier au clair de lune. »

Juliette se rebelle, se découvre. Son corps, ses envies, ses besoins. Camille pour modèle, elle est tout feu, tout flamme dans une époque où tout se permet. Elle veut être ELLE – pour elle-même, par elle-même – surtout ne pas ressembler à sa mère. Elle écrit. Se confie.

« Ce dont je suis sûre, c'est que malgré un naturel qui me portait vers le bonheur, l'emprise de ma mère, ses éternels reproches, ses frayeurs et ses principes finirent par me donner mauvaise conscience, par m'isoler. Seule Camille pouvait m'extraire de l'introspection dans laquelle je me complaisais. »

Elle s'affirme. Réfléchit.

« Les psychologues disent que les jeunes ont d'abord besoin de s'opposer à leurs parents pour adhérer à leurs idées. Ils se trompent. Bien que j'aie encore beaucoup de choses à apprendre, les imiter serait me soumettre, renoncer à ma soif de justice, à mon désir de me libérer du carcan qui m'enserre. »

Et, intelligente et intuitive, évolue.

« Il faudrait que je me méfie des jugements trop catégoriques que je porte sur les gens, que je cesse de critiquer mes parents, leur mode de vie, leur argent. Avoir de la personnalité ne veut pas dire qu'il faille imposer ses convictions, mais dépasser les apparences. »

Très bien écrit, ce roman est passionnant. Instructif. Emouvant et nostalgique – nostalgie d'une époque et de l'adolescence. Un parcours initiatique qu'on savoure page à page.



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Etre adolescent n'est jamais une période facile, mais quand en plus les meours de l'époque sont particulièrement rigides, rien n'est simple.

Juliette a grandi dans une famille aimante mais sa mère a une idée bien précise de la manière dont une jeune fille doit se comporter et faire honneur de sa famille. Mais à 14 ans, la vie commence, l'attrait pour les garçons aussi et quand on a une cousine comme Camille, les tentations sont multiples.

Sa rencontre avec Patrice va bouleverser son existence et mettre en cause l'ordre établi en provoquant disputes, punitions et chamailleries. J'ai beaucoup aimé le personnage de Juliette à la fois rebelle et naïve.

A cette époque, avoir un Solex était un signe d'indépendance comme aujourd'hui peut être le scooter. Mais les questions existentielles que se posent les adolescents sur la vie et l'amour sont les mêmes.

Toujours avec un très documenté, Emmanuelle de Boysson nous fait partager un peu de cette époque très nostalgique pour tous ceux qui l'ont vécu, ce n'est peut être pas un âge d'or mais presque.

On pourra peut être gouter à ces charmes car il paraitraitque le Solex va faire son grand retour.

si vous aussi vous êtes nostalgiques des années solex ou tout simplement vous avez envie de savoir comment on y vivait, précipitez vous sur ce roman.


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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Moi aussi, j’envisageais d’écrire un roman. Il m’a fallu attendre longtemps avant de me l’autoriser. À trente ans, lorsque j’ai voulu m’inspirer de mes journaux intimes, ma mère s’est offusquée, m’a mise en garde : on ne parle ni de soi ni de sa famille, c’est indécent. Elle ignorait qu’un écrivain est un menteur, un voleur qui butine dans les jardins des autres. Mais aussi un cuisinier qui fait de son histoire une drôle de soupe. Curieusement, l’année de mes seize ans, j’avais écrit peu de choses sur ma vie de lycéenne. Sans doute parce que je me perdais dans de longues méditations que le philtre maternel agissait, m’anesthésiait.
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Il était mon Dylan, mon Donovan .Je voulais me mettre à la guitare, l’accompagner à des concerts de rock. Je me fichais de La Cause du peuple, des mais et du Petit livre rouge, tout de même un peu gênée qu’il me voit comme une fille gâtée, une fille qui n’a pas besoin de travailler. Ce n’était pas faux. (…) Et d’un autre côté, j’éprouvais l’envie de m’instruire, de m’ouvrir, de sortir de mon cocon
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Fleurs à la boutonnière, nous roulons sur la Nationale 7 vers la mer, vers le soleil, vers un hors-bord qui nous emporte loin de cette cité de brique et de fer, vers des villes d’eau aux maisons sur pilotis. Je me réveille sous un ciel de lit et je le rejoins sur une plage où nous pêchons des poissons phosphorescents, des étoiles de mer, des palourdes et des bulots.
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Tu as dormi avec Patrice Lanterneau, tu as pris un risque terrible.
Cela aurait pu mal tourner, les hommes ne se contrôlent pas. À l'avenir, il faut que tu sois forte, que tu résistes, que tu te préserves pour ton mari, sinon tu n'en trouveras pas et tu finiras seule.

- tant mieux! Les choses ont changé depuis 68. Toutes mes copines ont un petit ami.
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Il faut que je trouve la force de donner un sens à mon existence. Dégoûtés par la guerre du Vietnam et l’injustice, deux lycéens se sont immolés par le feu à Lille. Serais-je capable d’aller jusque-là ? Un jour, nous bâtirons un monde nouveau. Y aurai-je ma place, moi qui ai tendance à me dérober devant l’obstacle ?
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Vidéo de Emmanuelle de Boysson
Emma est morte le 7 février 2022. Son coeur a cessé de battre pendant trente minutes. Un coup au coeur raconte la bataille qu'elle a dû mener pour revenir à la vie, de la réanimation à la rééducation. Pour se remémorer aussi où elle est partie quand tout le monde la pensait disparue. "Un coup au coeur" est une plongée dans l'au-delà, qu'Emmanuelle de Boysson partage avec allégresse et une sincérité bouleversante. A retrouver en librairie https://bit.ly/3SyxVBm
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