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EAN : 9781093594171
Editions Ateliers Henry Dougier (14/11/2014)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Peuple de frontière, les Roumains sont partagés entre la raison de l'Occident et la rêverie de l'Orient. Habitués à négocier avec les grands empires, ils ont fait de la débrouillardise un mode de vie. Le repli sur soi qu'ils manifestent à travers l'histoire se double d'une ouverture qui a souvent permis aux Latins de l'Europe de l'Est de brûler les étapes.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un peu déçue par ce livre composé de plusieurs entretiens ou histoires particulières, même si j'ai passé un bon moment de lecture.
Dans la déclaration d'intention qui précède la préface, l'auteur déclare : « ce livre se veut une fenêtre différente sur le peuple roumain avec ses hauts et ses bas, ses réussites et ses défaites, sa part de lumière et sa part d'ombre. Des réflexions sur la Roumanie et les Roumains ? Des clichés ? Des idées reçues ? Il en existe aussi bien dans les médias que dans l'édition. Ce livre sort des sentiers battus et part à la recherche des personnages et des histoires qui donnent chair à un pays ».
Je trouve pour ma part qu'il ne sort pas tant que cela des sentiers battus. En effet, il s'articule autour de quatre chapitres.
Dans « un roi et beaucoup de communistes », Mirel Bran s'entretient d'abord avec Lucian Boia dont il écrit « l'historien le plus traduit à l'étranger est aussi le plus contesté en Roumanie », évoque ensuite « les tribulations » du Roi Michel en Roumanie après la chute de Ceaușescu, puis présente le travail de Marius Oprea qu'il appelle « le chasseur de la Securitate » et qui a fondé l'Institut d'investigation de crimes du communisme, pour « exorciser les démons du communisme » (p. 22-26). Suivent une rencontre avec Dan Voinea, procureur lors du « procès controversé de Nicolae Ceaușescu » et une autre avec une « grande dame oubliée », Doina Cornea ancienne dissidente communiste qui a décidé de consulter son dossier établi par la Securitate. Il y a encore dans ce premier chapitre l'histoire de Monica Macovei, « l'amazone de la justice » et deux pages sur la situation de l'Église orthodoxe roumaine.
Le deuxième chapitre (p. 44-73) est consacré aux Roms, « ces insoumis basanés » et là je vous renvoie à ma sélection de citations.
Le troisième chapitre est le plus intéressant selon moi. « D'ouest en est : les Roumains partent, d'autres arrivent » traite des flux migratoires en Roumanie. On y trouve l'entretien avec Claude Karnoouh, qu'il surnomme « un communiste parisien sur les terres de Dracula », « l'aventure assomptionniste, un thriller franco-roumain », l'histoire du Suisse Bernard Jacquet qui s'est installé en Roumanie pour y pratiquer l'agriculture, celle du Palestinien Raed Arafat, devenu « le représentant de la médecine d'urgence à l'échelle internationale », et enfin celle de Kasim, qui a fui la Somalie.
Le dernier chapitre intitulé « Nouvelles technologies : anges et démons » traite de l'informatique avec les hackers roumains tristement célèbres, ainsi que du plus grand parc d'Europe (est-ce toujours le cas ?) d'éoliennes de Fântânele.
Au final une belle « promenade » tout de même, mais un livre qui ne répond pas tout à fait à mes attentes.

P.S : À l'éditeur : mais où sont donc passés les diacritiques roumains pour les toponymes et les noms propres ? Parfois ils sont là (comme pour Ceaușescu), mais la plupart du temps ils sont absents.

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En quelques pages, quelques interview, l'auteur nous permet de rapidement nous faire une idée de ce qu'est la Roumanie d'aujourd'hui. Il aborde les thèmes du communisme, de la royauté, des roms, de l'émigration, de l'immigration et des technologies pour les grands chapitres ce qui permet de dresser un portrait actuel du pays en abordant quelques autres thèmes au passage... Lu comme préparation à un voyage d'étude, je pars avec plus d'informations et moins de clichés...
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Un petit recueil... Voilà...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La Roumanie n’a pas de projet parce que, d’une part, la classe politique est totalement corrompue. D’autre part, la classe intellectuelle n’est pas du tout critique. Pour avoir un projet, il faut être critique. La gauche que j’ai promue intellectuellement ici est devenue une gauche de posture, une gauche qui pose. Il ne suffit pas de faire une petite action à l’université. C’est bien d’avoir des espaces de discussion, mais pour discuter de quoi ? Du sexe des anges comment on le faire en Roumanie ? Nous avons un problème de contenu. En conséquence, une majorité de jeunes n’aspirent qu’à partir.
Le communiste que je suis ne se fait pas d’illusion sur une révolution. Je crois plus à une réforme du comportement sociétal. Le grand danger de la Roumanie, c’est le mimétisme. D’un côté, vous avez les gens qui copient l’Occident dans ce qu’il a de plus caricatural. De l’autre côté, vous avez des gens qui construisent une mythologie métaphysique sur un paysan qui n’existe plus. On est coincé entre ces deux extrêmes. Je ressens parfois une très grande solitude.
(Claude Karnoouh, p. 82)
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Depuis son adhésion à l’Union européenne en 2007, la Roumanie est confrontée à une pénurie de main-d’œuvre, 3 millions de Roumains étant partis travailler sur les marchés de l’Ouest. Mais son statut de membre de l’UE la rend attractive pour les immigrants. « Au début les paysans me regardaient un peu de travers, avoue Kasim. Mais je les comprends, ils n’ont jamais vu de Noirs. Maintenant ils sont contents quand ils me voient arriver pour travailler. Finalement je suis bien ici et je pourrais m’y installer pour de bon. » Tous les matins le jeune somalien se rend à la ferme du paysan roumain, déguste son café, joue un peu avec le fils du fermier qui lui apprend le roumain, puis va surveiller les vaches dans les champs. Le soir, lorsqu’il trait les vaches, il raconte avec le peu de roumain qu’il connaît des histoires de son pays. Tout récemment il a noué une relation avec une jeune paysanne qui n’a pas fui lorsqu’il lui a proposé d’être sa femme. Kasim semble avoir repris le contrôle de ses anges.
(p. 104-105)
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En pleine crise économique un vent de prospérité souffle sur l'Église orthodoxe roumaine. Avec le soutien de l'État, l'église majoritaire en Roumanie affiche des chiffres qui font pâlir d'envie le milieu des affaires. Un quart de siècle après la chute de la dictature communiste, elle contrôle 80 000 hectares de terres agricoles et de forêts, et son patrimoine est estimé à 3 milliards d'euros. L'institution à laquelle les Roumains font le plus confiance détient des actions dans de nombreuses compagnies du bâtiment, les sociétés agricoles et de transport, et possède plusieurs maisons d'édition, des imprimeries et pas moins de 27 licences radio, ainsi qu'une chaîne de télévision. Et, cerise sur le gâteau, les activités économiques de cet empire bâti sur la foi sont exemptées d'impôts. [...]
Officiellement, la foi orthodoxe est revendiquée par 87 % des 20 millions de Roumains, et l'influence des popes sur les choix politiques des fidèles est immense.
(p. 40)
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Depuis 2000, les Roumains ont accès aux 12 kilomètres linéaires de dossiers que la Securitate a établi sur leur compte. En cinquante ans de régime communiste, la police politique de la dictature a rédigé 1,8 millions de dossiers. Tous les moyens étaient bons : écoutes téléphoniques fidèlement transcrites, micros placés au domicile, au bureau et même dans les prisons, filatures avec rapports sur les activités quotidiennes de chaque personne surveillée, déclarations signées par les voisins, amis ou ennemis, copies des lettres et des comptes-rendus d'interrogatoires.
(p. 33)
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La Roumanie compte environ 2 millions de Roms, la minorité la plus importante à l'échelle européenne, et la majorité des enfants de cette communauté sont analphabètes. La transition très dure à l'économie de marché que la Roumanie a connu dans les années 1990 a encore davantage marginalisé cette minorité discriminée dont le rêve est de migrer à l'Ouest.
(p. 73)
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