Bonjour
Je n'ai pas lu mais écouté cette nouvelle dans les archives de France Culture. Elle est lue par
Pierre Brasseur qui, en introduction, nous dit quelques mots de
Joseph Kessel qu'il a personnellement connu, et c'est très émouvant.
La lecture ajoute au plaisir, car elle est très bien faite.
L'histoire se passe probablement après la révolution bolchévique. Comme à chaque fois qu'il y a des troubles, la population se divise en 2 : la minorité qui s'en sort bien, et le gros de la population de l'autre, avec son lot de privations et de difficultés.
Nous suivons une petite fille, pré-adolescente, issue d'une famille en grande difficulté matérielle. Elle suivra à Moscou un homme plus à l'aise financièrement (du fait de trafics plus ou moins louches). Bien sûr, comme on l'imagine, cette escapade sera tout sauf innocente. Et pire encore, l'homme en question la laissera tomber, toute seule, loin de sa famille, dans la grande ville.
Si jeune, elle vivra de ses charmes, et finira part se trouver un protecteur. Je ne dévoilerai pas l'issue, mais elle sera tragique.
L'écriture est très bien menée, la langue de
Joseph Kessel est très belle, comme toujours.
Tout est en finesse, l'humain est toujours complexe, même le protecteur moscovite révèle ses drames intérieurs, sa fragilité, et, par moments, on le prendrait même en pitié.
Quant au titre de la nouvelle, il est à double entente: Pendant toute l'intrique, la petite héroïne aimerait se voir offrir une poupée, chose rare en ces temps de pénurie (d'où le titre), mais en même temps, c'est elle, la poupée dont abusent certains. Dans ce seul titre à double entente se trouve résumé le choc entre l'innocence de l'enfance et la dureté de certains adultes.