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Claire Charrier (Traducteur)
EAN : 9782490501335
540 pages
Editions du Typhon (05/10/2023)
4.64/5   21 notes
Résumé :
Délaissée depuis des générations par les gouvernements successifs, la cité ouvrière d’Ironopolis est condamnée par la rapacité des promotteurs immobiliers. Au nom de la marche du progrès, bulldozers et barres de dynamites sont à quelques jours de réduire soixante années de souvenirs en cendres. Avant l’inéluctable vont s’enlacer six destins qui dévoilent les éclats d’humanité, les fureurs et les blessures de vies sur le point de basculer. Et ces parcours éclatés son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La très belle édition du roman de Glen James Brown paru au Royaume-Uni en 2018, m'a été proposée par les éditions du Typhon dans le cadre d'une Masse Critique et je les en remercie.
Ironopolis ( ville du fer) est le surnom donné à une ville industrielle fictive inspirée de Middlesbrough, où " plus de 40 000 personnes dans la fleur de l'âge travaillaient dans les forges". Cette ville ouvrière construite à la fin de la guerre se compose essentiellement de logements sociaux, soit en lotissements, soit en tours d'appartements et la plupart se sont rapidement dégradés. Mais les habitants sont attachés à ces logements, que certains ont réussi à acheter et les propositions de rachat par des promoteurs immobiliers sont accueillis avec beaucoup de suspicion. Des groupes de résistance à la gentrification s'organisent dans certains quartiers avec des représentations théâtrales, mais la destruction d'Ironopolis est programmée et irréversible.

Autour de cette ville sidérurgique détruite par le thatchérisme, le roman se compose de six témoignages de trois générations, couvrant cinq décennies de la vie de ces quartiers ouvriers et de ces habitants qui doivent survivre au déclin industriel et au chômage.
On perçoit chez l'auteur la nostalgie d'une ancienne solidarité ouvrière mais aussi la volonté de représenter sans fard la délinquance et la misère au quotidien.
Il évoque ainsi les rivalités idiotes entre les habitants des différents quartiers, les installations hydrauliques abandonnées où jouent les enfants, les appartements délabrés utilisés par les dealers et les petits commerces qui ferment les uns après les autres.

L'histoire qui ouvre le roman est épistolaire : il s'agit de la correspondance entre une femme âgée mourant d'un cancer et un marchand d'art qui tente de retrouver la trace d'Una Cruikshank, une artiste qui fut son amie d'enfance et dont l'art étrange, inspiré du folklore local, connaît un succès foudroyant.
A cette occasion, le lecteur fait la connaissance de Peg Prowler, une créature aquatique à la peau verdâtre qui a la réputation d'attirer dans les égouts puis dans la rivière les enfants indociles mais aussi les jeunes hommes dans la fleur de l'âge. Rendue célèbre grâce aux tableaux d'Una, la légende de Peg marque le roman d'une touche de réalisme magique tout en occupant une place dans chacune des histoires qui se succèdent.

Quelques uns des personnages du roman sont présents dans ce premier chapitre mais leurs récits vont s'entrecoiser et apporter toujours plus d'informations et toujours plus de perspectives.
La deuxième histoire présente Jim Clark, un adolescent homosexuel, adepte de films d'horreur qui va s'émanciper en découvrant la musique, les rave parties et la drogue. A la recherche de son identité, il va devenir pour les autres le monstre des films d'horreur qu'il affectionnait. A cause de Vincent, le caïd du quartier, il va être grièvement blessé mais aussi hanté en permanence par sa rencontre avec Peg. L'alcool, la drogue et l'addiction au jeu font partie du quotidien dans ces vies brisées mais les différentes voix narratives apportent une densité à ces personnages qui les éloignent de toute forme de misérabilisme.

De nombreux habitants sont conscients que l'abandon de leur ville correspond à une politique de laisser-faire, afin de pouvoir exproprier les habitants et récupérer le territoire.
" S'ils commencent à faire en sorte que les endroits comme ça redeviennent habitables, les gens vont vouloir rester et c'est la dernière chose qu'ils veulent. Pareil pour l'acierie. Ils auraient pu y mettre de l'argent, empêcher que ton Morris perde son boulot, mais ils veulent plus personne dans leurs papiers. Problème de quelqu'un d'autre. C'est une conspiration contre la classe ouvrière. "
Au vu de cette déclaration, on ne peut cependant pas réduire le roman à ses déclarations politiques ou à des descriptions sociologiques.
Le livre est bien davantage un monde fascinant et captivant, où des destins s'entremêlent sous le regard empathique et l'observation ironique de Glen James Brown.

Tous les personnages ont des défauts, dans certains cas des défauts assez graves, mais l'auteur tente de montrer leur version de l'histoire et de montrer comment ils sont, dans une large mesure, à la fois un produit de leurs gènes et, plus important encore, un produit de leur environnement. Certains d'entre eux appartiennent à la même famille, père et fils, frère et soeur, mari et femme mais leurs relations sont généralement difficiles car chacun lutte à sa façon pour survivre.

La manière dont Brown relie les différents fils narratifs et intrigues est impressionnante.
En s'appuyant sur une variété de méthodes narratives , notamment des lettres, des entretiens, des notes de bas de page mais aussi une narration classique à la 1ère personne , il crée une structure arachneenne dans laquelle tous les personnages s'imbriquent comme des pièces de puzzle. Sans la moindre confusion !


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Ironopolis, c'est une cité industrielle, une collection de gros blocs de béton construits à la va-vite pour entasser un maximum de travailleurs à des coûts minimaux. Deux générations et la désindustrialisation plus tard, ce sont des bâtiments embarrassants qu'on espère pouvoir démolir pour gentrifier la région. Entre ces deux moments cependant, il y a eu des rêves, des cauchemars, des vies, tout simplement.

À travers le récit de cinq personnages, plus liés qu'on ne le pense au départ, on découvre toute l'ambivalence de cette ville. Certains des premiers habitants l'ont en horreur, détestant le passage du vert au gris, de la vie paisible de la campagne à la promiscuité forcée du milieu urbain ; d'autres ambitionnent une nouvelle vie, investissant dans ces logements qui seront malheureusement quelques dizaines d'années plus tard humides et insalubres, dans une région minée par le chômage ; une rancoeur générale, contre l'industrie qui est venue, contre l'industrie qui est repartie, et contre les gens qui veulent effacer les traces de votre vie pour écrire quelque chose de neuf.

L'ambiance globale du roman est un peu glauque, dans un univers de béton sale, de structures métalliques monstrueuses et d'eau stagnante. Un personnage fantastique récurrent dans les récits semble d'ailleurs incarner cette idée de nature corrompue. Tous les personnages semblent frappés aussi d'une tare – la drogue, le jeu, l'alcool, … –, comme s'il était impossible de grandir normalement dans cet environnement.

Je trouve que l'auteur a fait un travail exceptionnel pour retranscrire cet amour-haine des régions désindustrialisées pour leur passé : à la fois une réalisation que cette vie n'offrait qu'une vie de forçat généralement écourtée par des problèmes de santé importants, mais aussi une rage contre la perte de cette industrie, qui nourrissait des familles entières, qui offrait une certaine fierté et un rôle important dans la société, pour se retrouver à devoir vivre des allocations chômages au milieu des cadavres des usines en train de rouiller et de tomber en morceaux.

Le témoignage est éprouvant, mais comme le sujet n'a pas été beaucoup traité et touche mine de rien beaucoup de familles, nécessaire. Même si le roman se déroule en Angleterre, il fera facilement écho à des événements vécus par d'autres pays.
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Quelle grande satisfaction nous envahit une fois la dernière page d'"Ironopolis" tournée !

Le premier roman de Glen James Brown est paru en 2018 en Angleterre où il a reçu un très bon accueil. En France, il a été publié par Les éditions du Typhon et a récemment reçu le prix Millepages décerné par la librairie Millepages de Vincennes. Il a été traduit par Claire Charrier, tout juste sortie de ses études (!).

"Ironopolis" est un premier roman très réussi, audacieux dans la forme, inspiré dans l'idée, saisissant dans l'ambiance. Aussi nous allons essayer d'expliciter pourquoi il est unique en dégageant quelques arguments que nous espérons convaincants !

_ La forme au service du fond ou quand modernité et originalité priment

"Ironopolis" est un texte choral dans lequel l'auteur exploite tous les moyens qui lui sont donnés pour donner sa voix à chaque personnage. À la fois correspondance, journal intime, relation directe ou indirecte etc le texte prend différentes formes et s'y côtoient différents registres. On y rencontre Alan, Corina, Jim, Jean autant d'habitants qui vivent ou ont vécu et se souviennent d'Ironopolis avant la crise et la destruction. Très moderne, cet assemblage astucieux surprend, amuse et donne une densité particulière au texte. Il prépare une fin à la hauteur, que le lecteur découvre après avoir pris un grand plaisir à démêler les fils et déceler les mensonges, percer les mystères.

Avec "Ironopolis", Glen James Brown montre qu'en matière de construction narrative, il reste encore beaucoup de pistes à explorer. Lui excelle déjà.

_ le témoignage fictionnel de la crise immobilière anglaise

On peut poursuivre en soulignant qu'"Ironopolis" est parmi bien d'autres choses, un témoignage fictionnel de quelque chose de bien réel, notamment de la crise immobilière qui a sévi dans le nord de l'Angleterre et sévit encore.* En découle que l'on peut rapprocher ce texte des romans « ouvriers » car, sans que les conditions de travail de la classe populaire constituent le sujet du livre, tous les personnages sont issus de la classe laborieuse et rencontrent les difficultés propres à celle-ci.

Notons par ailleurs que dans "Ironopolis", le « décor » de l'intrigue s'avère être bien plus que cela et même le sujet de l'histoire.

_ L'histoire d'une cité qui a englouti les rêves

Ce roman est centré sur un lieu, une cité dont il raconte des bribes d'histoire dispersées et étalées sur 20 ans environ. Très ancré, le texte transporte le lecteur dans l'usine abandonnée, les appartements mal insonorisés, les commerces au bord de la faillite et les pavillons bien rangés mais délabrés. Tout ce qui constitue le paysage d'"Ironopolis" semble vieilli et flétri et reflète en réalité les rêves des habitants qui, pour la plupart, ont tourné au cauchemar.

Ainsi comme la cité d'Ironopolis a déterminé l'existence de chaque personnage en tout point, elle est décrite comme un cimetière, une prison ou un terrain vague. En toute logique, elle se trouve aussi être le terrain de l'enquête et ses égouts en sont le noeud.

_ Une enquête sur fond de légende urbaine fantastique

Car effectivement, "Ironopolis" est un livre d'enquête construit comme un puzzle. Depuis les premières pages, des éléments sont manquants et des personnes, disparues. Une enquête est menée par le lecteur qui se trouve d'abord livré à lui même puis est rejoint par un personnage dont on ne dira pas le nom…

Et ce qui sert de fil conducteur à l'histoire et à l'enquête est une légende urbaine, celle de Peg Powler, la fille verte. Cette légende qui revient comme un refrain (procédé littéraire efficace et franchement habile) et laisse entendre que planerait une malédiction sur les lieux, participe grandement à l'installation d'une ambiance fantastique très prégnante.

Pour conclure :

Sur fond d'acid house, d'aboiements de chiens, de canalisations qui hurlent, les ruines du rêve urbain anglais servent de décor à ce premier roman aussi marginal que magistral.

*Ironopolis (ville du fer) est le surnom donné à cette ville industrielle fictionnelle inspirée de Middlesbrough.
Lien : https://www.undernierlivre.n..
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J'avais entendu parler du livre à sa sortie UK mais, j'avais réfréné mon envie d'achat.

En entendant la présentation des Éditions du Typhon, l'éditeur francophone, j'ai pensé à Jérusalem de Alan Moore et l'envie de lecture est devenue irréfrénable.

Le titre est tiré d'un ancien surnom de la ville de Middlesbrough, et toutes les histoires s'y déroulent. Ville de fer.

Ne cherchez pas les décors sur Google Street View, pour vous donner une meilleure idée de ce à quoi ils ressemblent. Tout sort de l'imagination de l'auteur. Tout est érigé page après page pour bâtir un livre unique et une ville-univers parfaitement dessinée.

Ironopolis se déroule à différentes périodes et est raconté sous différents formats – lettres, interviews, récits à la première et à la troisième personne et même des pages d'un journal de prison, les vies et les morts s'interconnectent. The Burn Estate les relie et est un personnage en soi, bien qu'il s'agisse d'un personnage mourant sénescent qui, pendant une grande partie du récit, est en état de démolition et attend une renaissance et une régénération – de nouveaux bâtiments, de nouvelles vies. Ceux qui vivent encore à l'agonie du Burn s'y accrochent aussi longtemps qu'ils le peuvent ou impatients de partir, acceptent les offres faites par la société de développement, parfois incertains de ce qu'ils feront ou s'ils voudront revenir sur place. après l'avoir réinventé cette place. Mais les souvenirs restent, tout comme les mensonges et les secrets… des secrets très sombres.

C'est de la fiction et c'est bien plus, commentaire sur le monde, satire sociale.

Tout est raconté de manière si vivante par chaque narrateur, dans chaque texte qui compile le grand livre d'Ironopolis.

Je félicite le traducteur, le livre je l'ai finalement en anglais et en français et tout n'est pas évident à traduire à rendre en français.

Un livre du réel totalement imaginaire, puissant , un livre qui reste, qui ne s'oublie pas.

Un roman géniale d'un auteur qui ose la vérité à l'extrême dans un livre extrêmement prenant.

A lire sans tarder, c'est le moment.
Lien : https://blog.lhorizonetlinfi..
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Les éditions du Typhon nous régalent à chaque fois. Que ce soit par la beauté de leurs livres, par les textes sublimes qu'ils parviennent à dégoter ou par le travail éditorial dingue qu'ils font, c'est toujours un nouveau défi qu'ils parviennent à relever. Ce roman est un concentré de tout ça.

C'est un titre d'une originalité folle aux différentes narrations, où chaque personnage raconte une histoire à sa manière, avec ses mots. Un jour sous forme de lettre, une autre fois, c'est un journal intime ou encore une transcription de conversations et même des pensées internes.

Mais tous viennent du même endroit. Tous sont les habitants de cette ville industrielle oubliée, déchue, abandonnée par les pouvoirs publics : Ironopolis.
Progressivement, le réalisme magique apparaît délicatement, grâce au personnage de Peg la sorcière, effrayant au départ, qui devient progressivement tragique, symbole de la mémoire collective de ces cités qui meurent en même temps que disparaissent leurs habitants et leur traditions.

C'est un roman qui ne ressemble à aucun autre. Exigeant, dense, satire sociale assumée, c'est aussi une affaire de destins, de personnages attachants, d'ambiances qui passent du roman noir au fantastique. Un moment de lecture inédit, offrant frissons et questions, loin des romans aseptisés qui sont légions par les temps qui courent.

Donc évidemment à mettre sous le sapin parce que, franchement, ce serait dommage de passé à côté de ce très bel objet littéraire ✨✨✨.
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critiques presse (1)
LesInrocks
11 octobre 2023
L’auteur anglais mêle différentes formes de récit pour raconter six trajectoires de vie dans un quartier depuis longtemps abandonné par les politiques.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Elle pense à la folie que c'était de mettre quatre adultes dans une boîte en béton s'élevant vers le ciel. L'appartement avait été un lieu affreux de tension psychique : le son étouffé de la béquille de son frère dans le couloir lorsque tout le monde dormait, le grincement de la charnière du placard à côté du frigo, le bruit sourd et fantomatique des tuyaux quand quelqu'un allumait l'eau chaude- comment tout cela trahissait ses allées et venues et ne lui laissait aucun moment pour être seule.
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Elle pensait à la folie que c'était de mettre quatre adultes dans une boîte en béton s'élevant vers le ciel. L'appartement avait été un lieu affreux de tension psychique : le son étouffé de la béquille de son frère dans le couloir lorsque tout le monde dormait, le grincement de la charnière du placard à côté du frigo, le bruit sourd et fantomatique des tuyaux quand quelqu'un allumait l'eau chaude – comment tout cela trahissait ses allées et venues et ne lui laissait aucun moment pour ÊTRE SEULE. Mais ce n'était même pas le pire, il y avait cette atmosphère que les murs aspiraient et amplifiaient – le son omniprésent de la vie qui l'assaillait constamment, plus fort que tout autre bruit, une clameur inéluctable qui jamais, jamais ne s'arrêtait. Et cela écorchait sa raison, comme les cordes effilochées d'un violon.
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Y avait un film des années 1970 que j'adorais, il s'appelait The Stone Tape. C'était l'histoire d'une vieille maison qui se comportait comme une espèce de magnétophone surnaturel, les murs enregistraient les fantômes et en diffusaient les bruits en boucle. Je parie que celui qui a écrit ça savait ce que c'était de vivre en logement social.
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Papa s'est fait virer à la fin de l'année 1988, je crois, et c'est là que c'est vraiment devenu la merde, parce qu'il n'y a rien de pire que quelqu'un qui croit dur comme fer à ces conneries de salaire gagné honnêtement, mais qui n'a plus de travail.
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Dans votre lettre, vous me dites que les traces d’Una s’évanouissent - « se meurent » est le mot que vous avez utilisé, je crois - donc il est impossible de savoir si elle a eu des enfants à elle. Je vais peut-être paraître un peu dure, mais j’espère qu’elle n’en a jamais eu. En un sens, les Cruickshank ressemblaient à cette cité qui s’écroule autour de moi. Tout simplement incapable de supporter le poids des générations.
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Ironopolis lu par Glen James Brown
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