Magistral, sublime, époustouflant ! Aux adjectifs que j'employais pour son premier roman, j'ajoute: envoûtant, intense, puissant !
Quelle maîtrise rare encore une fois, quelle plume unique, quelle poésie remarquable !
#yannbrunel nous ramène dans
Le Quartier et son univers mais cette fois-ci en 2019.
Le Quartier est une cité de la banlieue de K. quelque part dans la Russie (ou l'Ukraine) post-soviétique, régie par ses propres lois, constituée d'immeubles en ruine, de friches alentours, et dévastée par l'explosion vingt ans plus tôt de l'Usine pétrochimique, comme Tchernobyl dix ans auparavant.
« Quatre ou cinq vies d'Illya Grisov » se déroule sur une seule journée, une journée de juillet caniculaire, avec des allers-retours dans le passé, rythmé, en exergue des chapitres, par les extraits du rapport sur l'incendie de 1996.
« Un coup de fusil déchire l'aube ».
Une détonation retentit dans
Le Quartier, depuis un atelier du bloc 1404. C'est le point de départ du roman. Lev Grisov, un homme, un mari, un père, est mort. Meurtre ou suicide ? Mikhaïl, un jeune policier qui vient tout juste d'être nommé, le capitaine Téliakov (qui s'interroge sur cette affection soudaine) et ses hommes, vont investir les lieux pour mener l'enquête.
Pourquoi ce jeune policier insaisissable est-il soudain affecté dans
Le Quartier ?
Quelles sont les raisons de sa présence et quelles sont les réelles motivations du capitaine pour déployer un si grand nombre d'hommes sur cette affaire simple en apparence alors qu'une rafle au camp des roms nécessite leur présence un peu plus tard ce jour-là ?
Je ne vous en dis pas plus, le superbe titre résume à merveille le roman mais il vous faudra évidemment attendre les dernières pages pour le comprendre.
Ce roman est à la fois une enquête policière, l'histoire d'une famille, d'une fratrie, et bien plus encore. Avec ses nombreuses références à la mythologie, il relève assurément du mythe et de la tragédie (on pense aux tragédies antiques ou shakespeariennes). le passé nous est révélé grâce aux visions de Mikhaïl sous l'emprise d'une drogue de chamane ou du breuvage de l'une des trois soeurs sorcières, vieilles babouchkas qui, du fond de leur mercerie, telles des Parques ou les trois sorcières de MacBeth, veillent.
Encore une fois la prose et la poésie envoûtantes de
Yann Brunel vous attrape dès les premières lignes pour ne plus vous lâcher.
Un roman brillant à l'ambiance magnétique qui reprend les thèmes d' «
Homéomorphe » (la famille, le sacrifice, les malédictions individuelles et collectives, l'amour), qui est avant tout un immense plaisir de lecture et qui m'a profondément touchée. Même constat que pour son premier roman : de la grande littérature.