« Ces filles maigrichonnes qu'on appelle les petits rats, pleines d'espoir, rivalisant de rapidité, de légèreté et de grâce (...) ces filles qui ont gagné ce surnom à force de trottiner le long des couloirs de l'Opéra, affamées et sales, en demandant la charité. »
Cathy Marie Buchanan s'est penché sur le destin de trois d'entre elles : Antoinette, 17 ans, Marie, 13 ans et Charlotte, 8 ans. Trois soeurs
parisiennes, habitant le quartier défavorisé du Bas-Montmartre en 1878, dont le père décédé a laissé la mère seule soutien du foyer. le métier de lavandière suffit difficilement à les faire vivre décemment, d'autant plus que son salaire s'évapore en flacons d'absinthe. le roman est construit des voix d'Antoinette et de Marie nous racontant leur quotidien et celui de leurs contemporains. Une très belle page d'histoire dans laquelle l'auteure a inséré des faits vécus et des figures connues telle celle d'Émile
Zola lors de la première de la pièce de théâtre tirée de L'Assommoir et celle d'
Edgar Degas, peintre impressionniste, que l'on voit assistant aux classes des maîtres et aux répétitions à l'Opéra de
Paris afin de mieux capturer la fragilité et l'endurance des danseuses de ballet. Mais au-delà de l'art, il y a avant tout dans ce roman la condition des femmes modestes de cette époque; entre la fillette aspirant aux plus grandes scènes de danse, la cocotte
parisienne, la femme s'échinant aux plus dures besognes, il ne restait que l'union avec un commerçant sérieux et sobre... Un roman qui s'adapterait très bien au cinéma.