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EAN : 9782844900951
83 pages
Farrago (31/08/2002)
4.2/5   5 notes
Résumé :

Dans la salle ou depuis l'arrière-cuisine d'une cafétéria, une serveuse observe les clients et les employés. Les odeurs, le bruit, les salissures des assiettes, un quotidien blafard, des visages familiers... Son journal décrit l'usure et cherche l'échappatoire. Comment rester légère en répétant chaque jour les mêmes gestes pour les mêmes visages qui racontent toujours la même histoire. Comment... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je suis très heureuse d'avoir lu ce texte, pour deux raisons: je l'ai sauvé du pilon !!! Il se trouvait délaissé avec d'autres orphelins dans des bacs à l'entrée de ma médiathèque, où les bibliothécaires proposent pour 1 € symbolique, des ouvrages non empruntés, non demandés, non "aimés"... Et comme il y a la cruelle réalité de "la place" à renouveler sans cesse... pour intégrer les "nouveautés".... Les "Nouveaux" poussent les "anciens"..., inexorablement


Deuxième raison: un plaisir certain à la lecture d'un écrit des plus dépouillés, qui parvient à faire ressentir l'inanité, l'usure de certains "quotidiens professionnels"...à travers un journal de bord, tenu par cette serveuse de cafétaria...qui dit le "Rien"... le "Minuscule"...mais le "Vivant"...

J'ai donc pris plaisir à découvrir ce court texte, qui pourrait intégrer la liste épatante des "livres où il ne se passe rien"... mais il y a un "Regard" très juste, tour à tour bienveillant ou distant vis à vis d'un quotidien professionnel très "répétitif" et "peu valorisant"... en dépit du vide absolu de certains jours, reste la faculté de "regarder autour de soi", de se réjouir simplement de "La vie" autour de soi, même dans un contexte des plus minimalistes.

Quelques extraits qui disent tant avec si peu ! Voilà un des talents certains de l'auteure...
"Lorsque je suis au bord du découragement, une seule chose me tient: la certitude que dans l'activité, le temps passe plus vite. (...)
Je dis : elles sont nombreuses les journées où, entre le métro du matin et le métro du soir, il y a comme un blanc" (p.67)

" 10 mai- Ce matin, dans le métro qui m'emmenait au travail, j'étais passablement découragée, au bord des larmes. Je n'avais aucune envie de lire ou de m'affairer à observer les gens. J'étais dans un repli infiniment triste. Lorsque j'arrivais enfin à ma station, j'ai reconnu un type, client de la cafétaria. Il était assez jovial et me parlait de choses et d'autres. En marchant tous deux sur le périphérique, l'air frais battait contre nos joues, l'homme était rose et souriant et je souriais aussi. Arrivée au travail, je n'étais plus la même: cet homme , sans le savoir, avait sauvé ma journée.
Cet optimisme, je le tiens là, de la vie ordinaire qui s'acharne à me rendre vivante. (p.38)
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J'ai connu une Anne Buisson, autrefois. Quelques années après la photo, là-haut. Quand j'ai vu son nom sur une couverture, j'ai eu un petit choc. Se pourrait-il que la petite fille que j'ai connue dans ses langes ou presque soit publiée aujourd'hui, juste sous mes yeux ? J'ai feuilleté le livre, rapidement, l'esprit trop occupé par ces souvenirs, et l'ai reposé. Puis je l'ai repris. Je l'ai goûté, ce livre dont je connais peut-être l'auteur. Cette serveuse de cafétéria m'a fait penser à Mafalda, une Mafalda presque adulte, un peu fatiguée et avec encore moins d'illusions : « Un steak bleu comme vos yeux, s'il vous plaît, m'a demandé un client. J'ai fait cuire son steak et en lui montrant l'assiette, je lui ai demandé s'il trouvait que le steak en question avait réellement la couleur de mes yeux ».
Cette Anne Buisson est née à Clermont-Ferrand et travaille à Paris dans une revue scientifique. Pourquoi pas. Il n'y a pas de photo. Je ne me souviens ni de sa ville de naissance ni des projets professionnels qu'elle nourrissait à six ans. Elle s'asseyait sur le canapé et faisait semblant de lire une BD pendant que nous terminions notre petit déjeuner. Elle avait un très joli sourire et sentait très fort le Carbonyl.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un complément pour ce petit livre, que j'ai vraiment "savouré":
Critique de Catherine Dupérou [Matricule des Anges, n° 040- septembre-octobre 2002]
" Journal d'une serveuse de cafétéria


La narratrice du premier roman d'Anne Buisson est serveuse dans une cafétéria. Elle attend les clients, remplit, puis vide leurs assiettes avec le sourire. Elle observe aussi le petit monde de ce biotope alimentaire. Et note les épisodes de cette "vie ordinaire", expression choisie comme sous-titre au Journal. "J'écris ce journal pour montrer l'usure et me demander pourquoi j'en réchappe. Ce journal est l'incarnation de cette résistance. Chaque jour, les mêmes personnes recommencent ce cycle infernal du repas : ingestion, digestion, déjection." Sur une période de presqu'un an, elle consigne anecdotes et réflexions, pour "faire de ce quotidien une histoire à raconter".


Presque chaque jour, "si parfois je n'écris pas pendant plusieurs semaines, c'est parce qu'il y a des jours vides". Parfois juste une phrase, "le chef est un lâche", pour fixer le temps au gré de ses humeurs, "penser à trouver un travail à la hauteur de la conscience que j'ai de ma propre valeur". Sans effets elle raconte les clients, les confidences, "l'homme blessé me dit qu'il parle à son mur". La drague et les faiblesses "je suis passée dans le bureau et j'ai vu une liste d'achat que le chef avait laissé traîner. Le chef ne sait pas écrire, il doit avoir à peine le niveau de la sixième. J'ai été assez touchée".

Sans complaisance, ni pour soi ni pour les autres, "je hais l'insistance que je déploie pour rester à la cafétéria et qui n'est l'indice de rien". Souvent avec une drôlerie teintée de pathétique, ""un steak bleu comme vos yeux s'il vous plaît" m'a demandé un client. J'ai fait cuire son steak et en lui montrant l'assiette, je lui ai demandé s'il trouvait que le steak en question avait réellement la couleur de mes yeux".

Pour ne pas se laisser contaminer par les odeurs, les bruits, la vulgarité ambiante et l'ennui. Ne pas se dissoudre dans ce travail où le temps se dilue. Où la vie passe sans qu'on ait appris le métier de vivre. "Pendant que je balaie, je pense à mon père qui a travaillé toute sa vie, il est mort à cinquante ans, il n'a jamais vu la retraite." Loin de la nouvelle cuisine littéraire, voici un livre revigorant. À savourer lentement."
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-3 janvier-

J'écris ce journal pour montrer l'usure et me demander pourquoi j'en réchappe.Ce journal est l'incarnation de cette résistance. (...)
20 janvier
Si parfois je n'écris pas pendant plusieurs semaines, c'est parce qu'il y a des jours vides. (p.13)
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Monsieur B. m'appelle Zora. J'aime ce surnom.
Je tutoie les clients depuis un certain temps, ce que le chef ne supporte pas, mais il manque de courage pour me le dire; je profite de cette faille allègrement. La familiarité que j'ai avec les gens me sort de cette condition de simple serveuse, ils s'épanchent plus facilement, et curieusement ils deviennent plus polis, plus respectueux. Nos rapports s'en trouvent en quelque sorte clarifiés. (p.25)
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24 juillet
Aujourd'hui, une rage incontrôlable en balayant. Une petite haine, toute en rétention, contre rien. (p.63)
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