Sacré chantier !
Attiré Par Buko depuis un petit bout de temps, j'ai attendu d'avoir quelques verres dans le gosier et que quelqu'un pisse dans la piscine avant de me jeter à l'eau, histoire d'être ambiancé.
C'est indubitablement la couverture de l'édition 10/18 avec ses canettes dessinées en style ignorant qui auront déclenché l'envie de me lancer dans l'aventure, si seulement je savais dans quoi j'allais foutre les pattes..
Passé l'excitation des premières lignes, je me suis demandé si ce cirque constant, cette écriture mordante trempée dans la vodka bon marché n'allait pas s'essouffler sur la longueur, fort heureusement ce n'est pas le cas, faut dire que Buko' et son héros s'envoient une quantité suffisante carburant dans le cornet pour refaire le monde à leur façon.
L'ébriété et la déchéance semblent etre les deux fils rouges conducteurs de ce récit hallucinant, ca part à droite, à gauche, ca vacille et ca trébuche puis regimbe, ca sent bon la vinasse et le langage fleuri.
Ca dérape constamment tout en allant à cent à l'heure, mais bordel y'a quelqu'un aux commandes ?
Ce génie du mal qu'est
Bukowski nous sert un privé désabusé qui trinque avec la mort, un bon vieux crabe au bout du rouleau avec un cigare du mois dernier au bec. Il manie son thriller foutraque avec une audace pernicieuse, il a toujours une pince sur le volant et l'autre sur la bouteille, et malgré le strabisme carabiné du au regard partagé entre les formes aguicheuses des beautés fatales, et la paye du mois claqué au tiercé sur le pire canasson du coin, ca tient le parquet!
J'y ai retrouvé des relents d'alcool d'un roman de
Ken Bruen associées au privé rêveur de
Richard Brautigan, saupoudré de l'excentricité goguenarde d'
Hunter S. Thompson.
Toute la subtilité réside dans l'apparence trompeuse de foutoir hilarant, long fou rire éméché, un véritable hard-boiled plus très conscient qui frise la cirrhose et le génie.
Foncez, pauvres fous, (mais n'oubliez pas l'Efferalgan)!