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Il y a quelques jours on ressortait de notre bibliothèque deux bouquins de John Fante : le vin de la jeunesse et Grosse faim.
Fante, on l'a dit, c'est un peu le père spirituel de Charles Bukowski.
Un Bukowski qui a d'ailleurs grandement contribué à la popularité de Fante.
On tient avec ces deux-là, deux grands écrivains américains, deux piliers de ce siècle de littérature.
Bukowski c'est un peu et en de nombreux points le Serge Gainsbourg de la littérature US : provocateur (avec sa bouteille de pinard chez Bernard Pivot, c'était en 1978 et l'INA a gardé ça en boîte), le physique pas très beau mais grand collectionneur de femmes, grossier personnage et poète sublime.
Dans Women, Bukowski écrit sur les femmes. Enfin c'est ce qu'il dit ou c'est ce qu'il veut faire croire.
Mais, tout bien pesé, on s'aperçoit vite d'une différence essentielle entre le personnage autobiographique de Bukoswki, Hank Chinaski, et Arturo Bandini, le personnage fétiche de John Fante.
Ceux qui se dévoilent sous la plume de John Fante, ce sont «les autres» : la famille, les copains, les filles, le père, la mère, les oncles, et l'on apprend finalement très très peu de choses sur le petit Bandini/Fante.
Bukoswki, tout au contraire, parle avant tout de lui, enfin de Hank Chinaski.
Dans Women, les femmes défilent dans le lit de Chinaski comme dans la vie de Bukowski, mais l'on apprend finalement très peu de choses sur elles. Et c'est bien Bukowski/Chinaski qui se met à nu.
Est-ce l'âge ? l'époque ? mais les charmes sulfureux de Bukowski semblent aujourd'hui bien éventés. Certes on y parle de sexe et d'alcool, on y baise le soir, on y picole toute la nuit et on y dégueule au petit matin, mais cela ne choque plus guère.
Car la vie de Chinaski/Bukowski est ainsi faite ...
... de beuveries :
[...] C'est ça le problème avec la gnôle, songeai-je en me servant un verre. S'il se passe un truc moche, on boit pour essayer d'oublier; s'il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s'il ne se passe rien, on boit pour qu'il se passe quelque chose.

... de coucheries :
[...] - Je t'invite dehors pour le petit-déjeuner, j'ai dit.
- D'accord, a répondu Mercedes. Au fait, on a baisé, hier soir ?
- Nom de Dieu ! Tu ne te souviens pas ? On a bien dû baiser pendant cinquante minutes !
Je ne parvenais pas à y croire. Mercedes ne semblait pas convaincue.
On est allé au coin de la rue. J'ai commandé des oeufs au bacon avec du café et des toasts. Mercedes a commandé une crêpe au jambon et du café.
La serveuse a apporté la commande. J'ai attaqué mes oeufs. Mercedes a versé du sirop sur sa crêpe.
- Tu as raison, elle a dit, on a dû baiser. Je sens ton sperme dégouliner le long de ma jambe.
(et encore, on a choisi un extrait soft !)

... et de littérature :
[...] Les écrivains posent un problème. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend comme des petits pains, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend moyennement, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend très mal, l'écrivain se dit qu'il est génial. En fait la vérité est qu'il y a très peu de génie.

Mais rapidement derrière ces propos apparemment scandaleux mais qui ne sont qu'un écran de fumée (et auxquels il serait bien dommage de s'arrêter et de passer ainsi à côté de ce « génial » écrivain), apparait bien vite le désarroi de Chinaski et c'est ce qu'on retiendra de cette relecture de Bukoswki.
Un misogyne qui ne peut pas se passer des femmes, un misanthrope profondément humain.
Capable d'écrire, entre deux énormes grossièretés :
[...] En beaucoup de domaines, j'étais un sentimental : des chaussures de femmes sous le lit; une épingle à cheveaux abandonnée sur la commode; leur façon de dire « je vais faire pipi »; ...

Pour celles et ceux qui aiment farfouiller au fond de l'âme humaine.
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Premier rencard avec le fameux Charles Bukowski, et il est peu probable que cette expérience débouche sur une relation suivie entre nous. Je connaissais le bonhomme de réputation et partais avec un a priori positif. Ayant envie d'une lecture trash, qui dérange et bouscule, je pensais avoir frappé à la bonne porte. Et cela a plutôt bien démarré : j'ai ressenti une immédiate sympathie pour cet écrivain sans succès qui avoue n'avoir couché avec personne depuis des années, qui regarde les femmes croisées dans la rue "sans désir, avec une impression de futilité" et pour qui l'idée d'entretenir une relation avec l'une d'entre elles dépasse l'imagination... Malheureusement, j'ai assez vite déchanté.

Alors que notre poète commence enfin à bénéficier de la reconnaissance du public, le récit de sa vie tourne à un catalogue répétitif et lassant de ses beuveries et de ses rencontres féminines, lesquelles sont toutes vues sous l'angle quasi exclusif de la sexualité. Ces femmes, jeunes, jolies et peu farouches, s'avèrent plus ou moins interchangeables, puisque limitées à leurs orifices et à la satisfaction que ceux-ci apportent à l'auteur. Lire des choses crues et provoc' ne me dérange pas, au contraire (sinon je ne me serais jamais aventuré chez Bukowski) mais je regrette qu'il ne montre aucun recul, aucune ébauche de réflexion sur ce qu'il expérimente. Sans lui demander de faire un travail de sociologue, qu'un quinquagénaire obèse, moche et crasseux jusqu'à présent snobé par les femmes se transforme du jour au lendemain en irrésistible séducteur, aurait pu donner l'occasion d'interroger les notions d'hypergamie féminine, de preuve sociale... ce qui pour le coup aurait été en plein dans le politiquement incorrect, bien plus que relater des séances de cunnilingus à peu près aussi émoustillantes et subversives qu'un édito de Maïa Mazaurette. Au début du roman, sa compagne Lydia reproche au narrateur d'écrire sur les femmes tout en n'y comprenant absolument rien ; 400 pages plus tard, après avoir invité des dizaines d'entre elles dans son lit, il aura au moins appris où trouver le clitoris. Pour la psychologie, en revanche, on repassera.

Les quelques bons mots distillés çà et là par l'auteur ("La pire chose qui puisse arriver à un écrivain, c'est de connaître un autre écrivain, et, pire encore, de connaître d'autres écrivains. Comme des mouches sur un bout de barbaque.") n'auront pas suffi à me passionner pour un tel roman, et surtout à me convaincre qu'il n'était pas totalement vain. Par conséquent, j'ai lu sa seconde moitié en diagonale, histoire de confirmer qu'elle n'apporterait rien de nouveau par rapport à la première : boire et baiser, encore et encore, sans rime ni raison. Dans un esprit assez proche, j'ai largement préféré le "Karoo" de Steve Tesich, avec son personnage principal d'écrivain alcoolique bien plus profond et attachant que celui de Bukowski, et plus stimulant d'un simple point de vue littéraire... en bref, un roman qui aurait mérité que j'en rédige une critique à la place de ce "Women" très vide, sur lequel il y a au bout du compte peu à dire.
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Ce qui est super chez Bukowski, c'est qu'il ne s'emmerde pas avec la pensée, l'éthique, l'objectivité et la vérité. Chez Bukowski, il n'y a que l'expérience. Par un tour de passe-passe que certains appelleront le génie et d'autres l'obscenité, il arrive à nous livrer quelque chose de très balèze à travers le récit de ses beuveries, de ses baises et de ses paris. Et le plus fort, c'est que ce quelque chose nous semble universel alors que c'est juste l'histoire d'une bite de 17cm avec des grosses veines violettes.

Women, c'est Bukowski dans tous sa pathétique splendeur, dans toute sa beauté crasse. Women, c'est une enquête ethnologique mais pas sur les femmes, le titre est trompeur. Women est un livre sur les hommes.
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Je fais partie de ces lecteurs qui aiment Charles Bukowski. Je l'aime pour sa franchise et pour son honnêteté : il déballe sans rien cacher, il se montre tel qu'il est, il ne se trouve jamais d'excuse, il ne se plaint pas non plus mais ceci ne nous empêche pas de percevoir un mal être, une souffrance, une tendresse également... Il me donne l'impression d'être une plaie ouverte dont il calme les souffrances grâce à l'alcool et aux plaisirs de la vie ...

Le sexe revient régulièrement dans ses romans et ce n'est pas ce qui me choque ; parfois, je ris énormément. Mais dans Women, c'est juste "chiant". Cette multitude de conquêtes, de mots crus, pour quoi faire, pour choquer ? Il m'en faut un peu plus pour l'être et ce roman m'a juste terriblement ennuyé. Je vois là un gars qui étale ses coups d'un soir (ou deux..) et je ne trouve aucun intérêt à cela. Charles Bukowski n'est pas le seul à "tirer son ptit coup'" et je ne parviens toujours pas à trouver la pertinence de ce roman malgré les bonnes critiques positives. Je suis passée peut-être à côté ?
Alors oui, j'ai bien perçu la souffrance de Bukowski de n'être pas aimé pour ce qu'il est vraiment. Ces filles viennent le voir parce qu'il est écrivain, non pour ce qu'il est. Mais ce sentiment ne sauve pas en ce qui me concerne un étalage de jolies filles, de corps, de graisse et de sexes... On en revient toujours au même, il tourne comme en rond, c'est lassant et sans intérêt. Les quelques bons passages ne suffiront pas à me faire aimer Women.

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J'avais en tête la prestation de Bukowski complètement cuité chez Pivot, et je me disais de temps en temps : "il faut que je le lise". C'est fait. Mais je ne sais pas si je l'ai pris par le bon bout.
Henry Chinaski (c'est l'auteur, bien sûr), écrivain et poète, passe son temps à picoler, à draguer les minettes et à faire l'amour. Je résume la chose : ce livre est une succession de cuites et de coïts.
Je n'ai compté ni les uns ni les autres, mais ça galope ! Disons le : il y a quelques bons moments et quelques lignes touchantes, même si les termes sont crus. Mais tenir plus de 420 pages comme ça relève de la gageure. L'auteur s'essouffle et le lecteur se lasse.
Et les femmes ? Elles sont jeunes et belles. Mais elles se résument à leurs corps. le reste n'intéresse guère Henry. Certaines sont même hystériques, ou nymphomanes capables de traverser l'Amérique pour que monsieur plante son "poireau" et lui titille le "bouton", vite fait bien fait. Car s'il n'est pas violent et si elles sont consentantes, l'affaire se résume à cela, entre deux cuites, et il n'y a guère de tendresse.
Livre porno ou pas ? Qu'importe la réponse, à chacun d'en juger. J'aurais tendance à dire que non en pensant à quelques beaux paragraphes.
Garderai-je ce livre dans ma bibliothèque qui déborde ? Non, je ne pense pas. Il va rejoindre une boîte à livres du voisinage. J'hésite cependant. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne action.
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J'ai trouvé ce "cahier rouge" à la bouquinerie, son allure usée et pliée laissait voir qu'il avait passé de mains en mains et été lu plusieurs fois. Je l'ai adopté. Bukowski ou Chinaski ou encore Hank est un homme étrange, il entame son livre de cette façon "J'avais cinquante ans et je n'avais pas couché avec une femme depuis quatre ans". Nous entrons alors dans un récit autobiographique où l'auteur se décrit tel qu'il est. Il ne cherche pas à se magnifier, à enrober ou enjoliver, non, il se décrit tel qu'il est avec tous ses défauts. Son alcoolisme, son oisiveté, son égoïsme.
Je voulais sortir de l'image cliché du personnage suite à son passage sur un plateau télévisé en France; lire son oeuvre. J'ai bien aimé "Women" et désormais je chercherai ses autres livres. Il y déclare qu'il aime "Céline" jusqu'à Voyage au bout de la nuit. Un "personnage", tout de même...
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Jamais je n'écrirai comme Bukowski,


jamais je n'écrirai que les filles ont de jolis culs,
pour rien au monde je ne mettrai sur le papier
que caressé par leurs seins splendides,
j'ai pu les baiser pendant dix-sept jours
comme un oiseau en feu
qui regarde Kandinsky;

jamais je ne penserai à l'alcool
et à un poète marcheur marchand,
dans les bras d'une fille qui me montre
tous les trucs du pays de ses merveilles
dans un chalet de la montagne bleue
où nous écoutons Stravinsky ;

Je peux me réveiller comme lui,
je peux regretter mes regrets,
j'ai pu insulter le monde,
je peux aussi boire de l'Ardbeg
ou du Macallan,
et tous les single malt whiskys

mais jamais je n'écrirai comme Bukowski.


effleurements livresques, épanchements maltés http://holophernes.over-blog.com © Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Difficile de laisser un petit mot post-lecture de Women de Bukowski sans mentionner la misogynie ? Mais il y tellement plus dans cette succession d'épisodes tragi-comiques de la vie de l'alter ego de Bukowski !

Ces femmes qui semblent sortir de nulle part et faire irruption dans la routine d'écrivain et poète alcoolique partisan du moindre effort, éternellement surpris de ces apparitions et émerveillé de sa chance. La rencontre occasionnelle et explosive de deux ou plusieurs de ces femmes. Chinaski toujours en bon vieux dégueulasse, mais ça, on le savait, et l'autre côté, la scène est tenue par un bon lot d'allumées toutes aussi divertissantes que lui. Une logique hilarante. Des excursions à l'hippodrome ou à l'aéroport comme vous n'en avez jamais lues. Des personnages secondaires récurrents ou des potes organisant ses lectures de poèmes particulièrement loufoques... et une écriture accessible, sans excès ni exercices de style inutiles et drôle !

Chaque "vignette" se clôture d'un haussement d'épaule presque fataliste, parfois accompagné d'une réflexion plus profonde, teintée de solitude et de tristesse. Mais voilà Hank qui se retourne aussitôt sur une autre paire de jambes qui le mènera encore et toujours dans une nouvelle aventure dont il est le héros ridicule et attachant, imprévisible malgré tout, sans jamais se prendre au sérieux.
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J'ai découvert BUKOWKI y'a tout juste un an et je ne m'en suis toujours pas remis. Aussi ai-je décidé de me dégoter un autre bouquin pour voir si tout cela n'était que passager... Et ça ne l'est pas !!! C'est le genre de mecs que j'affectionne... Comme GAINSBOURG, ARNO ou LEOTARD (non pas François, mais Philippe ; encore que le premier a pondu un petit pamphlet pas dégueu du tout qui mérite le détour)

Dans Les Contes de la folie ordinaire, c'est surtout l'alcool à outrance qui m'avait marqué, voire traumatisé... Là, c'est la baise à tout va. Autres temps, autres moeurs...
Lien : http://iti1801.net/blog/inde..
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A notre époque portée aux autodafés ,où l'on censure les cigarettes des photos, l'alcool des films et la fin de Carmen que resterait-il d'un tel livre ? Rien sans doute … car on y fume , on y boit ,on y baise à jet continu (si j'ose cette expression) . On y gerbe aussi constamment et l'on s'y confronte au vide et au « parfum de tristesse » que crée l'assouvissement des désirs compulsifs ,à la conscience coupable de la faiblesse humaine. de la littérature …enfin.
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