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Editions Francis Lefebvre (Traducteur)
EAN : 9782070771233
240 pages
Gallimard (11/01/2007)
3.5/5   19 notes
Résumé :
New York, 1990.
Frank Verbeckas travaille comme infirmier de nuit. Son quotidien est une éternelle plongée dans la misère humaine et le chaos urbain d'un Manhattan à bout de souffle où le chômage et le crack se sont taillé la belle part de la Grosse Pomme. Mais Frank n'est pas qu'un simple infirmier, il est aussi photographe à ses heures. L'oeil dans le viseur, il traque l'humanité abîmée qui se dévoile devant lui.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Avant le saisissant 911, paru en 2014 chez Sonatine, il y a eu le très beau Manhattan Grand-Angle, premier roman noir du décidément doué Shannon Burke qui puise là aussi une part de son inspiration dans son expérience d'ambulancier à New York. Comme le Ollie Cross de 911, le personnage central de Manhattan Grand-Angle, Frank Verbeckas, est un peu un intrus dans le monde fruste des ambulanciers. Jeune homme doué, sans doute destiné à des études brillantes comme son frère devenu chirurgien, Frank a choisi d'écumer Manhattan, en pleine épidémie de crack dans ce début des années 1990, dans une ambulance. Et toujours avec son appareil photo.
« (…) un homme pendu depuis trois semaines, un bébé mort de faim, un sauteur empalé sur une grille, le ralentisseur de Lenox Avenue », Frank accumule les clichés morbides, saisi la misère au quotidien, moins pour assouvir quelque perversion morbide que pour ne pas regarder vraiment la mort – et, partant, la vie – en face. C'est lors d'une de ces interventions-séance photo qu'il rencontre Emily, blessée au genou par la balle qu'un homme s'est tiré dans la tête. Emily est séropositive, Frank en tombe amoureux. L'histoire pourrait n'être que tragique et, fatalement, elle le sera à un moment à un autre, mais elle devient pourtant peu à peu porteuse d'espoirs, à commencer par celui de pouvoir aimer la vie, malgré tout : comme anesthésié depuis le suicide de son père, Frank n'en attend plus rien tandis qu'Emily sait qu'en ce qui la concerne les dés sont jetés. C'est comme cela qu'à deux, dans le chaos de la mégapole et de leurs existences, ils ouvrent peu à peu une parenthèse dans laquelle ils peuvent panser leurs plaies et se porter l'un l'autre.
Pour autant, Shannon Burke ne sort pas les violons et écarte autant que possible tout pathos. le regard est froid et, quelque part, n'est pas sans rappeler les clichés de Frank. Il n'y a là ni jugement, ni volonté de faire pleurer dans les chaumières. Juste la vie, ses sales coups, ses moments lumineux, son ennui et son urgence. C'est souvent saisissant, parfois extrêmement poignant et toujours sans artifice. Un roman qui mérite amplement qu'on le redécouvre.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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le constat est simpe,Manhattan grand-angle est le digne prédécesseur de 911.
Autant dans la forme et la construction avec,déjà, ces chapitres courts qui se succèdent les uns aux autres comme un journal intime,une chronique de vie pour nous raconter une partie de l'existence de Franck Verbekas ; que le sujet avec cette image de moines-soldats qui se dégagent de ces ambulanciers/urgentistes et avec leur mélange de vocation et de je m'en foutisme pour leur métier,ils sont capables à la fois de sauver des vies et de rouer de coups un alcoolo pour qui ils doivent intervenir quasi-quotidiennement.
à cela Burke ajoute plusieurs thèmes qui s'entremêlent à travers Franck et Emily: la photo bien évidemment,l'escrime et surtout le sida avec les idées et clichés de l'époque (l'histoire se passe en 1990).
Le ton est très sombre,quasi-désespéré et d'une infinie tristesse par moment
mais il y a une étincelle d'espoir,de lumière qui donne énormément de force et de dignité à cette histoire.
2 romans de Shannon Burke,2 très grandes claques
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Le préambule de la photographie "décalée" nous plonge dans un questionnment; étude sociologique, perversité expiant les blessures passées ou pur démarche artistique?
L'on se concentre ensuite mais progressivement vers un amour "improbable" révélant par la même la personnalité de Franck. La pathologie incurable de sa compagne soulignera alors son engagement, son humanité et sa sensibilité contrebalancés par une relation pudique avec un frère, figure tutélaire de sa propre existence.
Plusieurs lectures de cette oeuvre voire plusieurs sens qui expriment, sous couvert d'un plume suggestive et juste, les fêlures, les ressources insoupçonnées, l'intangible lien d'amour entre deux êtres faits de chair et d'os sur un sujet qui me porte à coeur et me concerne au premier chef.
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Manhattan Grand-Angle, c'est d'abord une couverture. Un titre incliné, incrusté, assommé par la rudesse des angles droits et coupants d'un New-York à la beauté noire et imposante. le plaisir esthétique est immédiat. On sait à quel livre on a à faire : Manhattan en sera le centre, et il sera... noir.

Franck est infirmier et photographe amateur. On suit un peu circonspect, ce type dégingandé et brumeux qui accepte de voler par faiblesse, photographie les suicidés et laisse ses collègues se défouler sur un clochard aviné. L'atterrissage sur cette terre est brutal, l'homme y est malmené, presque nié.
Malgré l'apparente noirceur du cadre, Shannon Burke élève ses personnages, les transfigure pour les amener à un point de rupture - lequel n'évoque pas la résignation mais la noblesse.
C'est un roman dense, où les chapitres très courts pourraient se se suffire à eux même tant ils sont significatifs et profonds.
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Comme dans "911", Shannon Burke nous immerge avec "Manhattan Grand-Angle" dans la brutalité sordide du quotidien de son narrateur.

1990.
Franck, vingt-trois ans, est ambulancier urgentiste à New York. Et comme le héros de "911", il paraît décalé dans ce milieu d'hommes rustres et parfois violents, qui parcourent les rues de Manhattan où le crack et la pauvreté font des ravages. Il est pourtant de ceux qui participent aux larcins -vols de médicaments ou de matériel médical- que commettent, de manière très organisée, certains membres de l'équipe, et sait détourner les yeux quand son coéquipier a la main trop leste envers quelque sans-abri alcoolique. Tout cela dans la parfaite immunité que leur vaut des accointances avec une police de terrain qui partage avec eux de se prendre chaque jour, de pleine face, le même bourbier.

Mais Franck est difficile à cerner, et il effraie un peu, avec sa manie de se foutre de tout, de n'avoir peur et n'être dégoûté de rien... Et puis il a cette marotte bizarre, cette attirance morbide pour les manifestations les plus repoussantes de la mort ou de la maladie, qui l'incite à photographier les corps pourrissants, les blessures purulentes, les chairs meurtries, comme poussé par une fascination pour tout ce qui corrompt le plus ignoblement la vie, la beauté, la dignité. Est-il malade, malheureux ou indifférent ? Et qu'est-ce qui a fait dévier le parcours de cet étudiant doué, sans doute promis, à l'instar de son chirurgien de frère avec lequel les relations semblent très tendues, à un brillant avenir ?

Sa rencontre avec Emily, jeune sidéenne passionnée d'escrime, va peu à peu fendiller la carapace, et en révélant les démons à l'origine de cette téméraire et effrayante désinvolture, lui donner le courage de recouvrer sa capacité à l'empathie.

Succession de brefs épisodes déroulés avec une efficacité neutre et précise, "Manhattan Grand-Angle" est un récit saisissant, comme écrit "sur le vif", où la mort et la misère s'enchevêtrent naturellement à une puissante énergie vitale, où il n'y a ni héros, ni ordures, juste des hommes, inévitablement faillibles.

A lire.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais Emily domine cette photo, et on y distingue avant tout une jeune femme terriblement décharnée. Des mains transformées en serres enveloppant les coudes, des épaules rachitiques, un cou aux veines saillantes, et une tête qui commence à ressembler à un crâne. Mais à y regarder de plus près, on remarque son expression, qui ne reflète pas la douleur, la colère, l'amertume ou la souffrance, mais la force, la dignité et même la noblesse. Quelque que chose qui n'a pas vaincu la maladie, mais qui a survécu en dehors.
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