Pour commencer un nécessaire éclaircissement : ce Drumul cenușii (
Chemin de cendres) a été publié en 1988 et représente le second volume (après Refugii [Refuges], 1984) de la trilogie Zidul morții [Le Mur de la mort]. Par ailleurs, il faut préciser qu'il s'agit d'une (en)quête. Adrian Coman, recherche l'ingénieur Helgomar David, personnage qui apparaît pour la première fois dans Fețele tăcerii [Les Visages du silence], 1974.
Marian Popa qualifie le romancier de « philosophe de l'existence sociale ». Dans ce roman, cela reste encore valable, même si comme le fait remarquer un autre critique roumain,
Nicolae Manolescu, « l'impression de mystère préfabriqué et de sensationnel, persiste d'un bout à l'autre, explicable, en partie au moins, par le désir de l'auteur de jeter un brouillard protecteur sur le véritable sujet du roman ». Ce « brouillard » s'avère « épais » et il est censé protéger contre la censure communiste, car le romancier aborde la question, délicate, des revendications des mineurs. En l'absence de toute possibilité de faire référence à la grève de 1977 des mineurs, l'auteur va accumuler des péripéties pour brouiller les pistes, ce qui peut perdre le lecteur en cours de route. Il crée un véritable labyrinthe de preuves.
C'est pourtant un écrivain dont j'apprécie beaucoup le courage et la philosophie littéraire qui consiste, au bout du compte, à dire que dans l'opposition des méchants contre les gentils, les méchants sont toujours plus expressifs. Il ne fait pas que dénoncer le régime liberticide communiste. Il opère une véritable descente dans les bas-fonds humains pour les sonder.
Une lecture qui se mérite, donc !