Virginie Despentes accompagnée par le groupe Zëro : Éric Aldea (guitare), Ivan Chiossone (claviers), Frank Laurino (batterie)
Son : Wilo
Depuis Baise-moi en 1994, Virginie Despentes s'est imposée comme une écrivaine majeure avec notamment Les Jolies Choses (prix Flore 1998), Teen Spirit, Apocalypse bébé (prix Renaudot 2010) ou encore son essai King Kong Théorie. C'est qu'il y a chez elle une énergie d'écriture salutaire et sans concession, mais aussi une intelligence rare. L'acuité de son regard sur le monde contemporain (tantôt hilarant, tantôt glaçant de vérité), on la retrouve dans la « série » Vernon Subutex, fresque incroyable en trois tomes. Personne n'échappe à Virginie Despentes et, en même temps, elle sait très bien qu'il est jouissif de canarder à tous crins. Elle s'efforce donc de prendre à bras-le-corps, et d'aimer aussi, cette galerie de personnages ultramodernes qu'elle met en scène.
Ce soir elle vient accompagnée du groupe de rock Zëro pour payer une dette littéraire : celle qu'elle doit au mythique Requiem des innocents de Louis Calaferte.
À lire – Virginie Despentes, Vernon Subutex 3, Grasset, 2020.
À écouter – Zëro, « Requiem des Innocents » (avec Virginie Despentes), 2LP Ici d'Ailleurs, 2020.
Louis CalaferteLouis Calaferte : Théâtre complet tome 4 sur 4
Catherine Seghers (Illustrateur)/5 1 notes
Catherine Seghers (Illustrateur)/5 1 notes
Résumé :
Si Louis Calaferte s’est essayé au théâtre très jeune, son œuvre théâtrale, pour l’essentiel, a été produite entre les années 60 à 80, d’abord avec Mégaphonie en 1963, Trafic en 1965, et l’écriture de pièces pour France Culture. Mais le public ne le découvre vraiment que dans les années 70. En 1973 Chez les Titch, mis en scène par Jean-Pierre Miquel au Petit Odéon, connaît un vrai succès. Suivront ensuite les créations à Paris et à Reims d’autres pièces du Théâtre I... >Voir plus
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Citations et extraits (9)
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L'ENTONNOIR :
Maman, à Bambi :
Tu veux que maman mange encore les petits ongles de Bambi ?... (Elle les lui mange) Gra gra gra gra gram !.... (Bambi rit) Et tous ses petits doigts aussi ?... Elle a très faim maman, elle mange tous les petits doigts de son Bambi gra gra gra gra gram !.... (Bambi rit de plus belle) Les petits doigts, les petites mains, les petits bras et gra gra gra gra gram ! Elle mange aussi le petit ventre de Bambi !
Papa, réprobateur :
Non, pas le ventre !
Maman, logique :
Pourquoi, pas le ventre ?
Papa :
Il ne faut pas faire ça avec les enfants, enfin, écoute, tu le sais aussi bien que moi.
Maman :
C'est un jeu...
Papa :
Pour nous c'est un jeu. Pas pour eux. Si on fait semblant de les manger, eux ils croient que c'est pour de bon, comment veux-tu qu'ils fassent la différence ? Ils deviennent des victimes, ça peut les marquer pour la vie. Non, non, il ne faut pas faire des choses comme ça, attention, c'est grave.
Maman :
Mais puisque ça le fait rire ?
Papa :
Tu crois qu'il rit, mais en fait, il a peur.
Maman :
Enfin, regarde-le, il n'a pas l'air d'avoir peur ?
Papa, explicatif :
C'est une peur inconsciente.
Bambi :
Glo !
Maman, à Bambi :
Tu veux que maman mange encore les petits ongles de Bambi ?... (Elle les lui mange) Gra gra gra gra gram !.... (Bambi rit) Et tous ses petits doigts aussi ?... Elle a très faim maman, elle mange tous les petits doigts de son Bambi gra gra gra gra gram !.... (Bambi rit de plus belle) Les petits doigts, les petites mains, les petits bras et gra gra gra gra gram ! Elle mange aussi le petit ventre de Bambi !
Papa, réprobateur :
Non, pas le ventre !
Maman, logique :
Pourquoi, pas le ventre ?
Papa :
Il ne faut pas faire ça avec les enfants, enfin, écoute, tu le sais aussi bien que moi.
Maman :
C'est un jeu...
Papa :
Pour nous c'est un jeu. Pas pour eux. Si on fait semblant de les manger, eux ils croient que c'est pour de bon, comment veux-tu qu'ils fassent la différence ? Ils deviennent des victimes, ça peut les marquer pour la vie. Non, non, il ne faut pas faire des choses comme ça, attention, c'est grave.
Maman :
Mais puisque ça le fait rire ?
Papa :
Tu crois qu'il rit, mais en fait, il a peur.
Maman :
Enfin, regarde-le, il n'a pas l'air d'avoir peur ?
Papa, explicatif :
C'est une peur inconsciente.
Bambi :
Glo !
TRAFIC :
Papa :
Ils se croient forts parce qu'ils montent et descendent les escaliers, parce qu'ils courent toute la journée à droite et à gauche, que tout le monde leur dit bonjour, qu'ils reçoivent des visites, un tel, un tel, qu'ils vont les uns chez les autres et qu'ils ont des amis. Des amis !... Grimaces ! Hypocrisie !
Rien de plus.
Mamie :
Ils prennent des trains...
Papa :
Un jour ici, un jour ailleurs... Ils enfilent des pantalons neufs, ils sont bien tenus, en bonne santé, les femmes les regardent.
Mamie :
Des femmes fardées...
Papa :
Mais ils puent !
Mamie, riant fort :
Ils puent !
Papa :
Ils se croient forts parce qu'ils montent et descendent les escaliers, parce qu'ils courent toute la journée à droite et à gauche, que tout le monde leur dit bonjour, qu'ils reçoivent des visites, un tel, un tel, qu'ils vont les uns chez les autres et qu'ils ont des amis. Des amis !... Grimaces ! Hypocrisie !
Rien de plus.
Mamie :
Ils prennent des trains...
Papa :
Un jour ici, un jour ailleurs... Ils enfilent des pantalons neufs, ils sont bien tenus, en bonne santé, les femmes les regardent.
Mamie :
Des femmes fardées...
Papa :
Mais ils puent !
Mamie, riant fort :
Ils puent !
LES DERNIERS DEVOIRS
Juliette :
S'il y a un jour où je n'ai pas envie d'aller au restaurant, c'est bien aujourd'hui, je t'assure.
Henri :
Je comprends bien, ma chérie, mais faire la cuisine en supplément, je trouve que dans un sens c'est encore pire.
Juliette :
Non, j'aime autant, comme ça, ça ne sort pas de chez moi... Le restaurant, je n'aurais vraiment pas pu. (passant la main sur le dessus d'un meuble) C'est incroyable ce qu'il y a comme poussière, ici. On a beau la faire tous les jours...
Henri :
Tu aurais pu faire livrer, commander quelque part...
Juliette :
J'ai commandé aussi. J'ai pris des bouchées à la reine et un vacherin.
Henri, tout naturellement :
Chez Garaudier le vacherin ?
Juliette :
Bien sûr.
Henri, connaisseur :
Ils le font bon.
Juliette :
J'ai une quiche au four et mon poulet en sauce ; on l'a fait hier avec Sylvie, et je n'aurai plus qu'à faire réchauffer en rentrant. Tout le monde aime ça et ça fait un gros plat.
Henri :
Oui, ça fait manger du pain...
Juliette :
Avec les bouchées à la reine, ça devrait aller...
Henri :
Oui, et puis enfin ils ne viennent pas pour manger.
Juliette :
S'il y a un jour où je n'ai pas envie d'aller au restaurant, c'est bien aujourd'hui, je t'assure.
Henri :
Je comprends bien, ma chérie, mais faire la cuisine en supplément, je trouve que dans un sens c'est encore pire.
Juliette :
Non, j'aime autant, comme ça, ça ne sort pas de chez moi... Le restaurant, je n'aurais vraiment pas pu. (passant la main sur le dessus d'un meuble) C'est incroyable ce qu'il y a comme poussière, ici. On a beau la faire tous les jours...
Henri :
Tu aurais pu faire livrer, commander quelque part...
Juliette :
J'ai commandé aussi. J'ai pris des bouchées à la reine et un vacherin.
Henri, tout naturellement :
Chez Garaudier le vacherin ?
Juliette :
Bien sûr.
Henri, connaisseur :
Ils le font bon.
Juliette :
J'ai une quiche au four et mon poulet en sauce ; on l'a fait hier avec Sylvie, et je n'aurai plus qu'à faire réchauffer en rentrant. Tout le monde aime ça et ça fait un gros plat.
Henri :
Oui, ça fait manger du pain...
Juliette :
Avec les bouchées à la reine, ça devrait aller...
Henri :
Oui, et puis enfin ils ne viennent pas pour manger.
MO :
Mo est le seul personnage.
D'un âge indéterminé dans le vieillissement.
Tous ces petits morceaux de nous qui meurent à tout bout de champ... Un ongle, un cheveu, un bout de peau, un cheveu, un ongle et ainsi de suite et tout ce qu'on ne voit pas, qu'on ne sent pas, qu'on ne sait pas. (Temps très bref. Solennel) Dont on ne se doute même pas !... (Temps très bref) On appelle ça vivre. (Temps très bref) On n'arrête pas de mourir... Un peu plus mort maintenant que tout à l'heure et tout à l'heure un peu plus que maintenant... (Il fredonne)... petit mousse... vent te pousse... na na na na...na na na na...(Tout en fredonnant, il tortille l'un des boutons de son veston). Garder ses forces. Marcher. Marcher... Aller où ?... Où nulle part. Marcher, c'est tout. Pour marcher.
Mo est le seul personnage.
D'un âge indéterminé dans le vieillissement.
Tous ces petits morceaux de nous qui meurent à tout bout de champ... Un ongle, un cheveu, un bout de peau, un cheveu, un ongle et ainsi de suite et tout ce qu'on ne voit pas, qu'on ne sent pas, qu'on ne sait pas. (Temps très bref. Solennel) Dont on ne se doute même pas !... (Temps très bref) On appelle ça vivre. (Temps très bref) On n'arrête pas de mourir... Un peu plus mort maintenant que tout à l'heure et tout à l'heure un peu plus que maintenant... (Il fredonne)... petit mousse... vent te pousse... na na na na...na na na na...(Tout en fredonnant, il tortille l'un des boutons de son veston). Garder ses forces. Marcher. Marcher... Aller où ?... Où nulle part. Marcher, c'est tout. Pour marcher.
MO :
A peine le temps de voir, de savoir, de comprendre. Quelle bousculade ! Pffuitt ! Pffuitt ! Pffuitt ! Dérisoire. (Temps très bref. Morne) Dérisoire.... (Temps bref) A peine le temps de se retourner, de e connaître... Un peu... A peu près de se connaître, de pénétrer un peu les choses... et soi-même. Surtout soi-même. Ça !...(Temps très bref) A peine le temps. Ouvre l’œil? Ferme l’œil. Plaf ! (Temps très bref) Pas le temps de saisir. (Temps très bref) Peut-être pas faits pour -saisir... Ah ! saisir...(Un peu clownesque) On est là - on est là ! On n'est plus là - on n'est plus là !
A peine le temps de voir, de savoir, de comprendre. Quelle bousculade ! Pffuitt ! Pffuitt ! Pffuitt ! Dérisoire. (Temps très bref. Morne) Dérisoire.... (Temps bref) A peine le temps de se retourner, de e connaître... Un peu... A peu près de se connaître, de pénétrer un peu les choses... et soi-même. Surtout soi-même. Ça !...(Temps très bref) A peine le temps. Ouvre l’œil? Ferme l’œil. Plaf ! (Temps très bref) Pas le temps de saisir. (Temps très bref) Peut-être pas faits pour -saisir... Ah ! saisir...(Un peu clownesque) On est là - on est là ! On n'est plus là - on n'est plus là !
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