Chatoyant, relevé, « le renard et la hyène » de Najd (Arabie-Saoudite) est un conte attrayant, dévoilé dans ce bel album en français et arabe. Les illustrations colorées, vives, douces, picturales expressions de haute voltige renforcent la lecture en hymne porteur. Attentives à l'enfant plongé dans les couleurs, en partance dans cette contrée littéraire hors pair. le summum est là, empreint de délicatesse. L'album est précieux, le dépaysement grandiose. L'enfant enchanté ouvre la porte du désert, foule le sable brûlant, admire le soleil couchant en parure orientale. On apprécie cette ouverture universelle, cette langue si belle en partage, à portée de pages et de générosité. L'osmose est là. Entre les charmes mélangés de deux langues et les images que les regards retiennent pour l'après. « Ouvrez-moi la porte, mes enfants, dit-il en imitant la voix de la hyène, je suis votre mère. » Voici l'heure de l'écoute. On aime cette mise en abîme, ce renversement. le renard serait-il donc plus rusé et pernicieux que la hyène ? Ces quatre petites hyènes restées seules à la maison vont-elles écouter leur maman ? Ne pas ouvrir au renard. le renard de page en page, de ritournelles en boucles persévère. L'anthropomorphisme souligné est un transfert pour l'enfant. Une morale qui survient subrepticement. Que va-t-il se passer ? Ce conte majestueux invite aux messages, aux méfiances, à la malice, à la débrouillardise, à la ténacité. le renard est certes un danger. Néanmoins, les signaux sont vifs. Il faut toujours apprendre à se méfier. La ténacité du renard, sa volonté de vouloir croquer les petites hyènes, son endurance dans les épreuves pour arriver à l'ultime, séquences après séquences attisent ce conte de suspens . L'enfant est acteur de ce conte. Il ressent des émotions, veut protéger ces quatre petites hyènes. le livre est vivant, palpitant. Une leçon de vie transposée en conte animalier. Cet album magistral peut être lu au jeune enfant. Lu à voix haute par un plus grand ou un adulte pour un plus petit. le plus est de loin cette double lecture, cette invitation au bercement d'une autre langue. Ce conte Babel, se mérite. Il faut en prendre soin. Il devrait et vite se trouver dans chaque école, bibliothèque. Il est incontournable et perpétuel. Il est ouverture, rêve et imaginaire. « D'après une version de Abdul Karim Aljuheyman, raconté par Saäd Bouri, et illustré par
Emilie Camatte » Publié aux majeures Editions du Jasmin.