Magnifique ouvrage, hommage de
Catherine Camus à son père (assistée de
Marcelle Mahasela), qui évoque
Albert Camus dans toutes ses dimensions, dans tous ses engagements, journaliste, romancier, essayiste, auteur et metteur en scène de théâtre.
Camus par l'image (superbe iconographie), Camus au plus proche (nombreuses et fascinantes archives, manuscrits comme épreuves retravaillées), Camus intime (où l'on lit, au fil des années, sur le si beau visage de sa femme Francine, combien la vie, peu à peu, les éloigne).
Camus, surtout, en ses mots, avec des extraits toujours subtilement choisis de ses ouvrages publiés, de ses carnets, de ses discours ou de ses interviews.
Camus lumineux, Camus combattant (« la lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir le coeur d'un homme »), épris de soleil et de vérité, traçant son chemin d'homme.
Esprit curieux, toujours en alerte, coeur noble, toujours en mouvement, jamais insensible, jamais silencieux face aux douleurs humaines, mais aussi plein du courage de rêver.
Camus doutant, Camus dans ses souffrances comme dans sa compassion, ne restant pas à l'abri, se confrontant au monde. Solitaire et Solidaire.
De la vie, il prend tout (« il y a ainsi une volonté de vivre, sans rien refuser de la vie, qui est la vertu que j'honore le plus au monde »), il fait face, s'efforçant de garder les yeux, le coeur, l'esprit ouverts.
Au milieu de la vie, parcouru par son souffle, il le sent, l'essence même de tout son être, c'est le besoin irrépressible de créer : « la vie, la merveilleuse vie, son injustice, sa gloire, sa passion, ses luttes, la vie recommence encore. Force encore de tout aimer et de tout créer. »
Alors, encore et toujours, relire Camus comme on s'abreuve à la source d'eau vive, son écriture dense, où chaque mot pèse de tout son sens, cette faculté merveilleuse d'aller tout droit en la vérité de chaque être, de la toucher sans faux-semblant, en frère.
Pour finir par ces lignes, si belles. Tout Camus est là : « Et cette admirable volonté de ne rien séparer ni exclure qui a toujours réconcilié et réconciliera encore le coeur douloureux des hommes et les printemps du monde ».