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sur 1832 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si la vie n'a pas de sens, elle est donc absurde. Comment assumer cette absurdité ? Camus pose la question de manière abrupte dès les premières lignes « Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie. »

Ce départ tonitruant interpelle et donne vraiment envie de connaître la suite du texte. le titre de l'ouvrage est aussi excellent. On connaît tous Sisyphe, ce personnage mythologique condamné à pousser éternellement une pierre au sommet d'une montagne, d'où elle retombe immédiatement. Cette métaphore nous parle parce qu'elle illustre parfaitement les efforts inutiles de l'homme pour accomplir une tâche qui n'a aucun sens. Métro, boulot, dodo et après ?

Comment Camus va-t-il répondre à la question du suicide ? Il faudrait d'abord expliquer en quoi la vie est absurde. Au regard de cette thématique, Camus commente la position de plusieurs philosophes : Heidegger, Kierkegaard, Chestov, Jaspers, Shopenhauer, Husserl. Cette partie de l'ouvrage n'est pas la plus limpide. Ensuite il illustre son propos en développement deux exemples, le premier autour de la notion de « l'homme absurde » regroupant le don juanisme, le comédien et le conquérant. Ces trois archétypes ont en commun le fait de « ne rien faire pour l'éternel ». Don Juan multiplie les conquêtes sans rien obtenir de satisfaisant et se retrouve dans la position de Sisyphe. le comédien passe à côté du réel et le conquérant se sacrifie pour une cause qui n'apporte pas de réponse au sens de la vie. le deuxième exemple est celui de la création artistique, encore une fois celle-ci n'est pas explicative du monde elle est un reflet de la vie librement façonné par un artiste pour divertir le public. En réalité il est difficile de résumer ce livre qui n'est pas facile à lire et je serais bien incapable d'en faire une analyse précise.

Réfléchir sur le sens de la vie et son éventuelle absurdité est évidemment essentiel. Mais si absurdité il y a, celle-ci me semble cantonnée à des faits, des situations, des comportements. Il serait dangereux et surtout inexact de généraliser. Quant au suicide, c'est justement cet acte qui me semble absurde puisqu'il nous prive définitivement de trouver un sens à la vie. Camus semble parvenir à ce type de conclusion puisqu'il préconise de se révolter plutôt que de se suicider. Il faut s'insurger contre l'injustice et l'absurdité de la condition humaine. La liberté et la dignité de l'homme sont dans cet esprit de révolte. Même si la vie est sans signification elle vaut toujours la peine d'être vécue, c'est aux hommes eux-mêmes de donner sens à la vie. Camus conclut son ouvrage par ces mots : « La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux ».

Ce livre est très célèbre et fait partie du cycle de l'absurde avec « L'étranger » et la pièce « Caligula ». J'ai apprécié "L'étranger" et j'aime beaucoup les idées et le parcours de Camus, j'avais donc très envie de lire cet essai, mais j'avoue avoir été un peu déçu. L'auteur qui est issue d'un milieu modeste et qui a vécu dans la simplicité ne semble pas s'adresser ici au plus large public. Il donne l'impression de vouloir parler aux intellectuels et de justifier son propos à grand renfort de considération philosophique complexe qui aurait pu sans doute être exprimée de manière plus abordable. D'ailleurs la plupart des synthèses et analyses que j'ai pu lire à propos de cet ouvrage se contentent au final de souligner les premières et les dernières lignes du texte et de rappeler la signification du mythe de Sisyphe. La métaphore est bien trouvée et le mérite de ce livre est surtout de nous inciter à la réflexion sur ce thème ce qui n'est pas rien.

Au moins dans la forme, Camus est sans doute meilleur romancier que philosophe, il a d'ailleurs toujours affirmé qu'il n'était pas philosophe. Dans ses carnets on trouve cette suggestion : « On ne pense que par images. Si tu veux être philosophe, écris des romans. »

— « Le mythe de Sisyphe », Albert Camus, Folio essais (2018), 187 pages.
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Publié la même année que « L'étranger », « Le mythe de Sisyphe » est un traité sur l'absurdité de l'existence humaine. Dans celui-ci, Albert Camus s'attarde à trouver le sens ou l'absence de sens à donner à nos vies. Pointer du doigt l'absurdité de la religion, du travail, de l'art ou encore de la mort.

Cet essai est globalement intéressant bien que j'en conserverai peu de chose par rapport à son nombre de pages. En tant que profane en philosophie, j'ai souvent été perdu par les réflexions et le style de Camus. Parfois accessibles mais le plus souvent trop complexes pour moi ; une impression qui différait selon les chapitres. Les idées et pistes de réflexions sont pourtant là mais malheureusement peu abordables pour moi.

A lire pour un(e) lecteur/lectrice averti(e).
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Un essai avec beaucoup de caractère et qui donne du relief à d'autres textes de Camus tels que L'étranger. Cette oeuvre philosophique s'inscrit très clairement dans la lignée de Dostoïevski sur la perte du sens de la vie et de l'absurdité de l'existence. Un thème toujours vif après plusieurs siècles de bifurcation philosophique au sein du monde occidental.
Néanmoins, il n'y a qu'un problème vraiment sérieux avec ce livre : c'est son inutile complexité. J'aurais préféré un style mieux structuré et moins obscur, pour ne pas avoir l'impression de passer à côté de certains passages. Je n'aurais pas le culot de dire que l'on se trouve ici en face de "l'effet gourou" tel qu'énoncé par Dan Sperber, mais davantage de clarté n'aurait pas dénaturé le propos (bien au contraire).
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Les événements actuels m'ont amené à relire La. Peste et L'étranger et à lire le mythe de Sisyphe. Je suis la plupart du temps d'accord avec ce grand Écrivain et questionneur. Par contre, son style ou son écriture m'embarrassent…Peut-être un manque de clarté (pour moi). Peut-être un style « daté « ?
Curieux, parce que, pour moi, son discours de réception du prix Nobel est un monument d'écriture…
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Ce livre mérite une certaine attention : il s'agit de "philosophie littéraire" mais il est inspirant à ce titre, bien qu'en général je trouve le formalisme important pour un essai philosophique (d'autres genres littéraires sont plus adaptés à d'autres styles). L'essai présente distinctement la pensée de l'auteur, je ne dis pas le contraire. Simplement - force et faiblesse à la fois - il n'est pas très technique. Sisyphe demeure un symbole fort et le fameux "seul problème philosophique sérieux" mérite de nous guider, d'une certaine manière, à plus d'un titre. En fait, de nombreux propos paraissent si justes et vrais qu'on est amené à les citer.
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J'avais beaucoup apprécié cet essai la première fois que je l'avais lu. La première partie où il démontre que chercher un sens à la vie n'a aucun sens car la condition de l'homme est absurde par essence car le monde n'a aucune logique, l'absurdité domine au quotidien et l'homme est mortel. C'est ce qui rend l'homme libre puis qu'il n'y a ni Dieu ni Être suprême … Bon, ce qui est un peu plus dur à avaler, c'est qu'en gros il est libre soit de suicider (ce n'est pas une bonne solution pour Camus), soit d'accepter sa condition d'homme mortel menant une vie absurde. Ensuite il appuie sa démonstration surtout sur la littérature qui a traité à toutes les époques le thème de l'absurdité et de la révolte face à celle-ci. Pour lui c'est cette révolte, le refus de la résignation qui peut rendre Sisyphe heureux. Camus dit de lui-même « [Si je suis] pessimiste quant à la condition humaine, je suis optimiste quant à l'homme ». Ce qui m'a gêné à la relecture, c'est que Camus pose le problème central en se demandant si Sisyphe est heureux. Il écrit cet essai en 1942, et c'est là qu'il faut faire attention à la lecture, car en 1942, même si ça fait déjà près de deux siècles que Saint-Just a dit que le bonheur était une idée neuve en Europe, on est très, très loin d'une société d'injonction au bonheur comme la nôtre. 1942, c'est la guerre, Camus n'érige même pas le bonheur en idéal, ce n'est pas dans le paysage mental de l'époque, il faudrait alors peut-être le lire en remplaçant « heureux » par « satisfait par ce qu'il fait », ce serait probablement plus juste. Pour ma part, je ne me souviens pas d'avoir eu cette réflexion à la première lecture, mon paysage mental a probablement aussi changé entre temps.
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L'homme désire une connaissance sûre, claire, il a soif d'absolu, d'unité, de clarté.
Ce désir éperdu de clarté est un appel des profondeurs de l'homme selon Camus.

D'un autre côté, le monde, l'univers irrationnel, épais. Les impuissances des penseurs et philosophes à livrer une vraie connaissance sur le monde.

Un homme qui désire comprendre et connaître face à un monde inerte, épais, indéchiffrable.
Voilà l'absurde pour Camus.

Comment vivre dans un monde indifférent ?

Dans cet essai, Albert Camus y répond en.prenant les exemples de Don Juan, de l'acteur et de l'aventurier.

Ce que j'ai aimé : un essai plutôt accessible qui nous pousse à l'action plus qu'à la contemplation, une liberté sans morale.

Ce que je n'ai pas aimé c'est surtout l'introduction abrupte sur la question du suicide, et le style, le style de Camus dans cet essai est sec, presque aride et direct pour étayer ses arguments.

Un essai qui éclaire la thématique de l'absurde qu'on retrouve dans " l'étranger" et dans " la chute ".
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« le mythe de Sisyphe » offre une clé philosophique pour décrypter toute l'oeuvre d'Albert Camus.
L'écrivain y dévoile ainsi sa conception de la vie, qui rejoint pour moi grandement l'existentialisme qu'exprime Sartre dans « La nausée » avec cette idée centrale, que devant l'absurdité du monde, plutôt que de se réfugier dans les dogmes religieux ou philosophiques, l'homme doit accepter cette absurdité, la vivre pleinement et se réaliser dans un travail de création.
Une oeuvre intéressante donc mais que j'ai trouvée moins personnelle et touchante que « La nausée ».
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Livre très compliqué à appréhender pour les néophytes philosophes.
Mais la question posée est bien trop intéressante pour lâcher cet ouvrage. Face à la perception de l'impossibilité d'un sens à la vie devant l'inéluctabilité de la mort, faut-il continuer à vivre ou se tuer ?
Et comment l'homme absurde, conscient de son destin, peut-il réellement avancer dans ce monde qui se bande les yeux pour ne pas voir sa finitude ?
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Superbe essai d'un des maitres en la matière: je me suis régalé a la lecture et ce roman a portee historique est superbe et vous comblera.A ne pas rater !
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