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sur 751 notes
Dans un style tout autant sobre que poignant, Marie Cardinal livre son autobiographie suite à une grave dépression où ses pensées flirtent dangereusement de l'autre rive vers la mort. Elle entreprend une psychanalyse auprès d'un docteur qui m'a bien énervée, le cliché type du psychiatre qui ne dit mot et pose de courtes questions tout aussi clichées. L'intérêt pour Marie Cardinal dans cette psychanalyse est la force qu'elle y trouvera pour exorciser les souvenirs de son enfance. Les mots pour le dire, sont le réquisitoire des traumatismes infligés par sa mère, une mère froide, sévère, hostile qui faute d'avoir raté son avortement de Marie, s'acharnera à formater l'enfant à son image. Marie grandira blessée, amputée d'elle-même, la peur au ventre.
Dans l'exutoire du cabinet, les mots trouvent peu à peu le chemin de l'inconscience, des trauma refoulés. L'inconscience éclaire ainsi doucement la conscience et une conscience éclairée est un premier pas vers la guérison et la reconstruction.
Le potentiel intellectuel de la jeune femme est incontestable, elle perce les méandres et devient magicienne de l'espoir. Elle cerne vite et bien, comprendre sa folie, l'origine de ses maux la transforme.
Récit bouleversant qui n'est pas sans rappeler combien les misères d'une enfance peuvent amener bien des défaillances à l'âge adulte. Même si les mots du malheurs s'envolent, encore faut-il puiser dans sa prison vidée la force pour renaître de ses cendres.
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« Les mots pour le dire » est l'autobiographie poignante de la romancière Marie Cardinal.
La narratrice qui est l'auteure elle-même souffre, somatise, son corps réagit, saigne, il déverse des hémorragies inexpliquées par la médecine.
Son propre sang devient son pire ennemi, il coule sans prévenir, dans des lieux ou bien à des moments non propices. Chaque hémorragie est une douleur morale et physique et la jeune femme désemparée par son lamentable état, sombre et frôle la folie.
Dans un moment de lucidité, elle décide de suivre une psychanalyse, une approche complètement inconnue, mais au fur et à mesure des séances les mots et les maux se lâchent, s'expriment et se révèlent... Ce mal qui la ronge va se matérialiser dans l'image de sa mère, une mère qui est certainement la cause de son calvaire !
Marquée par une mère despote, sévère, froide, la jeune femme garde en elle les stigmates d'une enfance traumatisante. Elle évoquera pendant sa thérapie, ses démons, ses peurs, ses douleurs mais surtout l'essentiel : l'absence totale d'amour d'une mère qui lui reprochera indirectement d'être née.
Témoignage percutant de la romancière où dans son cas, le rôle de la psychanalyse pour cette pathologie, s'avère être bénéfique et positive pour la reconstruction mentale du puzzle de sa vie.
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J'ai lu pour la première fois ce livre il y a une trentaine d'années. Marie Cardinal y fait le récit de la psychanalyse qu'elle a suivie pendant sept ans et des profonds changements qu'elle a produit sur sa vie, sur le plan physique comme sur le plan psychique et sur celui des relations avec son entourage. J'avais déjà apprécié ce livre à l'époque où le l'ai découvert et j'avais gardé le souvenir de certains moments forts (notamment le récit très cru des maux auxquels elle est confrontée et qui vont finalement l'amener à entamer cette analyse, et également un des moments clés où, comme elle le dit, "les portes s'entrouvrent", où les résistances commencent à lâcher). Mais le relire aujourd'hui, alors que la vie m'a conduit sur des chemins où mon équilibre s'est trouvé sérieusement menacé, s'est avéré non seulement enrichissant mais salutaire en soulevant presque à chaque page de profonds échos en moi (quand bien même ma vie n'a que peu de chose en commun avec celle de l'auteure). Marie Cardinal a trouvé le courage de nous raconter, sans fard et dans une très belle langue, tout le chemin qu'elle a parcouru depuis sa naissance biologique jusqu'à ce qu'elle appelle sa "renaissance". C'est un magnifique cadeau qu'elle nous a fait là.
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Dans ce roman autobiographique, la narratrice relate la psychanalyse qu'elle a suivie pendant sept ans, dans les années 60, et qui lui a littéralement sauvé la vie.

Souffrant depuis des années d'une grave dépression, d'angoisses et d'importantes hémorragies gynécologiques (qui s'avéreront être d'origine psychosomatique), au bord du suicide, elle trouve la force, grâce à une sorte d'ultime instinct de survie, de se lancer dans cette thérapie de la dernière chance. Si ses troubles physiques prennent fin aussitôt, presque miraculeusement, son inconscient est beaucoup plus résistant. Peu à peu, cependant, aiguillée par les (rares) questions du thérapeute, la narratrice fera tomber les barrières, jusqu'à la guérison, qu'elle considère comme une renaissance, une reconstruction d'elle-même débarrassée du poids d'un passé traumatisé, des peurs et des contraintes intégrées pendant l'enfance. Car c'est bien dans son enfance que se trouve l'origine de son mal, de ses maux : une mère autoritaire, peu aimante, frustrée, névrosée qui s'ignore, en un mot toxique, voire mortifère.

Il faudra à Marie Cardinal quatre ans d'analyse et de luttes parfois gagnantes parfois perdantes contre son inconscient pour comprendre/admettre cela, et trois années supplémentaires pour se reconstruire, à partir de ce champ de ruines, une individualité, une manière de vivre libre et s'épanouir, enfin.

Récit d'une analyse, récit d'une vie (ou de plusieurs, l'ancienne et la nouvelle), ce texte est impressionnant de courage et de sincérité. Sa lecture est éprouvante, même si on sait que l'issue sera positive, parce que chacun pourrait y trouver des échos qui résonnent plus ou moins avec son propre parcours de vie.

Mettre des mots sur les maux pour les soigner, c'est loin d'être simple et cela ne fonctionne pas pour tout le monde. Dans le cas de Marie Cardinal, les mots ont gagné, et cela lui a permis de nous livrer le récit de son combat dans ce texte magnifiquement écrit.
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« L'oubli est la plus compliquée des serrures mais il n'est qu'une serrure, il n'est pas une gomme ou une épée, il n'efface pas, ne tue pas, il enferme. Je sais maintenant que l'esprit capte tout, classe tout, range tout et entretient tout. Tout, cela veut dire : même ce que je crois ne pas avoir vu, entendu ou senti, même ce que je crois ne pas avoir compris, même l'esprit des autres. Chaque événement aussi minuscule soit-il, aussi quotidien soit-il ‘comme par exemple de m'étirer le matin en bâillant), est catalogué, étiqueté, serré dans l'oubli mais indiqué dans la conscience par un signal souvent microscopique : une brindille d'odeur, une étincelle de couleur, un clignement de lumière, une parcelle de sensation, un éclat de mot. Et même encore moins que cela : un frôlement, un écho. Et même encore moins : un rien qui existerait. »

Récit autobiographique, ce témoignage d'une psychanalyse réussie est très impressionnant et très bien écrit. C'est une oeuvre psychologique qui décrit l'intimité d'une famille, et les personnages sont peu souvent montrés sous leurs beaux jours. L'auteure, souffrant d'une grave névrose, a mis 4 années à reconnaître la cause de ses symptômes et à décrypter le langage de son corps marqué par les traumatismes de l'enfance. Il lui a fallu 3 autres années pour réapprendre à vivre. Rien de bien drôle donc avec cette lecture, vous l'aurez compris. Ce récit bouscule, interpelle. le psychanalyste au fond de l'impasse est une ombre. Il observe une blessure à vif, une plaie béante, une douleur qui n'en finit pas de se décliner devant lui.
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Impossible pour moi de faire la critique de cette histoire tant elle m'a chamboulée. Il est des lectures dont on ne se sort pas indemne et celle-ci en fait partie. Parce que sans être atteinte des troubles de Marie Cardinal, j'ai l'impression que j'aurais pu l'écrire moi-même...
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Adolescente, j'avais tenté de lire cette histoire vécue par l'auteur, mais j'ai abandonné, pas assez mature pour avancer plus…

C'est dans ma cabine téléphonique anglaise, que j'ai retrouvé un exemplaire tout jauni.

Il me faisait de l'oeil sur ma PAL, mais il me fallait du temps pour entamer cette lecture, mes vacances arrivées, j'ai rouvert se livre avec 40 ans de
plus !

C'est le récit poignant de Marie Cardinal qui se trouve face à une crise de vie majeure. le récit d'une dépression grave avec son cortège d'angoisses, c'est l'enfer, l'autodestruction. La machine est en marche. Elle se fait du mal plus que d'autres puissent lui en faire.

Elle est une charge pour son entourage et décide avec courage pour sortir de son gouffre, de consulter un psychanalyste.

La marche est haute et le chemin est inconnu, scabreux et douloureux.

Elle va remonter le cours de sa vie, avec des mots durs, justes, crus, mais remplis de lucidité. Pour guérir elle s'interroge sans complaisance, elle va décortiquer tous ses traumatismes pour comprendre pourquoi elle en est arrivée là.

C'est dans son passé, qu'elle va retrouver face à son psychanalyste, l'enfant corsetée dans le catholicisme, avec ses principes, sa relation à sa mère toxique, empreinte de culpabilité et de responsabilités délétères depuis son plus jeune âge. Une construction sur un terreau favorable à un effondrement inévitable à l'âge adulte.

Elle prend conscience de tous ses maux pas après pas, qui vont faire sens, avec la conscience qu'elle peut s'en libérer. Il y a des tiraillements, des confrontations avec la réalité qui ne sont pas faciles à accepter et à renoncer.

Ses peurs empêchent encore son esprit de se libérer pour s'épanouir. Alors, ses rêves interrogent son inconscient et c'est avec courage et abnégation, qu'elle va découvrir des évènements douloureux, vécus dès son plus jeune âge et s'en libérer, pour vivre.

Quand on a séjourné dans la forêt sombre de la dépression, la remontée de l'abime si difficile soit elle est possible, mais il faut rencontrer les bonnes personnes et prendre le temps avec indulgence de se regarder, s'accepter et s'aimer.

Une histoire qui me touche particulièrement pour avoir été plongée dans de profondes abysses.
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C'est un livre que j'avais lu il y a longtemps, peu après sa sortie en 1976, et je viens de le relire. Toujours autant d'émotion à lire ce livre inclassable, mélange d'autobiographie, de témoignage, de confession, de règlement de compte…

Dans ce livre l'auteure, Marie Cardinal, relate ses années de psychanalyse. Elle le fait sans aucune concession, c'est comme un cri, une crise interne.
Cela commence par un mal physique : la narratrice souffre d'hémorragies violentes depuis des années, sans qu'aucun traitement médical « classique » ne puisse la soulager.
Complètement désemparée, au bord de la folie et du suicide, elle décide de consulter un psychanalyste qui va la sauver et surtout, l'aider à accoucher d'elle-même.
Au fil des séances, nous remontons l'histoire de sa vie, son enfance dans une Algérie en guerre, le divorce de ses parents alors que sa mère n'avait que vingt-huit ans, le rejet par sa mère qui est certainement la cause principale de ses tourments.
Livre grave, document bouleversant sur la vie en Algérie peu avant la guerre et pendant la guerre, vécu d'une jeune femme au sein d'une classe bourgeoise jalouse de ses prérogatives.
Le livre est très riche, la langue est superbe, les émotions sont rendues avec un talent immense.

Un livre qui a été encensé par la grande romancière afro-américaine Toni Morrison, qui l'a lu en 1983 et qui a été bouleversée par l'importance de l'Afrique dans le parcours de l'auteure Marie Cardinal, Afrique de son enfance en Algérie, Afrique « culturelle » car les premières manifestations de son « mal » surviennent lors d'un concert de Louis Armstrong, le grand jazz man afro-américain. Une belle illustration de la puissance des connotations culturelles du jazz.

Toni Morrison reconnaît en effet s'intéresser depuis longtemps à la façon dont les Noirs déclenchent des moments cruciaux, des révélations. Elle a été bouleversée par cette « catalyse » de Louis Armstrong.

Il faut lire et relire ce livre avant de revoir le film qui en avait été tiré, dans lequel les comédiens Daniel Mesguich, Marie-Christine Barrault et Nicole Garcia avaient livré tout leur talent.
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Un roman vrai et un vrai roman. Bien que remanié pour les besoins de la création littéraire, le récit romancé de Marie Cardinal décrit de façon très précise et très exacte les grandes étapes d'une cure psychanalytique dans les années 50 à 60.On y trouve des éléments historiquement intéressants concernant la façon dont une cure pouvait être menée/restituée, à cette époque. On y découvre l'illustration des thèses freudiennes sur les manifestations somatiques des conflits inconscients.Surtout, on y entend une voix personnelle, vraie, impudique, très osée pour l'époque, nommant certains aspects de la vie des femmes et de la sexualité féminine. Comment la psychanalyse fut une libération et un espoir, une issue hors de la pathologie mentale et une alternative à l'usage immodéré des psychotropes, c'est ce qu'une relecture de ce livre pourrait faire entrevoir en contrepoint des attaques dont elle fait pour l'heure l'objet.
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Très bon roman autobiographique. Des passages émouvants, très durs parfois. Un très bon livre que j'ai lu avec grand intérêt. Excellent texte.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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