Charlie, journaliste, alcoolique, shooté au Valium pour calmer ses angoisses, va traverser le Cambodge à la recherche du fils d'Anton, un tenancier de bar drogué à la “Ice”.
Les deux compères seront accompagné de James qui est le seul à parler correctement le Kmer, et Sam, une sublime noire manchote.
Le road-movie est un hommage vibrant à
Hunter S.Thompson, il est plusieurs fois nommé dans le livre, et en effet, tous les ingrédients y sont, la daube, le speed, l'alcool, les crises d'angoisses paranoïaques, les descentes trop rapides, les chutes dans les caniveaux pour finir les nuits, les gueules de bois carabinées.
Le ton décalé et l'humour sont souvent présent dans un langage parfois fleuri.
Mais parler que de paradis artificiels, de bar à putes et de nuits sous amphétamines serait réducteur, ce livre à aussi un côté sombre, tout comme sa couverture et son titre, “
perdre”.
Les chapitres sont entrecoupés de petit textes en italique ou Charlie décrit certaines de ses missions en tant que reporter de guerre dont voici un extrait :
“Rachel prend des photos du jeune homme, qui n'arrête pas de faire des signes de victoire, le “V” avec les doigts, et répète que Bachar va payer pour ses crimes, que rien ne peut arrêter la révolution.
J'ai envie de l'attraper et de le secouer, lui hurler à la gueule qu'il lui manque son bras droit, que ses deux jambes sont en morceaux, qu'il ne se battra plus jamais, que de toute façons la révolution qu'il aime tant n'est plus qu'un bordel innommable d'islamistes se battant contre des rebelles qui se battent contre des Kurdes qui se battent contre un gouvernement soutenu par les Russes. Mais je ferme ma gueule, je hoche la tête.”
Ces textes nous font comprendre sa culpabilité, son mal être, ses nuits emplis de cauchemars, de corps mutilés, et le besoin de ne plus être conscient du monde qui l'entoure.
Ce livre est un joli tour de force qui nous emmène dans une histoire rocambolesque, tout en nous réveillant des phases psychotiques pour nous rappeler que nous vivons sur une planète gérée par des fous.