Les auteurs de ce livre, Danielle et
Luc Carton, habitent à Venise depuis 2007. Créateurs de deux sites Web dédiés à Venise, ils ont été nommés Citoyens d'honneur de cette ville à laquelle ils consacrent cet ouvrage.
En mars 2020, tout s'arrête dans leur ville d'adoption, du jamais vu. du jour au lendemain, plus de gondoles ni de vaporetti sur les canaux, plus de touristes, plus de bruit, à peine quelques barques de transport de marchandises. Venise est comme endormie.
Plutôt que de subir ce néant silencieux, ils décident de saisir cette opportunité pour « voir et avoir Venise uniquement pour eux, comme dans leurs rêves les plus fous ».
Le résultat est ce superbe ouvrage de près de 200 pages, un véritable album de photos mettant en valeur la grande beauté de Venise.
Hormis l'introduction et quelques notes sur les auteurs en fin d'ouvrage, le livre ne comporte pas de texte, l'essentiel étant de révéler la Sérénissime dans toute sa splendeur, sans s'encombrer de commentaires, comme pour faire écho au silence absolu qui règne dans la ville. Les auteurs ont choisi de redécouvrir 6 quartiers (dont San Marco, le Grand Canal, Dorsoduro et Cannaregio) qui représentent à merveille tout ce que la ville peut offrir de plus beau aux millions de touristes qui la parcourent chaque année. le choix a dû être difficile car quasiment tous les quartiers de la ville mériterait d'y figurer.
Comme à chaque fois que j'ai eu la chance de visiter cette ville, je suis à nouveau subjuguée par les couleurs des édifices et des maisons, surtout le long du Grand Canal : des ocres et des jaunes lumineux qui contrastent parfaitement avec le bleu du ciel. Mieux encore, les façades se reflètent maintenant dans les eaux tranquilles des canaux, désormais vides. de tels camaïeux ininterrompus de couleurs sont rarement visibles mais, et c'est une bonne nouvelle, l'eau est redevenue limpide suite au confinement et à l'arrêt du trafic fluvial habituel.
Page après page, la promenade est émouvante : places, ruelles et ponts désespérément vides, chaises de cafés empilées sur la place San Marco, rideaux baissés. Pourtant la beauté est partout présente dans la ville désertée et, pour la première fois, aucun touriste, aucun intrus ne vient déranger notre déambulation. Nous redécouvrons avec plaisir l'architecture majestueuse, les ruelles cachées et prenons le temps de les apprécier dans leurs moindres détails, en silence.
Ces images sont éphémères, car la vie va peu à peu reprendre son cours, Venise se réveillera bientôt et c'est tant mieux. Tout au long de cette période, les Vénitiens ont voulu garder espoir, comme en témoignent les banderoles « Andràs tutto bene » (Tout ira bien) peintes par les enfants et affichées aux fenêtres et balcons partout dans la ville.
La municipalité dit qu'elle veut tirer les leçons de cette dernière année et repenser son modèle touristique, pour passer du tourisme de masse à un tourisme intelligent, quitte à fixer des quotas de visiteurs. Espérons-le, car Venise mérite bien mieux que ces hordes de touristes qui trop souvent passent à côté des plus beaux points de vue de la Sérénissime tandis qu'ils parcourent la ville au pas de charge. Ce livre en dévoile quelques uns dont je vais prendre bonne note en attendant de pouvoir les redécouvrir.
Je remercie Babelio et les Éditions Jonglez qui m'ont permis de découvrir ce très beau livre qui, au-delà de rendre hommage à Venise, est aussi un témoignage fort d'une période que nous n'aurions jamais imaginé vivre.