Quelques citations valent parfois mieux qu'un long discours pour éviter aux lecteurs potentiels de perdre leur temps, leur âme et leur énergie.
« Un déplacement du point d'assemblage au-delà de la ligne médiane du cocon de l'homme fait disparaître instantanément de notre vue l'ensemble du monde que nous connaissons, comme s'il avait été effacé –car la stabilité, la solidité, qui semblent inhérentes à notre monde perceptible, ne résident que dans la force d'alignement. »
WTF ?
« Il me dit qu'il y avait trois façons de traiter avec ce phénomène [du mur de brouillard]. On pouvait le considérer abstraitement comme une barrière de perception ; on pouvait le ressentir comme l'acte de transpercer avec tout son corps un écran de papier tendu ; ou bien on pouvait le voir comme un mur de brouillard. »
On peut aussi s'en foutre.
« le devant du cocon en forme d'oeuf de l'homme est pourvu d'un écran de protection que les voyants appellent la plaque antérieure. Il s'agit d'un écran pratiquement inattaquable, inébranlable, qui nous protège toute notre vie contre l'assaut d'une force singulière qui provient des émanations elles-mêmes. »
Rappelons que Castenada a rencontré son fameux sorcier yaqui dans le but premier de parfaire sa thèse sur les plantes hallucinogènes. On ne s'étonnera donc pas de certains délires, même s'ils sont fatigants et inutiles.
« Au cours des rêves, le point d'assemblage se déplace légèrement du côté gauche, d'une façon tout à fait naturelle. Ce point se relâche en effet quand l'homme dort et toutes sortes d'émanations inutilisées se mettent à luire. »
Castenada vous donnera un bon aperçu de ce que risque de devenir notre monde si les partisans de la New Age se mettaient à rationaliser comme les autres. On serait doublement plus fichus.
La liberté est une condition de soumission passive au fouet. La connaissance n'aurait même plus besoin de trouver un point d'assise théorique : c'est celui qui la dit qui la sait, et puis c'est tout.
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La suffisance est notre plus grand ennemi. Penser à cela : ce qui nous affaiblit est le sentiment d'être offensé par les actions et les méfaits de nos confrères. Notre sentiment de suffisance exige que nous passions la plupart de nos vies offensées par quelqu'un. […] Sans suffisance nous sommes invulnérables.
Je sus alors, avec une certitude absolue, la raison de ma tristesse. Il s’agissait pour moi d’un sentiment périodique, un sentiment que je ne cesserais d’oublier jusqu’à ce que je prenne à nouveau conscience de la même réalité : la petitesse de l’humanité par rapport à l’immensité de cette chose en soi que j’avais vu se refléter dans le miroir.
Don Juan me dit que son benefactor lui apprit aussi ce que les nouveaux voyants considèrent comme les quatre étapes jalonnant la voie de la connaissance. La première étape, pour les profanes, consiste à décider de devenir apprenti. Après avoir changé d'optique sur eux-mêmes et sur le monde, les apprentis franchissent la seconde étape et deviennent des guerriers, c'est-à-dire des êtres capables de la plus grande discipline et du plus grand contrôle de soi. La troisième étape, après l'acquisition de l'endurance et du sens du minutage, consiste à devenir des hommes de connaissance. Lorsque les hommes de connaissance apprennent à voir, ils ont franchi la quatrième étape et sont devenus des voyants.
Le degré de conscience de chaque être sensible individuel […] dépend de la mesure dans laquelle il est capable de laisser les émanations en liberté le porter.
L’erreur des hommes moyens qui affrontent des petits tyrans est de ne pas avoir le recours d’une stratégie ; le handicap fatal vient de ce que les hommes moyens se prennent trop au sérieux. Leurs actes et leurs sentiments, comme ceux des petits tyrans, sont pour eux de la plus haute importance. Les guerriers, quant à eux, bénéficient pas seulement d’une stratégie bien conçue, mais sont libérés de la suffisance. Ce qui met un frein à leur suffisance est d’avoir compris que la réalité est une interprétation que nous élaborons nous-même. Ce savoir constitue l’avantage décisif des nouveaux voyants sur les Espagnols à l’esprit frustre.