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3,8

sur 1141 notes
J'adore Hannelore Cayre, c'est ma Daronne du polar à moi. On l'attendait depuis 2012, et enfin, La Daronne revient. Aussi fou que Ground XO, aussi incisif que Commis d'office, le roman est du kif en barre: 170 pages sur la morne existence de Patience Portefeux, veuve de 53 ans mère de deux enfants, fille d'une grabataire placée dans une EPHAD, traductrice judiciaire mal rémunérée, et qui un jour, franchit la ligne rouge.
Il faut dire que Patience a de qui tenir. Fille d'un pied-noir PDG véreux, elle a vécu au rythme des magouilles du paternel, passé de l'argent dans ses robes à smocks, appris à se servir d'un 357 Magnum. Grâce aux écoutes téléphoniques qu'elle retranscrit de l'arabe au français pour les enquêteurs judiciaires, Patience sait tout du trafic de drogue, des tarifs et des réseaux. C'est un Master en Deal obtenu sur écoute, "La vie des autres" à la sauce chichon. A la manière de Gerd Wiesler, le capitaine de la Stasi, Patience se prend d'intérêt pour une famille de trafiquants marocains et s'immisce à distance dans leur existence, jusqu'à ce que le destin lui offre une occasion inespérée de toucher elle aussi sa part du gâteau.
La Daronne est un portrait de femme que l'on oublie pas. Quinquagénaire brisée par son veuvage et son déclassement, épuisée par une lutte quotidienne d'abord pour élever ses enfants, ensuite pour subvenir aux besoins de sa mère malade, la vraie Patience est restée en sommeil trop d'années. Le réveil brutal de la Femme qu'elle fut un jour va bouleverser sa vie et celle de ceux qui sont sur écoute: " Je me suis déshabillée et me suis plantée devant le miroir de la salle de bains pour retirer mes lentilles de contact mais, en me regardant, j'ai eu un choc en voyant le visage fermé qui me fixait (…). Qu'est-ce que j'allais devenir, moi qui n'avais ni retraite ni sécu. Je n'avais rien à part mes forces déclinantes. Pas le monde sou de côté, mes maigres économies s'étant volatilisées dans l'agonie de ma mère aux Eoliades. Lorsque je n'aurais plus la force de travailler, je me voyais pourrir sans soin dans mon immeuble peuplé de Chinois qui m'empêcheraient de dormir avec leurs criailleries insupportables. »
Ce constat amer fait un jour dans un appartement moche de Belleville va transformer la veuve Portefeux en Daronne, et permettre à l'auteure de mettre au coeur de ce polar concis et percutant d'autres daronnes, à commencer par la mère de Patience, une ashkénaze rescapée des camps de la mort.
Hannelore Cayre n'a rien perdu de sa verve ni de son humour. On aime sa plume incisive, son ironie, la justesse des personnages si prestement et justement croqués. Avec elle tout coule de source, c'est enlevé et efficace, l'intrigue file à la vitesse d'un Go Fast remontant vers Paris. Dommage, c'est trop court.
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Un petit roman qui se lit tout seul, même si certains passages sont un peu ardus pour qui ne maîtrise pas le parlé des quartiers.

J'ai beaucoup aimé l'intrigue et on apprécie (ou pas) le personnage principal, frêle jeune femme mais qui n'a pas froid aux yeux. Bon il faut reconnaître que son père n'était pas un saint.

J'ai adoré l'humour bien piquant, cynique a souhait. Mais aussi les différents sujets de société abordés (et ils sont nombreux.. drogue, émigration, racisme, vieillesse, etc...). Ils sont traités rapidement mais efficacement et de façon tellement juste.

Une grande découverte pour moi que cette auteure qui est efficace et drôle. il est certains que je risque de plonger assez rapidement dans d'autres de ses romans.
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Si vous souhaitez un polar français social, original , cash, rythmé et caustique , adoptez La Daronne .

Ou et comment passer du côté obscur de la loi ...
Avant, La Daronne , c'était Patience Portefeux : 53 ans , veuve, deux filles adultes et une mère qu'elle doit assumer financièrement et qui vit en EPHAD .
Avant, Patience , elle était employée modèle auprès du ministère de la justice , elle traduisait, de l'arabe, des écoutes téléphoniques de dealers ou autres sauvageons .
Et puis, un jour, elle a réalisé ( amère...),que le Ministère, la payait au black, qu'elle n'aurait jamais de retraite, et qu'elle ne laisserait rien à ses filles comme héritage . Disparue la gentille Patience, désormais : she's bad .
Coucou," le peuple de l'herbe" ! Son surnom sera La Daronne, et elle est plutôt futée comme mère ...

Hannelore Cayre , avocate de métier , nous livre un roman époustouflant d'originalité , sur le trafic de drogue mais pas que ... Elle traite avec autant de maestria le sort des personnes âgées dépendantes , le fardeau financier et émotionnel que cela représente pour leurs proches .
172 pages de pur ravissement en compagnie d'une ménagère de plus de cinquante ans maline et affutée qui dépote .
Sur la vie d'ma mère , j'te jure qu'elle déchire grave , cette Daronne ...
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Mambo. C'est le tout dernier mot de ce roman à l'énergie désespérée.
Mambo. Un livre aussi tape-à-l'oeil que cette danse colorée, pleine de dents blanches, de coiffures gominées et de paillettes.
Mambo. Un style parfois désuet, autant que cette danse passée de mode, mais où la patte magique des Grands Anciens est invoquée.
Mambo. La veuve Portefeux, belle à en couper le souffle, crâneuse, hautaine, est seule sous les feux de la rampe. Elle commence ses pas de danse face à sa propre existence qui la suit, ne la lâche pas. Elle joue avec elle ; elle ruse ; elle charme ; elle triche ; elle chaloupe langoureusement.
Mambo. Moments flamboyants, coupe de cristal, feux d'artifice… La jeunesse insouciante et les corps qui exultent. Les parents frapadingues. L'argent qui coule à flot et le sourire de l'immortelle Audrey Hepburn.
Mambo. Quand la musique s'arrête soudain, et que les sourires se figent durant ces interminables secondes de silence et de flottement. Quand les corps se désenlacent et que la vie nous attaque « en traitre ». Quand les rêves nous ont quittés ; quand les fantômes du passé nous cernent ; quand la vieillesse s'agrippe à notre poitrine… Quand le dernier cri de révolte, le dernier bras d'honneur aboutit à une nouvelle désillusion, à une autre Bérézina…
Mambo.
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Chère Daronne

Ok t'es pas bien épaisse avec tes 172 pages et dans un combat de free fight , t'aurais pas fait le poids face aux gros pavés polardeux du moment. Mais merci, au moins me suis pas pétée les biscotos à te tenir à bout de bras dans mon pieu.

T'as du bol, la Daronne, d'être tombée sur une auteure aussi douée qu'Hannelore Cayre ! Quelle verve pour décrire tes aventures de badass veuve ménopausée faisant des traductions d'arabe pour la brigade des stups puis reprenant sa vie en main pour devenir la reine du shit ! Qu'est-ce que je me suis marrée ! je me marre encore en repensant à la scène du Quick Hallal de Fleury, aux dialogues truculents qui font mouche à chaque fois comme ceux avec la voisine chinoise Colette Fo ou avec les trafiquants débiles que tu contactes pour écouler ton stock de came.

Tu m'as touchée aussi lorsque tu te débats avec ta mère complètement cramée dans son EPHAD indigne, lorsque tu repenses à ton enfance, à ta maison au bord de l'autoroute, à ton véreux de père.

Sacré bouquin qui renouvelle complètement le genre en hybridant réflexion sociale et politique, humour et polar sur fond de trafic de drogue. Culotté, jubilatoire, politiquement incorrect, féministe, pari réussi  quoi !
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Délicieuse, l'histoire de notre Daronne qui commence par raconter son enfance dans un milieu… Comment dire ?…Porteur…! Car élevée dans une famille d'émigrés aux activités plutôt louches.

Délicieux les épisodes de traduction arabe-français, les changements de registre de langue, le langage familier d'une quinquagénaire très « classe » au contact de laquelle j'aurais aimé passer beaucoup plus de temps si la longueur du roman l'avait permis.

Délicieuse sa façon de se servir de sa connaissance d'un terrain plus que glissant, le milieu des dealers, connaissance acquise grâce à l'exercice de son métier (traductrice des conversation fournies par les écoutes téléphoniques) et sa façon de se tirer d'affaire grâce à une intelligence déliée et qui saura saisir les chances qui s'offrent sur son parcours.
Patience, comme elle porte bien son prénom !

Un joli coup de coeur pour moi qui raffole de l'humour noir dispensé avec beaucoup de finesse dans ce récit qui transforme le lecteur en complice de la Daronne !

Le seul bémol : ça a goût de trop peu !

Une pépite à posséder dans sa bibliothèque et à relire !

Challenge Riquiqui
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Bien curieux polar, qui se distingue tant par le style que par la personnalité et les frasques du personnage principal, Patience Hortefeux. Avec un nom comme ça, on pourrait croire que l'action se déroule au Québec. Mais non, on est à Paris, au Ministère de la justice, où Patience se consacre à une activité particulière : elle traduit les écoutes téléphoniques passées entre dealers et trafiquants. Son enfance bilingue et tortueuse la destinait à ce job peu banal.
Tout le problème est que quand on vit seule à 53 ans, avec une mère en maison de retraite, et des enfants, certes adultes, mais à qui on aimerait donner un coup de pouce, la tentation est grande de basculer du côté obscur….

Derrière la fantaisie du personnage, qui un atout majeur du roman, se dessinent en filigrane des questions de société bien communes : le quotidien peu enviable d'une femme seule, le dilemme de cette génération prise en étau entre des parents âgés et invalides et des enfants que la société infantilise au-delà du raisonnable, le travail au noir, y compris dans des instances officielles. Derrière tout cela, un miroir aux alouettes : trouver de l'argent pour apporter une solution partielle à tous ces problèmes.

Sujets graves, mais traités avec beaucoup d'humour dans un style impeccable.
On imagine immédiatement le film qui pourrait s'en inspirer.

Récompensé à juste titre, ce polar est un indispensable, pour sortir des clichés devenus classiques du vieux flic à casseroles (que l'on peut malgré tout apprécier de retrouver, à ceci près que l'on n'aura pas comme ici la surprise de découvrir une histoire originale ).

Auteur à suivre
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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C'est vrai qu'en ce premier samedi du mois de novembre, c'est un temps à bouquiner, comme me le faisait remarquer un membre de Babelio. Et puis que faire d'autre, à peine assis dans le fauteuil en face de la porte-fenêtre, Lily s'est littéralement scotché sur mes genoux et je sens bien qu'il ne faut pas que le dérange.
J'attrape le livre sans trop bouger pour éviter quelques grognements de lassitude.
J'ai commencé hier soir à pénétrer le découragement de l'existence de Patience Portefeux. Son mari décédé, elle erre entre la maison de retraite ou sa mère est enfermée, euh pardon résidente, et son boulot de traductrice judiciaire.
Mal payée et d'une manière fort peu légale, elle traduit de l'arabe aux français les conversations téléphoniques entre truands, les comptes rendus d'enquête ou les auditions de suspects.
Grâce à son boulot elle est courant de tous les faits et gestes de la racaille locale. Elle va franchir la ligne jaune sans aucun scrupule, le hasard lui permettant de récupérer un petit paquet de shit. 1200 kilos. Une paille. Et du meilleur en plus. L'a été à bonne école la daronne, papa a par le passé oeuvré déjà de ce côté-là.
Avec ce livre j'oublie le vent, la pluie été le froid qui règne dehors, les jambes crispées de ne pouvoir bouger. Car c'est un polar qui fait du bien. Bien sûr l'histoire est un peu loufoque mais quel plaisir de lire la verve de cet auteur que je ne connaissais pas. le rythme du récit est intense et les stratagèmes développés pour échapper aux flics sont tous plus incroyables les uns que les autres. Dans ce policier contemporain, la description des personnages est plus vrai que nature, ça sent le vécu à plein nez. L'humour est omniprésent et quand je relève la tête au mot fin je suis tout surpris qu'il fasse déjà nuit.
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J'ai découvert Hannelore Cayre, l'année dernière, lors de l'émission La Grande Librairie. Totalement conquise par sa personnalité, son expression et la teneur de son propos, j'avais immédiatement acquis son livre "Richesse Oblige" qui ne m'avait pas déçue, loin s'en faut.

Vu les excellents retours sur Babelio relatifs à son roman "La Daronne", je viens donc d'en terminer la lecture. Là, mon avis est plus mitigé que pour "Richesse Oblige". Non sur le style d'Hannelore Cayre qui me séduit toujours autant mais, principalement, en ce qui concerne le verbiage de ces dealers où ma compréhension a, bien souvent, été larguée.
Certes, il n'y a pas l'ombre d'un doute que, en sa qualité d'avocate pénaliste, connaissant parfaitement son sujet, Hannelore Cayre n'a rien exagéré et a retranscrit ces dialogues avec force de réalisme mais, pour moi, qui ne fréquente pas ces gros losers ignares, j'avoue qu'il me manquait les codes pour tout capter.

Cela étant, ce roman est excellent, sans concession, et sa Daronne est une sacrée bonne-femme, une battante qui, quels que soient ses actes, ne perd jamais sa lucidité et ses valeurs humaines.

À noter par ailleurs qu'une adaptation cinématographique de "La Daronne", réalisée par Jean-Paul Salomé, est sortie en France en mars 2020 et j'ai bien envie de voir ce que cela donne.
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Hannelore Cayre porte un regard acéré sur la société, sur le système judiciaire, le système d'accueil des personnes âgées et sur l'hypocrisie qui y règne. Elle n'y va pas avec le dos de la cuillère et appuie ses propos sur une écriture stupéfiante, vive, ironique et d'une grande justesse.

Avec une fausse nonchalance et un regard au vitriol elle met le doigt sur les dysfonctionnement et défaillances d'un système inadapté. Tour à tout moqueuse, malicieuse et pessimiste, l'auteure donne à connaître l'ampleur de sa pensée.

Au-delà de l'humour noir et décalé de certaines situations, ce roman est un parfait éloge du détachement appris à ses propres dépens, d'une sorte de désenchantement de la vie qui amène à cesser de se complaire dans son malheur et de se lancer dans une entreprise périlleuse lorsqu'on n'a plus rien à perdre.

Au croisement entre polar social et fiction, cette aventure addictive, rapide comme une intraveineuse ravira les dopés de bonne littérature.


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