Recueil de nouvelles de Caza datant de 1982, cet album est emblématique de cette période.
Le style graphique ainsi que les histoires, très différentes les unes des autres (du récit de sf d'une civilisation sur le déclin à un conte presque métaphysique de naissance de l'univers, certaines avec du texte et de la couleur, d'autres muettes et en noir et blanc) sont un excellent point de départ pour découvrir l'univers de cet auteur malheureusement un peu oublié.
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Puis l'eau cessa de dominer la terre.
Au gré d'une marée sismique, les océans refluent en ondes et s'atrophient, abandonnant sur leur chemin le sédiment des siècles.
L'arche réapparaît à la surface du monde, engluée d'excrément, enrobée d'un limon paresseux, enkystée dans l'attente - immobile.
L'arche close : reliquaire et prison. Montagne et temple. Coffre et crâne - arcane.
Et sous la matrice putréfiée : mûrissement sourd. Sculpture lente. Maturation secrète - transmutations.
Et encore : Evaporation. Dessication. Distillation des ultimes atomes liquides - sable et sel.
Oui c'est ainsi, Ô Prince, que dura l'âge d'eau.
Voici que les eaux règnent sur le monde. Voici l'arche : une cathédrale naufragée. Enracinée à la montagne qui l'a vue naître. L'arche attend une improbable dissolution, tandis que ses hanches se revêtent des noires putréfactions de la vie abyssale. Les millénaires s'écoulent, dans le silence d'une mer immobile, aussi dense qu'un mercure. Et l'arche reste close. (épave hermétique)