Cet essai ne porte pas uniquement sur M. Blanquer, il s'intéresse également aux paradigmes qui façonnent l'éducation nationale depuis quelques décennies, définit les chemins qu'elle semble emprunter au gré de ses ministres successifs, la direction globale venant certainement d'ailleurs, comme partout maintenant, une fois...
On y retrouve des termes polémiques, tel que « pédagogisme », mis en perspective et replacés dans le contexte d'une société en mouvement constant vers le libéralisme, économique et sociétal.
Certes, l'histoire personnelle du ministre est retracée, de manière très intéressante pour qui souhaite comprendre le personnage et ne pas en faire une caricature : « Consacrer un travail à l'analyse d'un discours avec lequel on se sait en désaccord revient d'une certaine façon à mettre ce désaccord à l'épreuve et à rechercher soi-même les objections possibles à son propre point de vue. ».
On retrouve donc le cheminement plus politique qu'intellectuel de quelqu'un très attiré par l'exercice du pouvoir, ses affinités avec les milieux conservateurs de droite, les écoles privées hors contrat...
On y retrouve moult déclarations, prises de positions polémiques.
Quelques exemples soulignent de manière convaincante le paradoxe existant entre l'image de l'homme politique et ses résultats réels.
Pour qui a encore des doutes sur la prédominance du story-telling (littéralement : fait de raconter une histoire à des fins de communication) sur la vérité, ce livre est instructif.
« son bilan, c'est avant tout de la communication. le discours scénarise en permanence des actes potentiels, mais on reste dans le discursif »
Sa grande oeuvre réelle : la refonte du baccalauréat avec l'introduction du contrôle continu. Pas question dans le livre de prendre parti pour ou contre mais d'en profiter pour souligner qu'il a imposé cette réforme alors que cela semblait impossible avant lui. Et même en trahissant au passage ceux qui le soutenaient dans « l'antipédagogisme » : « nouveau bac « non seulement court-circuité par Parcoursup mais désormais délivré sur la base d'inégalités locales flagrantes » le transformant en « un simple diplôme de fin d'études à la valeur douteuse ».
C'est donc ici, contrairement à d'autres annonces, un fait accompli, mais à rebours...
Globalement donc, il peut être intéressant de voir ce que ces chantiers ouverts mais pas finalisés peuvent entraîner comme conséquence sur un pan de notre société qui nous concerne tous, pour peu que nous déléguions la lourde tâche éducative à cette institution centrale. Pour cela il faudra attendre quelques années...
Commenter  J’apprécie         333
« La rumeur d’un déclin éducatif français, en partie appuyée sur des éléments tangibles, et l’attente concomitante du « sauveur » font partie, dans la vie publique hexagonale, des concepts indéfiniment rechargeables, donnant un fort crédit à qui sait se présenter comme la personnalité capable d’inverser les manettes ou, selon une métaphore à répétition utilisée depuis les années 1980, de « siffler la fin de la récréation »