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sur 1058 notes
L'Or raconte la vie extraordinaire, triste et effrayante de Johann August Suter, citoyen suisse parti en 1834 aux Etats-Unis pour y faire fortune.

Il sera sur le point de devenir l'homme le plus riche du monde quand un de ses employés trouve de l'or sur ses terres. Commence alors le cauchemar pour lui, et son travail se trouvera anéanti en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Davantage qu'une biographie romancée, ce petit opus est à la limite du conte philosophique. L'argent ne fait pas le bonheur, celui des autres non plus, et à quoi sert la Justice si le jugement est inapplicable ? Se pose également la question sur l'arrivée massive d'habitants sur le développement d'un pays ou d'une région.
Les chapitres sont très courts et l'écriture m'a semblé étonnamment moderne au point de rendre le texte intemporel. Un très bon moment de lecture.
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J'ai été agréablement surprise par l'écriture vive et vivante de Blaise Cendrars, que je découvre. Les chapitres sont courts, l'action s'enchaîne, l'auteur ne perd pas de temps en descriptions inutiles. Cela donne un effet dynamique allant bien avec l'esprit d'aventure du personnage.
Suter, qui a vraiment existé, est un homme déterminé, malin, sans état d'âme et polyvalent. Ayant quitté la Suisse pour l'Amérique, abandonnant derrière lui femme et enfants, il ne tarde pas à entendre parler de la Californie ("Tous ne parlent que de l'Ouest. Il est hanté"). Mais il n'est pas du genre à agir sans préparation, alors il se renseigne sur les moeurs et les habitudes locales, évalue les besoins. Il découvre un pays cosmopolite ("Toutes les races du monde sont représentées"), une "bande de terre toute en littoral". San Francisco, ce sont "des huttes de pêcheurs en terre battue. Des cochons qui se vautrent au soleil". Difficile à imaginer aujourd'hui!

Suter établit son ranch, la Nouvelle-Helvétie, en se servant des Indiens comme esclaves ("dépouillés de tout, maltraités, misérables"). Les Indiens constituent son plus gros souci parce que "ses terres empiétaient sur leurs territoires de chasse". Mais le général a des relations politiques et son commerce ne tarde pas à devenir lucratif. Il va même jusqu'à importer des ceps de vignes du Rhin et de Bourgogne (serait-il à l'origine du bon vin californien?). Et voilà que la fièvre de l'or s'abat sur le monde.
Le récit prend alors une incroyable tournure: "Après avoir tout bravé, tout risqué, tout osé et s'être fait "une vie", Suter est ruiné par la découverte des mines d'or sur ses terres". Celles-ci attirent en effet de nouveaux colons ("Mon pauvre domaine était submergé"), tandis que les employés s'enfuient avec les pépites trouvées. Toutes les fermes sont abandonnées et il n'y a plus personne pour gérer le domaine. "La découverte de l'or m'a ruiné!", se désole Suter.

Par une ironie du sort, c'est à ce moment que sa femme, Anna, se décide à effectuer le long voyage avec leurs enfants pour le rejoindre... Suter se remet donc à l'ouvrage. Mais il a changé, il est devenu hésitant, renfermé, méfiant, sournois, avare. "J'ai le mal du pays". Il réclame justice, intente un procès aux particuliers et au gouvernement de l'Etat, revendiquant la propriété exclusive des terrains ainsi que des droits sur une partie de l'or extrait. Cela lui vaut la haine de bien des gens... "Il est brisé", vit dans la misère, n'est plus que l'ombre de lui-même, un "vieux fou" qui meurt en croyant avoir gagné son procès à cause (ou grâce) à une plaisanterie de petits voyous.
Au bout du compte, "ses privations, son énergie, sa volonté, son travail, sa persévérance, tout a été inutile"...
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Après la narration de Jack London sur la ruée vers l'or en Alaska dans son excellent recueil de nouvelles « Construire un feu », je découvre avec plaisir celle vers la Californie durant la même période servant d'environnement historique à l'épopée de Johann August Suter.

Le style direct et fluide de Blaise Cendrars déploie à la vitesse d'un torrent la vie de ce suisse, aventurier, nommé Général à la fin de sa vie malgré sa ruine et qui aura contribué à l'essor de l'état de Californie et de la construction de San Francisco.

Grandeur et déchéance d'un homme qui aura perdu sa famille et sa fortune dans une vie trépidante de pionner auquel l'auteur rend un vibrant hommage dans ce court mais dense récit écrit à la manière d'une légende.
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L'or est un de ces livres qui laisse un profond sentiment de solitude une fois la dernière page tournée. On revoit ces contrées lointaines du fin du XIXème siècle, ces étendues sauvages à conquérir, ces montagnes à gravir, ces fleuves à dompter, cet océan dangereux.

Blaise Cendrars nous fait découvrir le nouveau continent à travers les yeux de Johann August Suter, simple aventurier qui va quitter femme, enfants et terres suisses pour partir à l'aventure à l'autre bout du monde et devenir quelqu'un. Quel parcours extraordinaire, quelle détermination, quel panache ! de nombreuses fois, J.A. Suter aurait pu renoncer, mais quand l'appel brille dans les yeux de l'Homme, personne ne peut l'en dissuader.

J.A. Suter ne part pas en Californie chercher de l'or comme je le pensais au début de ma lecture, il part conquérir une terre inconnue du nouveau peuple car habitée depuis des millénaires par les indiens, pour y construire une communauté. Il va développer le commerce, des villes, accumulé une fortune considérable. Et l'or est très loin de ses préoccupations. Car ce ne sera pas l'or qui le rendra célèbre et riche, non, l'or sera au contraire sa perte. Ce qu'il aura construit sera détruit par les chercheurs d'or devenus fous, analogie à la soif, qui rend l'homme dément.

Blaise cendras nous raconte donc l'histoire vraie de cet homme qui fut l'homme le plus riche du monde, qui est devenu Général, de son apogée à sa ruine, lui qui a toujours tenu son monde d'une main de fer sera amputer de sa détermination, le monde l'aura rattrapé au delà des montagnes et des mers, abandonné sans reconnaissance pour ce qu'il avait construit.

Un livre qui peut paraitre un peu vieillot maintenant mais qui n'enlève en rien de la véracité des faits, Blaise Cendrars nous emporte à travers une histoire qui pourrait être vieille comme le monde …
Lien : https://exulire.blogspot.com..
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J'ai beaucoup apprécié le contexte historique du roman et la deuxième partie avec la description de la ruée vers l'or et de tout ce que cela a eu comme répercussions négatives ou positives.
Par contre pour la première partie j'aurais aime que le livre soit un peu plus étoffé pour en apprendre plus sur la création de la Californie, la guerre avec le Mexique.
Je sais que le personnage de Johan August Suter à vraiment existé et le livre donne envie d'en apprendre plus sur sa vie. Cet homme suisse qui abandonne tout pour se rendre aux États Unis. Il commence par beaucoup de petits boulots à New York avant de s'embarquer à l'aventure pour la Californie, contrairement a ce que l'on pourrait croire la découverte de l'or sur son terrain va le ruiner.
Cela donne à réfléchir au fait de pouvoir tout perdre d'un coup, à ce qui est juste ou non.
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Beau roman de mésaventure humaine.
L'Or n'a de merveilleux que son sous-titre. Cendrars le reconnaissait : il s'était très peu renseigné sur son sujet, avait fait très peu de recherches, car il souhaitait écrire une histoire et non l'Histoire. Et pourtant, la fiction semble ressembler à la réalité…
Aussi, je ressors troublé de cette lecture aux qualités littéraires indéniables. Car comment me réjouir, d'un récit d'aventure aux si terribles conséquences non seulement pour son anti-héros, mais pour nous tous ? de l'histoire de cet accomplissement farouche d'une volonté de réussir qui ne s'embarrasse d'aucun sentiment, ni filial, ni amical et dont le seul horizon est la fortune matérielle. de ce qui, deviendra, un modèle, ou presque de manière d'envisager le sens de sa vie : l'ambition et le succès à tout prix. Comment même se réconforter de ce que cette volonté finisse par s'affaisser quand la réalité la rattrape et semble « se venger » puisque c'est sous le poids d'une folie qui s'est généralisée, devenue collective, quoique joliment baptisée « ruée vers l'or » ? Comment croire, d'ailleurs, que Suter, de « surhomme » (au sens de Nietzsche), redevient simplement un homme comme les autres quand, jusqu'à son dernier souffle, sa seule obsession reste de se voir dédommagé pour… quoi ? Avoir tirer des profits à millions de l'exploitation de pauvres bougres sur des terres qu'il s'était appropriées d'autorité ? Avoir fait travailler ces gens à lui faire son nom et sa fortune ? Avoir eu pour seul travail, lui, de faire pression sur les autorités pour que les lois du pays lui soient favorables ? Avoir oublié ses méfaits de jeunesse quand il s'insurge, homme le plus riche du monde, de voir venir de tous les coins ses semblables chercher la même fortune ?...
Finalement, L'Or, c'est Rousseau qui en donnait le mieux la leçon, près de 200 ans avant qu'il fut écrit, en quelques citations que l'on peut tirer de son Discours sur les fondements et l'origine de l'inégalité : « le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne » ; « Tout cet ordre social prétendu qui couvre en fait les plus cruels désordres. Comment voulez-vous que l'on admire une société où le profit est en raison inverse du travail ? » Car « le riche tient sa loi dans sa bourse ».


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Voila un petit roman que j'ai récupéré et commencer de lire sans rien en savoir. Tout juste si je connaissais le nom de Blaise Cendrars pour les rues et les places qui portent son nom. Pourquoi pas découvrir cet auteur avec L'Or, ou la merveilleuse aventure du Général Johann August Suter. En voila un sous-titre! Pas forcement exagéré par ailleurs.

L'Or, c'est une biographie romancée d'un homme dont la vie est plutôt extraordinaire. C'est le moins qu'on puisse dire. Et dans des cas comme celui-là, je ne sais trop quoi penser. Si la vie du Général Suter est digne d'intérêt tant elle est folle, la façon d'en raconter les grandes étapes, la part qu'on doit à Blaise Cendrars, est quelque peu froide. Peut-être un peu trop énonciatrice de faits. Genre chroniques journalistiques.

Je pense que c'est ce que voulait Blaise Cendrars. Ne pas ajouter à L'Or des effets romanesques afin d'équilibrer avec l'extrême exagération de la vie du personnage principal. le fait est qu'il est difficile de s'attacher, d'avoir de l'empathie, des émotions tant cette histoire est racontée avec distance.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/l-or-bl..
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Aventures de Johann August Suter, aventurier suisse (ça existe !) dont Cendrars s'est inspiré. Roman d'aventures, épique, exotique. Stuter quitte la Suisse en 1834 pour un long périple (se munir d'une carte car le parcours est parfois difficile à suivre) avant de se poser en Californie. Il y prospère et y fait même fortune dans l'agriculture. Hélas, la découverte d'or sur ses terres en 1848 le ruine car elle attise les convoitises et attire des prospecteurs avides de fortune facile venus du monde entier. " Sa vie, sa misère, son endurance, son travail, sa persévérance, ses espoirs, tout a été inutile". L'or ne profite pas à tous en ce milieu du XIXème siècle. On pense au film de Chaplin et à tous les miséreux qui tentèrent l'aventure de "la ruée vers l'or".
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Ce court roman se nourrit de l'histoire vraie et extravagante de Johann August Suter, un Suisse émigré en Amérique pour y faire fortune, avant de se retrouver ruiné au moment où la Californie est prise par la passion de l'or.
Il y a bien sûr du Blaise Cendrars dans ce personnage voyageur, aventurier et autodidacte. Dans les premiers chapitres, on semble assister à la fuite de Blaise Cendrars lui-même, la fuite d'un petit pays, la Suisse, dans lequel il étouffe, un pays où il se sent déjà étranger. le style remarquablement ironique de Cendrars est hilarant lorsqu'il décrit l'attitude des villageois à l'égard de cet "étranger".
Et ce que décrit merveilleusement ce roman, c'est l'idée du citoyen-monde. Johann August Suter n'a pas de patrie. Il n'est ni suisse, ni mexicain, ni américain, ni français. Il est tout à la fois. C'est en toute logique qu'il se rend en Amérique, ce nouveau MONDE des apatrides.
Un roman que l'on devrait placer sur la table de chevet (encore faudrait-il qu'ils lisent?) des trop nombreux partisans de M. Trump.
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L'Or, récit épique d'un "self-made-man" Suisse, parti un beau dimanche à la rencontre de son destin, de l'autre côté de l'Atlantique. Dans un style résolument bref, rapide et concis, Cendrars nous transporte en Californie, en pleine ruée vers l'or. Loin des clichés cinématographiques actuels sur cette époque, c'est un roman d'aventure, qui fait la part belle aux passions humaines (aussi dévastatrices soient-elles). Héros d'une véritable tragédie grecque, le Capitaine Suter est confronté a une force qui le surpasse, et tente de l'anéantir, l'Or, la découverte de l'or, l'avidité humaine. "L' Antéchrist c'est l'Or"
En s'appuyant sur quelques documents d'archives mais aussi et surtout sur une écriture habile, Blaise Cendrars signe une biographie romancée (a retenir) d'un personnage marquant de l'histoire de la Californie.

C'est ma première lecture de Cendrars, qui en appellera surement d'autres !
Bonne lecture à vous.
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