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Alban Cerisier (Éditeur scientifique)Frédéric d' Agay (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070424931
191 pages
Gallimard (04/12/2002)
4.28/5   9 notes
Résumé :
Outre la passion des vieux grimoires et des livres, Simone de Saint Exupéry avait, comme son frère Antoine, celle de l'écriture. Ses souvenirs d'enfance sont d'une fraîcheur et d'une spontanéité remarquables. Nous y reconnaissons le décor et les acteurs d'une enfance merveilleuse, dont la réminiscence peuplait déjà la solitude du désert saharien de Terre des hommes : « En face de ce désert transfiguré je me souviens des jeux de mon enfance, du parc sombre et doré qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quand la télévision nous égrenait bombardements, catastrophes naturelles, accidents aériens, ferroviaires et routiers, avec à la clé un nombre considérable de morts, maman ne pouvait s'empêcher de soupirer : « Et pourtant, ils sont tous de quelque part, ces pauvres gens ! » Etre de quelque part, c'est être rattaché par quelque chose qui nous dépasse à quelque chose en-dehors de nous : famille, amis, environnement social, professionnel… : ces gens « de quelque part" avaient des parents, des amis, connaissaient un boulanger, un boucher, un facteur, un banquier… Il y avait forcément quelqu'un, quelque part, qui pleurerait et penserait à eux au moment leur mort (La rue, malheureusement, a tendance à nous prouver le contraire, depuis quelque temps : le décrochage social, conséquence directe de l'égoïsme ambiant, est hélas une réalité pour beaucoup de nos concitoyens).
Le « de quelque part », pour beaucoup, et en particulier pour Saint-Exupéry est clairement localisé dans l'enfance : « Je suis de mon enfance comme on est d'un pays ». El lequel de nous, en vérité, n'a jamais rêvé « d'être une heure, une heure seulement, être une heure, une heure quelquefois, être une heure, rien qu'une heure durant, beau, beau, beau et jeune à la fois » (la chanson propose un autre mot en option, en général il est livré avec le paquet-cadeau).
Qui mieux que les proches pour aider à faire ce retour aux sources : ceux d'entres vous qui s'intéressent à la généalogie, ont connu ce délicieux plaisir d'interroger les anciens et les faire parler de leur enfance, à mille milles de la nôtre. C'est à ce travail de recherche intime que s'est livrée Simone de Saint-Exupéry pour nous parler de son frère. Monot (c'est son surnom) a puisé dans ses souvenirs pour retracer le portrait d'Antoine, frère chéri, et de cette « enfance merveilleuse dont la réminiscence peuplait déjà la solitude du désert saharien de Terre des hommes » : « Il était, quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j'aimais. Peu importait qu'elle fût éloignée ou proche, qu'elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair, ni m'abriter, réduite ici au rôle de songe : il suffisait qu'elle existât pour remplir ma nuit de sa présence ». « Cinq enfants dans un parc », ce livre -témoignage, chargé de nostalgie et d'amour, met des images sur ces mots de Saint-Ex.
Si vous n'avez pas le livre sous les yeux, prenez-en la couverture sur Babélio (édition Folio) et voyez les cinq enfants, dépeints par Simone :
De gauche à droite : Marie-Madeleine, l'aînée, dite Bébé, dite Biche, dite Mima (1897-1927) ; la moins agitée des cinq, rêveuse, artiste, timide et renfermée, elle est de constitution fragile et meurt de tuberculose à 30 ans.
Gabrielle, surnommée Didi, (1903-1986), la plus jeune de la famille : têtue mais en adoration pour son frère qui le lui rend bien, elle est la seule à avoir une descendance : ses enfants sont les héritiers de Saint-Ex.
François, dit le Père tranquille, (1902-1917) compagnon de jeu inlassable de son frère (dont il acceptait avec joie la tyrannie). Mort à quinze ans d'un rhumatisme au coeur.
Antoine, dit le roi Soleil, (puis plus tard Tonio, ou Saint-Ex)) (1900-1944).
Enfin à l'extrême-droite, Simone, dite Monot, (1898-1978) : elle ne prend rien au sérieux, elle rit de tout mais pleure quand les dahlias gèlent. Elle deviendra l'intello de la famille : historienne et paléographe reconnue, elle mettra une partie de sa vie à mettre en valeur l'oeuvre de son frère : on lui doit entre autres le très utile index de « Citadelle »
« Cinq enfants dans un parc », ouvrage d'une délicate poésie, est à mettre en balance avec les « Lettres à sa mère » écrites par Saint-Ex : on y comprend l'éclosion d'une conscience, comment une certaine éducation, dans un certain milieu, et baignée d'un certain bonheur d'enfance (bien que terni par les deuils) a pu faire naître Antoine de Saint-Exupéry, l'homme et l'écrivain. Notre Tonio, notre Saint-Ex.

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Récit autobiographique écrit par une soeur d'Antoine de Saint-Exupéry, racontant leur jeunesse, hors du commun. le texte est inachevé s'arrêtant un peu avant 1930. Cette oeuvre apporte un autre regard sur la famille de l'aviateur-écrivain et diverge beaucoup des témoignages de l'épouse Consuélo de Saint-Exupéry. On peut penser d'ailleurs que les récits sont orientés, et assez subjectifs. La soeur encense le frère, alors que l'épouse s'en plaint. Les rapports étaient naturellement différents entre les protagonistes, et la famille de Saint-Exupéry, très soudée, ne semblait pas particulièrement accueillante vis à vis d'une pièce rapportée, veuve, et étrangère.
Le texte est important car il apporte aussi un témoignage sur une époque révolue, dans un Monde devenu très désuet.
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Situer Antoine de Saint-Exupéry dans son enfance et voir comment celle-ci a influencé une part importante de son oeuvre, voilà le premier intérêt de ce livre.
Mais c'est aussi la révélation d'une famille dans un style et un rythme de vie bien particuliers, à l'ombre protectrice d'un grand château que Saint-Ex évoquera plus tard dans « Terre des hommes ». (« Il était, quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls... »).
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Une belle découverte !
Lien : http://aporteedeplume.canalb..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le monde serait-il mal fait? Moisi est croyante, mais n'est pas dévote. Elle craint Dieu mais n'apprécie pas toujours ses pasteurs. Elle se confesse une ou deux fois par an.
"Ces Messieurs sont bien assez occupés sans que j'aille encore les tarabuster avec mes petites histoires. Elles ne les intéresseraient pas." Elle ne communie qu'aux fêtes carillonnées. Pour quelle raison? Il lui faut son café au lait au sortir du lit. "Si je reste à jeun le coeur me lève." La vérité est que Moisi a gardé une âme juvénile et une innocence qui la maintiennent en paix avec la terre entière et même avec l'au-delà. Il y a, hélas! des jeunesses délinquantes, des enfances perverses créées pour le mal. Peut-être sont-ce des êtres vieillis avant l'âge? Mais quoi de plus attirant qu'une âme pure et bienfaisante à qui le sérieux de la vie n'a pu ravir un fonds de gaminerie et une inépuisable source de gaieté.
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Antoine perdait un ami d'exception. Une susceptibilité ombrageuse d'une part, un enthousiasme despotique de l'autre avaient provoqué des moments d'humeur et d'opposition, mais deux intelligences supérieures se retrouvaient dans un domaine commun où la joie d'expliquer et de recréer le monde était aussi précieux à l'un qu'à l'autre
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La route blanche barre les champs d'un trait rectiligne. Quinze cents mètres tirés au cordeau dans la campagne verte. Du carrefour Ambérieu-Leyment, on aperçoit déjà le sombre massif de pins. Mon coeur bat. Le temps s'est aboli et le passé ressuscite.
Au ralenti, pour ne rien perdre des images qui surgissent, souriantes : "... Mais oui... nous sommes là... nous t'attendons...", je roule sur la route blanche.
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Il suffit de traverser le palier devant la chambre de mes frères pour gagner le grenier. Quel coeur d'enfant n'a battu au seuil de ce domaine où les générations, périodes géologiques, ont déposé jour après jour leurs sédiments. L'aventure, la découverte, naissent à chaque pas. Nous tombons en arrêt devant le moindre bout de ferraille, de vaisselle ébréchée, que la poussière enrobe de feutre gris. Qu'allons-nous voir surgir derrière ces façades innocentes? L'angoisse de l'archéologue, de l'explorateur, nous fait tâter d'un doigt prudent mais avide les chaînes rouillées, les écrins vides, les vieux vêtements roulés en boule. Nous ouvrons les malles rebondies, les unes en bois clouté, les autres en cuir noir gansé de jaune.
Quel attendrissement de découvrir dans l'une d'elles un assortiment de complets de toile avec gilets sophistiqués, garde-robe de mon père. Dans une autre, une livrée de cocher, bleue à boutons armoriés, reliquat d'un temps de splendeur.
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Les années ont passé. L'horrible guerre 1914-1918 a rapproché d'abord les membres dispersés de notre famille. Puis la mort a frappé autour de nous. Du côté paternel, la perte la plus douloureusement ressentie a été la mort du commandant Roger de Saint-Exupéry, frère cadet de notre père. Grièvement blessé à Messein, le 22 août 1914, il s'éteignait à Charleville le 9 septembre suivant. Nous perdions en lui un appui efficace car, depuis la mort de notre père, il nous considérait comme ses enfants d'adoption. Antoine, le futur chef de famille, avait fait de longs séjours au milieu de ses sept cousins, six filles, un garçon, nés de deux mariages. L'oncle et le neveu s'aimaient beaucoup.
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