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sur 3197 notes
Il y a à peu près un an que j'ai écouté ce texte. Je me souviens l'avoir terminé à 5h du matin, les écouteurs vissés dans mes oreilles à la limite de la greffe sans anesthésie, après avoir tenté par deux fois de remettre l'écoute des derniers chapitres au lendemain – ils n'allaient ni changer ni s'envoler – mais en vain, perdu à ma vie / gagné au texte / perdu dans le Liban de ces années qui ne sont pas encore dans ‘mon' histoire bien que je fusse né biologiquement alors. Chalandon m'a eu. Jusqu'au cou. J'avais bien lu le Quichotte et j'ai pleuré lorsque j'ai fait la rencontre de ce si triste Alonso Quijano. Je n'ai pas pleuré cette fois-ci, calciné au-delà des larmes, bien que Chalandon se soit élevé jusqu'aux parages de Cervantès. Si bien que je me suis retrouvé non pas au bord d'un livre à jouir d'un divertissement pour bourgeois désoeuvré, mais dedans, devenu Georges comme j'avais subi le sort du pauvre Sancho, dans la nuit noire de ma chambre comme dans un garage sombre, dans le creux d'un lit chaud et non sous la menace d'un char, cependant, à désirer finalement que se réalise le symbole inutile, l'absurde gratuité d'une pièce de théâtre alors que j'avais commencé par trouver ça un peu niais, puis à contempler le massacre de la vraie tragédie humaine sans pouvoir en fermer les yeux. Il m'a fallu …

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amuel Akounis se définissant comme "Juif de Salonique, devenu grec par l'exode, français de préférence et metteur en scène parce que lorsque je n'ai plus d'idée, j'invente un personnage", souhaite monter "Antigone" d’Anouilh à Beyrouth. Les acteurs appartiendront à toutes les factions et pour la préparation et le spectacle oublieront leurs fusils. Pour lui, "monter Antigone sur une ligne de feu allait prendre les combats de court. Ce serait tellement beau que les fusils se baisseraient".
Hospitalisé, car il lutte contre un cancer en phase terminale , il demande à son ami de fac, Georges avec lequel il a fait le coup de poing contre les étudiants d’Ordre nouveau, d’aller à Beyrouth pour monter à sa place cette pièce de théâtre.
Pourquoi Antigone ? Ce serait un beau clin d’œil à l’histoire puisque cette pièce a été montée dans des conditions identiques pendant l’occupation. Georges découvre cette ville, sa situation complexe : il va connaitre les barrages dans les rues et les laissez-passer, les snippers, la boule dans le ventre, le danger permanent. Il doit marcher sur la pointe des pieds pour convaincre Chrétiens, Musulmans, Chiites, Palestiniens….d'accepter l'ambitieux projet de son ami Samuel.
Allers retours vers Beyrouth, tractations avec les acteurs, si certains se reconnaissent dans les personnages d'autres rechignent compte tenu de leur religion à tenir tel ou tel rôle.
Tous cependant acceptent ce challenge et arrivent à être côte à côte, à parler pendant ces quelques heures de préparation sans se battre en laissant leurs armes à la porte.
Mais la guerre omniprésente reprendra ses droits. Georges sortira fortement traumatisé par cette expérience, par ses visions d'horreur.
Une tragédie autour de la tragédie d'Anouilh. L'auteur aussi a, à l'occasion d'entretiens, confirmé que cette période de sa vie de journaliste reporter à Beyrouth l'a fortement marqué. Il réussi dans ce livre à transmettre ses tensions, ses peurs...
Un livre que je n'ai pas pu lâcher, que j'ai dévoré, qui m'a marqué. Un livre dense, plus troublant, plus dérangeant que "Retour à Killybegs" ou "Mon traitre". Je le relirai certainement dans un an

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C'est un livre exceptionnel, une « claque littéraire » comme je n'en ai pas eu depuis longtemps en ce qui me concerne : c'est à la fois original, très bien écrit, bouleversant, intelligent ! J'ai adoré cette lecture et je recommande ce livre à tous les amoureux de la littérature ! Si j'apprécie de nombreux livres, celui-ci se place nettement au-dessus de la mêlée ! Je le garderai en mémoire ; c'est certain !
Dans les années 70, Samuel, un metteur en scène grec et juif, exil en France souhaite monter la pièce « Antigone » d'Anouilh à Beyrouth en pleine guerre en choisissant un comédien dans chaque camp : mettre en scène une tragédie pour faire une trêve en plein conflit israelo-palestinien.
Georges, jeune militant gauchiste parisien, aussi amateur de théâtre devient l'ami de Samuel. Rattrapé par la maladie, empêché de mener à bien son projet, Sam le confie à Georges qui en fait la mission de sa vie. Il part pour Beyrouth et découvre la guerre civile, les partisans de chaque camp, leurs points communs au-delà de leurs divergences.
Les scènes de guerre sont stupéfiantes (L'auteur est un journaliste, ex correspondant de guerre), les émotions à l'état brut à travers les hésitations de Georges, ses revirements, ses contradictions : l'auteur retranscrit admirablement l'urgence de vie, la violence guerrière « animale »…J'ai trouvé les liens faits entre la pièce « Antigone » et les enjeux de pouvoir de la guerre très intelligents. Il nous montre aussi comment des scènes de guerre changent un homme, peuvent le déstabiliser et le détruire profondément psychologiquement.
Quant au titre, le quatrième mur, il évoque le mur invisible que les comédiens se créent en bordure de scène pour se « protéger » du public.
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" [...]. C'était sublime. C'était impensable, impossible, grotesque. Aller dans un pays de mort avec un nez de clown, rassembler dix peuples sans savoir qui est qui. Retrancher un soldat dans chaque camp pour jouer à la paix. Faire monter cette armée sur scène. La diriger comme on mène un ballet. Demander à Créon, acteur chrétien, de condamner à mort Antigone, actrice palestinienne. Proposer à un chiite d'être le page d'un maronite. Tout cela n'avait aucun sens. Je lui ai dit qu'elle avait raison. Ses remarques étaient justes. La guerre était folie ? Sam disait que la paix devait l'être aussi. Il fallait proposer l'inconcevable. Monter Antigone sur une ligne de feu allait prendre les combats de court. Ce serait tellement beau que les fusils se baisseraient.
— Pour une heure, a ricané Aurore.
Elle était assise. je me suis accroupi entre ses genoux.
— Une heure de paix ? Et tu voudrais que nous rations ça ? "

Voilà le défi que se donne Georges le narrateur du roman le quatrième mur de Sorj Chalandon, représenter l'Antigone d'Anouilh à Beyrouth, théâtre du futur massacre de Sabra et Chatila, afin de respecter le voeu de Samuel Akounis, l'ami malade, le militant juif grec admiré. le jeune Georges y arrive en 1982, juste avant le massacre de septembre. Là-bas, c'est le Liban qui tire sur le Liban, lui dit son chauffeur.

Une fois n'est pas coutume, je ne suis arrivé qu'au tiers des 325 pages du roman en vous proposant ce compte-rendu. Je ne devrais d'ailleurs pas faire une estimation en pages : j'écoute la brillante version audio – durée 9h10 – (le Grasset papier sur le côté) qui m'a été gracieusement envoyée par Audiolib dans le cadre de l'opération Masse critique de Babelio, merci à eux.

La lecture de Feodor Atkine, qui s'attèle seul à reproduire intensément les dialogues, est irréprochable. La présentation et le découpage en tranches d'un gros quart d'heure sont bien conçus. L'ensemble est complété par un entretien de trente minutes avec Chalandon où il explique qu'il a voulu, par ce roman, «faire sortir» la blessure de plus de vingt années de reportage de guerre. Intact physiquement, il porte en lui « quelque chose qui est de l'ordre de la barbarie ou de la mort », qu'il a tenu à éclairer par ce livre.

Lors de l'occupation allemande, Jean Anouilh a voulu réécrire et représenter Antigone avec la consonance de la tragédie qu'il vivait. Nous en vivons une autre aujourd'hui au Proche-Orient, qui se ravive à Gaza. Quel théâtre faudra-t-il tenter d'y jouer...?

Compte-rendu complet sur le blog Marque-pages (lien ci-dessous).

Lien : http://marque-pages.over-blo..
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Un livre bouleversant, une histoire d'amitié profonde dont l'intrigue est située dans les années soixante-dix, époque de la junte militaire en Grèce et de la guerre civile au Liban.
Les différentes communautés religieuses s' affrontent sans merci et les combats font rage dans Beyrouth.
Georges réfugié grec et homme de théâtre veut instaurer un moment de paix au milieu des combats en faisant jouer Antigone, la pièce d'Anouilh par des comédiens appartenant aux différentes factions en guerre.
Il avance dans son travail en trouvant des interprètes et un lieu pour y donner son spectacle. Mais il est arrêté par la maladie et fait appel à son ami français pour mener à bien sa tâche.
Mais la guerre est là, sournoise , rongeant les âmes et les coeurs. Rien ne pourra se dérouler comme prévu et cette idée généreuse tournera à la catastrophe.
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Le quatrième mur, c'est celui qui sépare l'acteur de son public pour l'isoler dans une autre vie, celle où il n'est plus homme mais tragédien sur scène. le quatrième mur, c'est celui, infranchissable, de la guerre, celle sans pitié du Liban. Sorj Chalandon plante le décor entre factions qui entre-tuent, milices, invasions, tirs, roquettes. Partout rode la mort. Et c'est dans ce décor qu'un homme veut, le temps d'une trêve de deux heures, monter l'Antigone de Anouilh, sur la ligne de démarcation qui coupe Beyrouth, jouée par des Druzes, Chrétiens, phalangistes, chiites, juifs, tous ces gens qui se haïssent. Au départ, l'idée était folle, surtout quand l'initiateur de cette tentative de paix si courte se meurt lui aussi et que son meilleur ami la reprend à son compte pour honorer sa mémoire. Sorj Chalandon traite ce brillant sujet en mettant l'homme face à son destin théâtral. C'est le vrai sujet du livre: la métamorphose du metteur en scène qui passe de jeune père de famille occidental à un guerrier libanais. L'amour est partout, qu'il s'appelle amitié ou passion. la mort est partout, qu'elle s'appelle Antigone ou guerre. L'idée folle, bien plus que de jouer Antigone en ces lieux, est de narrer le conflit Libanais, les exactions de Sabra et Chatilla, les années de plomb au pays du cèdre sous la forme d'un projet théâtral. Pari réussi!
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C'était mon premier roman de l'auteur, et recommandé par mon libraire. Il m'avait dit, "C'est dur mais c'est beau".
Effectivement.
Le défi est audacieux, monter une pièce d'Anouilh, "Antigone", à Beyrouth.
Quand on voit qu'elles peuvent être les difficultés à monter une pièce, ici, dans l'hexagone, -pour des amateurs, et je suis un peu "pas trop mal placé", j' i fait pratiqué l'activité théâtrale pendant une quinzaine d'années-: trouver un lieu pour répéter, trouver des comédiens et comédiennes qui vous suivront jusqu'au bout de l'aventure et de la générale, avec des hommes et femmes qui apprendront leur texte au plus vite et d'autres qui seront encore sur le fil du rasoir le soir de la Première, constater qui restera ensuite à vos côtés et ne vous lâchera pas au bout de quelques mois, pensant avoir fait "le tour de son personnage", le temps passé à gérer les "egos" des uns-unes et des autres: pas assez de texte, pas assez mis en valeur en tant que comédien, pas employé eu égard aux qualités intrinsèques que pensent détenir tel ou tel autre,....et la liste est longue, donc, en résumé, quand on voit les écueils, chausse-trappes et compagnie chez nous, imaginez le défi, la gageure d'aller jouer une pièce, classique, à Beyrouth, dans une ville "en guerre" et avec des personnes aux sensibilités diverses, différentes et opposées, tant politiques que religieuses.
Et pourtant, c'est de cette "aventure" humaine dont nous parle Sorj Chalandon, dans une langue qui lui est propre, dans son style spécifique, et qui semble croire en l'homme, en ne voyant que le verre à moitié plein à chaque fois, livrant dans son récit tout l'optimisme dont il dispose.
Alors, l'écriture, le théâtre, "activités" libératrices, rédemptrices, salvatrices, réunificatrices, peu importe les origines et le reste ?
La question que va se poser le lecteur et/ou la lectrice: ce projet "délirant" pourra-il être mené à son terme?
Réponse: lisez le livre pour le savoir. Et pas que...
En tout cas, je viens de trouver chez ce même libraire sept autres oeuvres de cet auteur, et je ne les ai pas laissées à quelqu'un d'autre.

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Ce roman est artistiquement et émotionnellement très réussi. Je me le suis pris de plein fouet.

Le Liban j'y suis allée, j'y ai adoré la beauté et la diversité des paysages, la chaleur et la convivialité des gens ainsi que la gastronomie.
J'ai bien vu les impacts de balles sur les bâtiments à Beyrouth, mais cela restait abstrait, comme venant d'une réalité parallèle.
La guerre civile, je connaissais son existence, sans prendre conscience de sa terrible réalité.
Erreur réparée, ignorance comblée.

L'argument de départ de cette histoire, c'est un pari complètement fou, celui de monter "Antigone", la poignante pièce de Jean Anouilh, dans le Beyrouth des années 80. En pleine guerre civile, donc. le defi est de taille, le but étant de réunir le temps d'un soir des adversaires, comme une parenthèse dans cette guerre. Antigone sera jouée par une palestinienne, Créon par un chrétien, le reste du casting réunissant un druze, trois chiites, une chaldéenne et une arménienne.
Tout est compliqué dans cette aventure, de la logistique aux ressentis ancestraux de ses protagonistes ; pourtant Georges, un français jeune marié et jeune papa, s'en empare. Il s'en empare pour poursuivre le rêve de son ami mourrant au départ, mais être confronté à cette guerre ne peut laisser indifférent. Sa vie s'en trouve complètement ravagée, à l'image du pays qu'il a découvert et des souffrances qu'il a embrassées.

Cette lecture s'est avérée aussi douloureuse que bouleversante. J'aime le Liban, j'aime Sorj Chalandon, j'aime (j'idolâtre) Antigone de Anouilh, je me faisais donc une joie de plonger dans cette lecture. Je n'ai rencontré ni cette joie ni le plaisir escompté, mais la catharsis a fait son oeuvre et je ressors de la rencontre avec ce texte pas tout à fait indemne.
Du grand art.
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Un roman qui m'a laissée troublée, entre incompréhension devant l'entêtement de cet homme à gâcher sa vie et compassion. Après tout, il devient l'héroïne de la pièce qu'il montait, Antigone, et tout ce qui en découle est inéluctable.
Difficile donc d'affirmer que j'ai aimé ou non ce livre! Par moments, j'en ai suivi les événements avec plaisir, amusement, mais très souvent, la violence qui en émane m'a scotchée à ma chaise, ce poche à la main, sans pouvoir m'en détacher, révulsée. Sorj Chalandon possède le don inoui de partager avec son lecteur l'horreur d'une guerre, dans toute sa complexité, sans jugement.
Ai-je compris le conflit qui a embrasé le Liban dans ces années-là? Répondre par l'affirmative serait un mensonge éhonté, mais au moins, j'en ai saisi la complexité.
Un roman que je ne relirai jamais, bien qu'il restera avec moi longtemps je pense.
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Samuel, juif chassé De Grèce dans les années 70, vit en France lorsqu'il décide de réaliser son rêve ultime : jouer la pièce Antigone d'Anouilh à Beyrouth. Alors que le Liban est en guerre, Samuel a en tête de choisir une personne de chaque camp afin de jouer le rôle d'un personnage. S'élever contre la guerre en unissant des ennemis dans une seule et même pièce de théâtre. Une unique représentation, dans la capitale. Mais Samuel est mourant et ne peut se rendre au Liban. Il confie alors la tâche à son ami Georges, étudiant et militant. C'est ainsi que le 10 février 1982, le père de famille rejoint un pays en guerre afin de réaliser le rêve utopiste de son ami, à qui les jours sont comptés.

de sa plume brillante et poétique, Sorj Chalandon nous transporte dans les rues de Beyrouth. Mêlant les populations druze, sunnite, chiite, palestinienne et chrétienne, cette guerre est d'une complexité gigantesque, qui se ressent tout au long du récit, notamment à travers le regard de Georges, français non religieux né dans un pays en paix. En effet, le narrateur est en tout étranger à cette guerre, mais il va devoir y faire face s'il veut mettre en scène Antigone. La haine vient se mêler à la tragédie, rendant la tâche de Georges encore plus difficile qu'il ne l'avait imaginée.

L'écriture est fluide et riche, tout est conté depuis le point de vue de Georges. L'horreur de la guerre vient bouleverser la lecture. Les faits sont certes fictifs, mais le contexte ne l'est pas, et l'auteur nous le fait bien comprendre, ne laissant à ses personnages aucun répit. Les parallèles avec la pièce d'Anouilh apportent au roman son originalité et sa beauté. Tout est réussi dans cette oeuvre, tout est sublime et tragique. Je l'avais classé parmi mes coups de coeur à la fin de ma première lecture, il y reste avec cette relecture et ne risque pas d'y bouger !
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