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Probablement par peur de m'ennuyer, j'ai toujours repoussé à "plus tard" la lecture des "Mémoires d'Outre-Tombe". Mais cet été, je savais que le moment était venu. J'ai alors choisi cette édition "avec dossier" et, épaulée par les notes de Nicolas Perot, je me suis lancée. Eblouissement ! Voilà donc un homme qui, arrivé au crépuscule de sa vie, se lance dans la réflexion de ce que furent ces années si tumultueuses qu'il lui fut donné de vivre. Et quelles années, en effet ! 1768-1848. Rien que ça ! Il fallait une belle plume et une tête merveilleusement faite pour nous embarquer dans ce voyage. J'ai sauté dans l'embarcation, et ne l'ai jamais regretté. "Unputdownable" disent les Anglo-Saxons pour parler de ces ouvrages que l'on ne peut se résoudre à reposer sur la table de chevet. "Allez ! Encore un chapitre avant de dormir !" Je me suis accrochée à ces pages comme on s'accroche à la parole des plus grands conteurs. Et la mauvaise élève en Histoire que j'ai toujours été a parfaitement saisi tous les enjeux d'une période extrêmement compliquée et violente. Chateaubriand est un maître, un garçon sensible et rêveur que nous voyons peu à peu se transformer en grand penseur, témoin privilégié d'un tremblement de terre qui nous secoue encore aujourd'hui. "Quant à moi, je ne me glorifie ni ne me plains de l'ancienne ou de la nouvelle société. Si, dans la première, j'étais le chevalier ou le vicomte de Chateaubriand, dans la seconde je suis François de Chateaubriand ; je préfère mon nom à mon titre". Le style est vigoureux, et les propos d'une belle humanité, toute en finesse. L'auteur va au fond des choses, et transcrit clairement et intelligemment sa perception des événements. Ces pages (345 avec les notes) se lisent comme un texte qui paraîtrait aujourd'hui. Et, croyez-moi, les soubresauts de l'Histoire qu'elles renferment font battre le coeur et trembler la main qui tient le livre. Pour conclure, grand merci à "Colimasson". Elle a manifestement analysé l'ouvrage en profondeur, et j'entends à présent prendre le temps de savourer sa prose. + Lire la suite |