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Mona Chollet attaque la question de l'aliénation féminine par le corps, à bras le corps pourrait-on dire (facile et manque de fluidité, mais passons). Série télé, presse féminine, mannequinat, cinéma, santé… autant de domaines qui, si l'on prend la peine de s'y intéresser, témoignent dans le même temps d'une injonction à la consommation et d'une dictature de la minceur. Lorsque la femme se doit d'être féminine et que la féminité se concentre dans la séduction, le corps devient le champ d'une bataille sans faim (beaucoup plus subtile).

Riche d'exemples qui n'ont rien d'anecdotiques, ce texte permet d'aborder la question de la représentation des femmes et de leurs droits de manière très accessible et originale. Les références sont nombreuses et parlent d'elles-mêmes, mais l'auteure ne se contente pas de les présenter pour former son propos : elle les décortique et les met en perspective, apportant une raisonnance (tellement fin qu'on dirait une faute d'orthographe) tout à fait appréciable. Sa réflexion met en branle la logique bien souvent intégrées par les femmes qui fait de leur corps un instrument principal de leur subordination à la domination masculine, hétéro-normative et capitaliste.
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De l'image de la femme à l'époque et sous la domination du consumérisme. Il s'agit donc d'un essai sur la beauté comme représentation, c'est-à-dire d'une étude sur l'iconographie de la féminité, mené dans une démarche journalistique (et le style s'en ressent), pourtant bien documenté (références nombreuses et diverses, même littéraires, une très bonne actualité des sources anglo-saxonnes avec cependant une cit. fréquente de Naomi Wolf, The Beauty Myth [1991] qui est peut-être un peu daté malgré la rééd.), qui peut prêter le flanc à la critique concernant tout essai sur les représentations : quel est leur impact sur la praxis, autant sociologiquement (au niveau collectif) que psychologiquement (au niveau individuel) ? En d'autres termes, et à la limite de la caricature, combien l'aliénation du mannequin anorexique se reflète-t-il chez chacune ? Peut-on mesurer combien celle-ci et nous tous sommes effectivement sous le joug de celle-là et ce que cela représente (après en avoir dévoilé la signification) ?
L'incipit pose la question, le développement ne peut pourtant pas dépasser le stade axiomatique :

"Ecrire un livre pour critiquer le désir de beauté ? "Il n'y a pas de mal à vouloir être belle !", m'a-t-on parfois objecté [...] Non, en effet : ce désir, je souhaite même le défendre [...]. le problème, c'est que dire cela à une femme aujourd'hui revient un peu à dire à un alcoolique au bord du coma éthylique qu'un petit verre de temps en temps n'a jamais fait de mal à personne." (p. 5)

Ier ch: "Et les vaches seront bien gardées. L'injonction à la féminité" - Permanence et détérioration du partage des rôles de genre ; la beauté = féminité comme injonction (domination) ; "la dévalorisation systématique de leur physique que l'on encourage chez les femmes, l'anxiété et l'insatisfaction permanentes au sujet de leur corps, leur soumission à des normes toujours plus strictes et donc inatteignables" (p. 28) ; ce "backlash" comme instrument de marketing.

Ch. II: "Un héritage embarrassant, interlude sur l'ambivalence" - repli des femmes sur l'intériorité du foyer et des satisfactions strictement individualistes et consuméristes comme réponse à "notre époque dévorée d'angoisse - entre crise écologique, souffrance au travail et peur du chômage" (p. 59).

Ch. III: "Le triomphe des otaries. Les prétentions culturelles du complexe mode-beauté" - "L'emprise croissante exercée sur la sphère culturelle par la mode, la publicité, la consommation qui la vident de tout contenu pour lui imposer leur logique et leurs impératifs, en même temps qu'elles font valoir leur prétention à accéder elles-mêmes au rang de culture" (p. 16) ; et comme effet collatéral : "la réduction drastique des modèles identificatoires offerts aux femmes, et l'indigence de ceux qui subsistent." (p. 79).

Ch. IV: "Une femme disparaît. L'obsession de la minceur, un "désordre culturel"" - où le physique anorexique des mannequins est lu comme impératif contradictoire par rapport au corps et comme métaphore de la femme qui "ne prend pas de place".

Ch. V: "La fiancée de Frankenstein. Culte du corps ou haine du corps ?" - suite et généralisation du précédent, en introduisant quelques aspects psychologiques, notamment le "piège de l'homologation" (p. 158) et la réfutation de la prétendue "liberté de choix" (épilation intime, chirurgie esthétique, etc.)

Ch. VI: "Comment peut-on ne pas être blanche ? Derrière les odes à la "diversité"" - recul dans la représentation de la diversité ethnique et morphologique dans la mode à partir des années 2000.

Ch. VII: "Le soliloque du dominant. La féminité comme domination" - retour sur la dialectique femme-sujet vs. femme-objet en particulier dans l'actualité médiatique.
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Je suis actuellement très secouée par cette lecture. Comment ai-je pu vivre vingt-trois ans dans un monde où la femme est prisonnière à tant de niveaux ? Prisonnière de cette injonction à être sexy, à être mince, à être blanche, à être à la mode. Chacun des chapitres est passionnant et amène avec lui son lot de révélations. Je n'avais pas notion par exemple de toutes ces articulations entre le monde de la mode et de la beauté, véritable pompe à fric et celui du cinéma. Ils viennent chercher les actrices correspondant au standard de beauté comme on ferait le marché, s'assurant à eux et à l'actrice une promotion énorme. le sexe comme condition à faire une couverture de Vogue. le racisme éhonté chez les grands noms de la mode. Les complexes donnés aux femme via les sacro-saints magazines féminins qui s'assurent de toujours nourrir le complexe mode-beauté, cette pompe à fric gourmande. Mona Chollet a réalisé un travail d'une grande qualité avec cet ouvrage, qui s'il a aujourd'hui dix ans, n'a pas pris une ride.
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Découvrir Mona Chollet c'est se prendre une claque en pleine figure. Une claque des plus bienvenues car intelligente, jamais je n'avais lu de livres aussi brillant, aussi véridique et si solidement étudié que Beauté Fatale !

La mode, la beauté et tout ce qui va avec ne m'ont jamais attiré, je n'ai jamais compris l'intérêt de lire la presse féminine où les pubs sont plus présentes que les contenus et où on a l'impression de voir des vitrines artificielles sensées renvoyer un miroir "véridique" des femmes (!!) alors lire Mona Chollet m'a fait prendre conscience que j'avais eu de la chance de passer à coté de tout ça jusqu'à présent.

Mais de là à dire que, comme toutes les femmes que nous sommes, je ne me suis jamais triturée les méninges pendant des années pour savoir m'habiller, me maquiller, me coiffer et être toujours "sophistiquée" même pour aller faire les courses serait mentir.
Et en lisant Beauté Fatale, j'ai pris conscience de la terrible vérité qui nous est dédiée, à nous les femmes, de devoir être parfaite en toute occasion ! Forte de ne plus être cantonnée à faire le ménage et s'occuper des enfants uniquement, le monde du travail nous a été ouvert mais à quel prix....
Celui d'ajouter encore plus de responsabilités, de devoirs pour rester parfaite dans tous les domaines où nous nous réalisons... Pourquoi ?
Parce que la femme reste encore une espèce d'objet qui fait fantasmer autant qu'il fait peur à la gente masculine, tout du moins, la soi-disante gente "bien-pensante" masculine de notre société.
Celle qui soumet la femme à ses désirs, ses travers mais qui veut surtout la maintenir dans une position sulbalterne, transparente "sois belle et tais-toi".... surtout "tais-toi!" et en ajoutant évidemment "sois belle, mince, jeune avant tout et tais-toi !"

Mona Chollet nous fait part de manière brillante de ses réflexions, de ses questionnements sur cette beauté entretenue par le monde de la presse, par le monde artistique sans oublier celui de la mode et de la beauté qui créent des injonctions de toutes pièces pour "remplir" un vide semble-t-il dans l'esprit des femmes.
Un vide dont on ne sait d'où il tire ses sources tant réduire la femme à une coquille vide incapable de raisonner, de penser, d'être intellectuellement capable tend à dire que nous ne sommes que des "sous-êtres" littéralement vides de conscience.
C'est vertigineux de voir à quel point l'avènement des influenceuses, des blogueuses modes, beauté sont devenues des stars au même titre que les actrices, mannequins d'antan dont le but existentiel est de vider son porte-monnaie pour se constituer un univers uniquement fait de strass, de paillettes mais sans aucune conscience morale (?!!)

Inquiétant quand on découvre la tendance mondiale à vouloir ressembler à un idéal de femme : celui de la femme blanche surtout et avant tout, les cheveux lisses, les yeux bleus si possible !
On blanchit sa peau, on étire ses paupières, on se botox, on défrise ses cheveux, on voit plus souvent le chirurgien esthétique que le généraliste, on dépense son salaire pour avoir la sensation d'être dans le "vrai". Mais le vrai de quoi ?

Cet ouvrage est profondément déboussolant car qu'on se sente plus ou moins concerné par le monde de la beauté, de la mode, on se rend compte que peu importe qui nous sommes, quel métier nous exerçons ou dans quelle sphère nous évoluons, la pression faite aux femmes est tellement insidieuse, pernicieuse qu'elle est devenue un "mode de réflexion" à part entière.

Mais il ne tient qu'à nous de ne plus vouloir jouer à ce jeu des apparences, des apparats et refuser de continuer cette mascarade qui, loin de nous rendre service, nous dessert intellectuellement parlant et fait de nous des êtres vides de sens....

La femme n'est ni un objet, ni une coquille vide !
Et de poursuivre ma lecture de "déconstruction" en découvrant Sorcières, la puissance invaincue des femmes !
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Dans cette période post Me too et de revendications féministes, j'ai eu envie de lire cet essai. J'y ai appris beaucoup, et il a été source de réflexions. Ce que j'en ai retenu, c'est l'incapacité pour la plupart des femmes de s'affirmer et de poser leurs limites. D'après moi, ce genre d'ouvrage devrait trouver sa place dans l'enseignement secondaire. Il est documenté, sujet à débat et ouvre les horizons sur des travaux d'universitaires américain(e)s. D'autre part il répond à un besoin exprimé par les adolescents.
Je suis dès lors avide de lire le livre de Mona Chollet sur les sorcières.
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Un essai qui passe en revue tous les aspects de « l'aliénation féminine » soigneusement entretenue par la presse féminine, l'industrie du luxe , de la mode et des cosmétiques, mais aussi les séries et le cinema... Écrit en 2012, il n'a pas beaucoup vieilli, actualisé même par le mouvement #MeToo, l'affaire Weinstein, l'affaire Polanski/Haenel aux Cesars etc...
Je ne détaille pas les différents thèmes du livre, ils sont très bien expliqués dans les autres critiques Babelio. Il se lit très bien, illustré par de nombreux exemples et non dénué d'humour !

Mona Chollet est particulièrement critique avec la presse « féminine » et elle a raison. On connaît les ravages que peuvent provoquer , chez les adolescentes notamment, toutes ces pages où sont glorifiés des corps jeunes, minces et sans défauts, et toutes ces vedettes à la vie tellement parfaite !
D'ailleurs ces mêmes magazines nous enjoignent encore en ce moment, nous les femmes, à ne pas nous laisser aller pendant le confinement avec « Dix commandements beauté à adopter en confinement » ...Je vous renvoie à l'article des Inrocks du 15/04/2020 intitulé « Confinement :  Et si on foutait la paix au corps des femmes ? », c'est intéressant !
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Une lecture longue, radicale, parfois troublante, sur des sujets faussement simples, la mode, la beauté, la presse féminine. Je ne m'étends pas trop, mais je tenais à signaler ce livre qui explore des questions féministes et de genre très intéressantes. Où l'on pourrait revenir sur une discussion autour de la pertinence, en matière de combats féministes, de se concentrer ou nom sur la question du corps et du rapport au corps féminin. Après cette lecture, mon opinion n'en est que plus affermie que oui, c'est une question essentielle, non pas parce qu'elle pourrait masquer le reste (ce que la société s'évertue d'ailleurs à faire, comme cela est brillamment expliqué) mais parce qu'elle est révélatrice de tout le reste. Difficile à résumer, un très vaste et salutaire sujet.
Lien : http://laclefdefa.wordpress...
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Je lis les essais de Mona Chollet dans le désordre. Forcément, comme beaucoup, j'ai rencontré sa plume grâce à Sorcières puis Réinventer l'amour. Conquise, je me suis procurée Beauté fatale.

Et du coup, je dois dire que je remarque l'évolution de l'écriture de l'autrice entre ses différents essais. J'ai trouvé la lecture de Beauté fatale plus ardue que ses successeurs. Je n'ai pas trouvé les illustrations/exemples toujours extrêmement pertinents par rapport aux propos exposés. Ils étaient tous, sans conteste, très intéressants et, comme toujours, j'ai beaucoup appris mais j'ai été moins emportée. Cela dit, ils ont le mérite d'être divers : presse féminine (le magazine Elle n'a qu'à bien se tenir après tout), discours publicitaires (vous pensez que L'Oréal le vaut bien ?), série TV (chapeau sur l'analyse de Gossip Girl) témoignages de mannequins.
En outre, à première vue, il s'agissait d'un thème qui m'intéressait énormément et, finalement, j'ai eu l'impression d'avoir plus appris sur ce thème avec Sorcières que Beauté fatale.

Dans cet ouvrage, il est notamment question de l'obsession de la minceur jusqu'à parler de « désordre culturel » menant à des maladies comme l'anorexie. On y parle aussi de haine du corps avec ce que la chirurgie esthétique entraine comme dérives pour faire la promesse aux femmes d'atteindre l'inatteignable.

Selon l'autrice, sur l'injonction à la féminité, les pressions subies par les femmes sur leur physique, en plus de leur faire perdre du temps, de l'énergie et de l'argent ; les soumet à un état d'insécurité psychique et de soumissions aux normes. Normes d'ailleurs imposées par les diktats de (mauvais) magazines, d'industries aux valeurs plus que questionnantes dont, bien entendu, on trouve à leur tête : des hommes.

Comme toujours, double injonction faite aux femmes : soyez féminines si vous voulez être aimées, désirées mais attention, pas trop, au risque d'être la propre responsable d'une éventuelle agression sexuelle ou de ne pas être prise au sérieux dans le milieu professionnel.

Pour résumer cet essai qui, comme tous ceux de Mona Chollet, reste éminemment utile et salvateur : « La question du corps pourrait bien constituer un levier essentiel, la clé d'une avancée des droits des femmes sur tous les autres plans, de la lutte contre les violences conjugales à celle contre les inégalités au travail en passant par la défense des droits reproductifs ».
Lien : https://littecritiques.wordp..
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Vous savez, pour une fois, c'est assez intéressant d'être un garçon qu'essaye de biter des trucs importants sans avoir la matière grise adéquate, celle qui donne envie de contre argumenter ou d'avoir le recul nécessaire pour pouvoir analyser comme il faut.

Parce que du coup t'es prêt à recevoir l'information. Et même en étant le plus objectif possible quand t'essayes de comparer à des situations que tu connais, à plaquer sur ta propre réalité, tu peux pas t'empêcher d'avoir envie de vomir, de trouver les choses tellement ignobles que ça te conforte pas dans l'idée d'aller faire un bisou à ton voisin mais plutôt de te marginaliser encore plus loin, loin de tout ce brol.

De la série Mad Men aux affaires DSK et Polanski, en passant par le monde cruel de la mode, de l'absurdité de la chirurgie esthétique, à la représentation de la suprématie blanche comme uniformisation des codes de beauté, des blogs de mode de Garance Doré à la tentative idiote de BHL de se faire passer pour un féministe, Mona Chollet n'a pas vraiment besoin de vitriol pour dresser son plan.

T'étonnes pas trop si t'as ton coeur qui bat, si t'as envie d'aller défoncer tous les panneaux JCDecaux que tu vois, d'aller brûler la gueule de l'agence Elite ou des réalisateurs de Gossip Girl, je crois même que si tu ressens tout ça, ça me mettrait un peu de baume au coeur tu vois ?

Ça m'a même fait un peu changer d'avis sur cette question de choix, mais c'est une autre histoire qu'on peut discuter si t'as envie.

Pour le moment je crois que si un jour j'avais une librairie à moi je ferai une pile à l'année avec ce titre.

BOOM.

(merci Mona, t'es quand même sacrément douée pour expliquer sans t'énerver, moi à ta place j'aurai déjà kamikazé tout l'monde)

Check !
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Cet essai, très documenté, a été pour moi une vraie claque.
C'est fou comme nous sommes, alors même que l'on a un accès facile aux informations et que l'on se considère comme ayant un esprit critique, conditionner par les médias (de tout type) concernant la beauté féminine.
Je ne connais pas grand-chose sur le monde des industries de la mode et de la beauté, j'ai donc appris énormément avec cet ouvrage.
J'ai apprécié apprendre de quelle manière ces industries ont évolué, et ont fait évoluer, la représentation du corps féminin. Mais aussi comprendre comment en quelques années nos sociétés sont passées de la célébration de beautés plurielles à la canonisation d'un archétype de beauté totalement inatteignable pour 99 % d'entre nous. Et comment un grand nombre de femmes se torturent pour tenter d'approcher cet archétype et se flagellent quand fatalement elles n'y arrivent pas !
Ce livre m'amène à remettre en question certaines de mes habitudes et de mes opinions alors même que je ne me sens pas spécialement touchée par ces diktats.
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