La quarantaine bien entamée, Tommy et Tuppence digèrent bien mal le fait d'être laissés sur la touche alors qu'ils brûlent d'envie de prendre part à cette seconde guerre en proposant leur aide. Tuppence est gentiment mais fermement condamnée à tricoter pour les soldats alors que Tommy n'a plus qu'à se morfondre et ruminer sa « vieillesse ».
Et chance inouïe, Tommy se voit finalement proposer, mais en solo, une chasse aux sympathisants nazis. Enfin, en solo, c'est sans compter la ténacité de Tuppence qui le devance et s'invite dans cette vieille pension au bord de mer, la villa Sans Souci, où il doit tenter de dénicher le cerveau voleur de secrets des forces anglaises. Donc, c'est tout de même avec une grande fierté face à l'intelligence et l'ingénuité de sa moitié qu'il la découvre, tricotant un passe-montagne en laine kaki, au beau milieu des pensionnaires.
Quel plaisir de retrouver ce couple inséparable, aux échanges mutuels si piquants, mais qui laissent deviner toute leur complicité derrière leur humour railleur !
Et ce lieu, typiquement anglais, une villa victorienne servant de pension de famille. le danger semble bien improbable dans cette bonne vieille demeure ou même une petite gamine de deux ans babille quelques mots formant des phrases de sa composition personnelle à la compréhension bien hasardeuse. Il faut avoir de l'imagination pour trouver dans ce petit monde tout à fait ordinaire un ou une espionne à la solde de l'Allemagne. Et pourtant, Agatha installe progressivement une atmosphère de malaise, certains signes alertent notre couple de détectives alors que d'autres, si bienveillants, leur paraissent tout à fait innocents.
On scrute alors de plus près ces personnes fades, ou tyranniques, ou sirupeuses…
Tout en suivant un petit fil conducteur plutôt surprenant sur le thème de l'amour maternel,
Agatha Christie tisse sa toile et nous offre une petite lecture fort plaisante. Et puis le contexte contribue aussi activement à l'attrait de ce petit roman d'espionnage. L'inquiétude de la montée en puissance allemande augmente parallèlement à la suspicion envers les ressortissants étrangers.
Ce petit roman sympathique joue tout à fait son rôle de lecture plaisir. On s'y installe avec délice et on le quitte avec un sourire so british.