Il a des maîtresses à tous les coins de rue, des filles qu’il couvre d’or ! Sans compter une actrice de Bordeaux qu’il a fait venir, qu’il entretient, qui lui coûte les yeux de la tête ! Il se ruine en diamants et en falbalas pour ces péronnelles, tout ce sérail ! C’est au point que sa femme s’est séparée de lui…
Les filles du peuple pouvaient, à la rigueur, trouver bague à leur doigt, petit vigneron, ouvrier tisserand, trameur ou corsetier ; mais les « demoiselles » de la classe bourgeoise, les maigres héritières de tel ancien inspecteur des postes, tel ex-contrôleur des contributions ou agent voyer principal, de tel capitaine ou chef de bataillon en retraite… Ah ! ce n’était pas chose facile de les pourvoir !
Il y en a, des bossus, qui ne se doutent pas de leur conformation, qui, par conséquent, ne peuvent jamais avouer… Ah ! n’importe ! Bossue ! Elle que, d’après son portrait, j’avais crue si séduisante ! une perfection ! Non, ça ne se fait pas ! J’ai beau boiter, moi… Si elle n’était que boiteuse, passe encore ! Mais bossue ! bossue !
Parce que, si je vous donne aujourd’hui, il faudra vous donner encore demain et tous les jours que Dieu fasse. Je ne pourrai plus passer dans cette rue sans que vous me poursuiviez… Je ne donne jamais en rue.
En tous cas, il ne fallait pas tourner bride et détaler sans se revoir et se mieux expliquer. Que diantre ! on ne fait pas deux cents lieues pour toucher barre simplement et rebrousser chemin au galop.