1920. Dans un petit village du centre de la France, le conseil municipal décide l'édification d'un monument aux morts de la première guerre mondiale. Si Jacques l'instituteur, rescapé des tranchées de Verdun (mais très handicapé) et fervent républicain, plaide pour un symbole pacifiste et une dénonciation des horreurs de la guerre, le représentant local de la bourgeoisie bien-pensante et nationaliste milite bruyamment pour un monument à la gloire de l'esprit de sacrifice des combattants. Les deux camps semblent irréconciliables jusqu'à ce que les instituteurs décident, pour la fête de fin d'année, d'organiser un spectacle réunissant tous les enfants de la commune, écoles privées et laïques mélangées.
Michel Denis-Clément nous offre une formidable histoire qui aborde avec sensibilité les épouvantables conditions de survie dans les tranchées, les grandes difficultés rencontrées par les survivants de cette boucherie mais aussi la terrible peine des familles des disparus. Bien servi par l'écriture vivante et le style impeccable de l'auteur, cet ouvrage nous plonge également au coeur d'un petit village de la France profonde dans cet après-guerre où tout est à reconstruire. Les personnages principaux sont dotés d'une véritable épaisseur psychologique qui densifient le récit et lui confère une authenticité remarquable. Les joutes oratoires entre l'instituteur laïc et le curé, tous deux rescapés de la guerre, émaillent adroitement les péripéties de l'intrigue.