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3,95

sur 809 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ah il est fort, le bougre ! Une fois encore, il m'a eu !
En ouvrant son dernier roman, je m'étais pourtant promis d'être un peu plus critique que d'habitude envers Jonathan Coe. C'était décidé : j'allais dégainer mon stylo rouge et traquer sans trop de complaisance ce qui m'apparaitrait comme des redites, des solutions de facilité ou des variantes "paresseuses" des précédents ouvrages qui firent son succès ("Testament à l'anglaise", "Bienvenue au club", "Le coeur de l'Angleterre"...) Tous m'ont plu mais tous mettaient en scène les mêmes "types" de personnages, et tous traitaient des mêmes sujets : le Royaume-Uni, son Histoire et ses particularismes, les grands axes politiques choisis par sa classe dirigeante et leurs répercussions sur la vie quotidienne des sujets de Sa Majesté.
En clair, j'étais sûr que Coe allait encore faire du Coe, je craignais que ça tourne chez lui à la véritable obsession et cette fois-ci je comptais bien ne rien lui laisser passer.

Et puis je me suis lancé.
Stylo rouge en main, j'ai d'abord pris connaissance de l'arbre généalogique (relativement touffu) en première page. J'y ai notamment rencontré Mary Lamb, bien entourée d'ancêtres, de cousins et de descendants nombreux, et tout ce beau monde n'a pas tardé à m'entrainer dans une réjouissante farandole familiale tour à tour joyeuse et mélancolique, drôle et tendre, sinueuse et débridée.
Le cadre temporel est large, puisqu'il couvre trois quarts de siècle entre la victoire de 1945 et la pandémie de Covid de 2020, et sur cette toile de fond historique, l'auteur fait évoluer ses personnages avec une habileté telle que mon stylo rouge ne m'aura finalement pas été d'une grande utilité...

En jouant en finesse avec la focale de son objectif, Coe change sans cesse d'échelle pour passer en douceur de la grande Histoire du Royaume-Uni (le couronnement de reine Élisabeth II, la coupe du monde de football jouée à domicile en 1966, l'investiture du prince de Galles ou la mort de lady Diana) à celles, plus intimes et infiniment plus modestes (mais non moins dignes d'intérêt !), des membres des familles Lamb, Clarcke, Schmidt...
Les générations se succèdent, les rêves, les doutes et les espoirs se renouvellent selon les époques, mais jamais les liens ne se relâchent entre les différents personnages qui s'agitent devant nous, eux que nous voyons naître et grandir, s'aimer et s'unir, vieillir et s'éteindre.

Tel est donc le joyeux tourbillon qui nous a emporté, mon stylo rouge et moi, et telle est en bref la teneur de ce texte, rendu très vivant par une plume toujours alerte et pleine d'humour (voir par exemple l'incroyable "compte-rendu de réunion de la Commission Environnement et Politique des consommateurs tenue au Parlement européen le 2 juillet 1996" : un vrai régal !), la plume la plus british qui soit.
Avec son style tantôt léger et tantôt ironique, Coe nous offre une nouvelle galerie de portraits très réussie, et ajoute un nouveau chapitre à sa vaste collection de chroniques à la fois tendres et piquantes sur la Grande-Bretagne, sa grandeur (passée ?), ses traditions monarchiques, ses failles et ses travers, son indépendance assumée et ses relations d'amour contrarié avec le reste de l'Europe.
Il n'oublie pas bien sûr d'évoquer le Brexit, d'égratigner quelques figures historiques de la scène politique anglaise et de nous présenter un curieux "Boris" à la chevelure blonde hirsute, dont il aura le culot de dire en postface : "il se peut que certains lecteurs lui trouvent un côté familier, pour autant la question de savoir s'il est ou n'est pas un personnage de fiction reste difficile à trancher avec certitude".
Quel farceur ce Jonathan !

Je prends le pari qu'il n'en a pas fini avec sa saga "made in England", et que le décès d'Elisabeth ou le récent couronnement de Charles feront l'objet d'un futur roman.
En attendant, c'est avec grand plaisir que j'ai arpenté avec lui ce Royaume désuni !
J'ai souri, j'ai vu défiler en accéléré quelques grandes pages d'Histoire, j'ai appris des choses sur Churchill, Thatcher ou Blair, j'ai hurlé devant les hérésies culinaires britanniques et l'idée que nos meilleurs ennemis d'outre-Manche se font du chocolat, et j'ai pesté contre l'étroitesse d'esprit et les préjugés de certains protagonistes tandis que d'autres ont su profondément m'émouvoir (à commencer par Mary, pierre d'angle de la famille et personnage très attachant, directement inspiré par la mère de l'auteur).
Et puis, enfin, j'ai refermé le livre, soupiré d'aise, posé mon stylo rouge s'en m'en être servi.
Non, vraiment, il est fort le bougre...
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L'histoire des quatre-vingts dernières années du Royaume-Uni à travers le royaume désuni.

Je savais que Jonathan Coe abordait systématiquement la politique anglaise dans ses romans, mais je n'en avais encore jamais lu aucun. Lacune réparée avec cette lecture enrichissante !

L'auteur crée le personnage de Mary Clarke, une femme musicienne, sportive, charismatique, mère de famille, qu'on va suivre durant un prologue puis à travers sept chapitres correspondant à sept dates marquantes de sa vie et de l'Histoire du Royaume-Uni :

- 1945 : la victoire
- 1953 : le couronnement de la reine Elisabeth II
- 1966 : la finale Angleterre-Allemagne de l'ouest de la coupe du monde de football
- 1969 : l'investiture du Prince de Galles
- 1981 : le mariage de Charles, Prince de Galles, avec Lady Diana Spencer
- 1997 : les funérailles de Lady Diana, princesse de Galles
- 2020 : le 75e anniversaire de la victoire

Jonathan Coe aborde la condition de la femme, le racisme, l'homosexualité, le brexit, en situant ses personnages à Birmingham, avec ses chocolats Cadbury, à Londres, et ponctuellement dans d'autres lieux d'Europe.

J'ai apprécié le caractère instructif de l'oeuvre. En revanche, l'histoire familiale m'a paru assez convenue, servant principalement à mettre en avant les événements historiques ainsi que de grandes thématiques sociales. Je ne me suis pas attachée particulièrement aux personnages en raison sans doute d'un récit très structuré, totalement dans l'intellect et assez peu dans l'émotion.

Je ne sais pas s'il en est de même du Testament à l'anglaise ou de la trilogie des enfants de Longbridge. Peut-être n'ai-je pas fait le bon choix pour une première découverte de l'auteur…

Je tenterai sans doute la lecture d'autres romans de Jonathan Coe dans les années à venir pour ne pas rester sur mon ressenti en demi-teinte !

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1945 - 2020 : la Grande-Bretagne.
Le lecteur peut suivre au fil de sept grands chapitres l'évolution d'une famille anglaise (mariages, naissances, études, travail, relations intra-familiales, différences plus ou moins bien acceptées...), durant ces presque huit décennies. En parallèle, il suivra les grands événements De La Famille royale britannique (couronnement d'Elisabeth II, mariage de Charles et Diana, funérailles de Diana...), et quelques événements marquants de l'histoire du pays (Jour de la Victoire 1945, finale de la Coupe du monde de foot 1966, 75è anniversaire du Jour de la Victoire 2020...), sans oublier le COVID, la Communauté Economique Européenne et la "guerre du chocolat".

Jonathan Coe nous fait voyager dans chaque époque avec talent.
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Jonathan Coe se fait à nouveau tout un plaisir pour nous faire connaitre l'Angleterre moderne de la seconde moitié du XXème siècle jusqu'au confinement. Il choisit sept périodes autour de sept évènements qu'il estime certainement comme majeurs durant cette période. Victoire après la Seconde Guerre Mondiale, couronnement de la Reine Elisabeth II, investiture du Prince de Galles, mariage de Charles et Diana, mort de Diana, arrivée au pouvoir de Boris Johnson, le tout en passant par les exploits footballistiques anglais, Mrs Tatcher, les Beatles ou encore les relations internationales et avec le continent européen.
Pour cela il prend racine dans une de ces bourgades typiquement anglaise proche de Birmingham, plus précisément dans une Chocolaterie emblématique. Nous sommes en mai 1945, lorsque les deux personnages principaux Mary et Geoffrey sont présentés et c'est ici que débutera une saga sur plusieurs générations.
Il a certes choisi sept moments forts de l'histoire du Royaume Uni, mais on sent bien qu'au delà de ces moments historiques, ce qui lui tient à coeur c'est de déployer plusieurs idéologies différentes chez les anglais.
Il se délecte presque dans l'argumentation minutieuse de chacun des personnages rajoutés au fil du temps, ainsi que dans celle des motivations différentes des uns et des autres. Il aimerait à la fois réconcilier les uns avec les autres, mais d'un autre côté il est enthousiaste à l'idée de cette pluralité.
Même si toutes ces impressions me sont propres, une chose est certaine, Jonathan Coe adore son pays et, comme dans ses précédents chef-d'oeuvres, il veut avant tout nous faire aimer son pays, son peuple.
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Un portrait intéressant de la société anglaise, de ce qui fait famille, nation. Les enjeux, les intéractions, les relations sont parfaitement dépeints. Ce n'est pas un traité sociologique, loin de là, mais je l'ai un peu pris comme cela. Des événements clefs, regardés à la loupe sous le prisme d'une famille lambda. Un regard acéré.
Mais il m'a manqué un peu de sentiment. J'étais très distante avec les personnages lors de ma lecture. Dans un roman, j'aime éprouver plus d'empathie. Là entre la distance, l'importance du contexte et les ellipses temporelles, il m'a manqué un peu d'émotion.
Mais je retenterai d'autres romans de Jonathan Coe à l'avenir.
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« le grand chroniqueur de l'Angleterre » récidive, après son diptyque Bienvenue au Club et le Cercle fermé, et offre avec le royaume désuni un portrait éclair de la société britannique, de la deuxième moitié du XXe siècle jusqu'à l'éclosion de la COVID-19.
C'est un roman intelligemment construit autour de six grands événements : le Jour de la Victoire le 8 mai 1945, le couronnement de la reine Elizabeth II le 2 juin 1953, la finale de la Coupe du monde de soccer entre l'Angleterre et l'Allemagne de l'Ouest le 30 juillet 1966, l'investiture du prince de Galles le 1er juillet 1969, le mariage de Charles, prince de Galles, et de Lady Diana Spencer le 29 juillet 1981, les funérailles de Lady Diana, princesse de Galles le 6 septembre 1997 et, bouclant la boucle, le 75e anniversaire du Jour de la Victoire le 8 mai 2020. Une famille typiquement british, les Lamb, survole ces années dans des pages riches d'anecdotes et de faits historiques.
Jonathan Coe brille ici encore une fois par son immense talent de raconteur et je ne me lasse pas de lire ses comptes-rendus romanesques d'une société insulaire que l'on apprend à connaître de l'intérieur. Un défi que de savourer lentement cet opus, car on se laisse très vite emporter par la narration enjouée et le récit plus qu'enlevant!
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Bienvenue à Bournville, cité ouvrière fondée par l'entreprise de chocolat Cadbury dans la banlieue de Birmingham, dans la famille de Mary et Geoffrey Lamb. C'est à travers les yeux des différents membres de cette famille de la classe moyenne que Jonathan Coe nous fait revivre sept moments marquants de l'histoire anglaise de 1945 à 2021 . Les célèbres discours de Churchill et du roi célébrant la victoire de 1945 , les grands-messes collectives autour de la famille royale (couronnement, mariage, funérailles), la Coupe de monde de foot de 1966 qui vit la victoire des Anglais : autant d'événements gravés dans la mémoire collective, vécus ensemble mais souvent perçus différemment par les membres de la famille Lamb élargie, en fonction de leur âge , de leur personnalité et de leur sensibilité politique notamment.

A l'âge d'or des annees 60, celles des Beatles , des premiers James Bond et de l'Austin mini, succèdent les dures années Thatcher et l'euro scepticisme qui aboutira au Brexit (dont l'auteur a déjà dit tout le mal qu'il en pensait !).

On retrouve dans ce Royaume désuni certains personnages des livres précédents de Coe, comme le Thomas Foley et sa famille, d'Expo 58 et de la pluie avant qu'elle tombe, ou le Paul Trotter du Cercle fermé. Mais le personnage le plus complet et le plus touchant est sans conteste celui de Mary , inspiré par la mère de l'auteur, morte dans la solitude du confinement.

Si ce n'est pas , pour moi, le meilleur livre de l'auteur ( j'y ai trouvé quelques longueurs , par exemple sur la fameuse « guerre du chocolat »), c'est une nouvelle fois une formidable radioscopie de l'Angleterre pleine de nostalgie mais d'humour aussi , comme le portrait d'un certain Boris qui allait à son tour marquer l'histoire anglaise !
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"Le royaume désuni" étant enfin de retour dans ma bibliothèque je le suis empressée de l'emprunter.
Pour avoir assisté à une rencontre avec Jonathan Coe, je savais qu'il était basé sur sept grands événements ayant marqué l'Angleterre et que l'on y retrouvait les familles Lamb et Foley du cycle "Unrest", elles-mêmes liés aux Trotter de le trilogie commençant avec "Bienvenue au club".
D'où l'impressionnant - et un peu inquiétant - arbre généalogique placé au début de l'ouvrage.

Je dois avouer qu'entre les sauts dans le temps et la multitude de personnages (puisque l'amplitude des événements historiques court sur trois générations) j'ai souvent perdu le fil.
Et puis je me suis souvenu - malheureusement un peu tard - que l'auteur avait expliqué s'être fortement inspiré de sa mère pour créer Mary qui, en plus d'être l'un des personnages principaux, s'est aussi avéré être mon préféré. Centrés sur elle, les liens deviennent plus faciles à suivre.

Comme à son habitude, Coe livre une chronique de l'Angleterre enlevée. Il épingle les belles idées et les petits travers de ses compatriotes. Tout particulièrement dans ce roman, leur fascination pour la Seconde Guerre mondiale et les divergences d'opinon au sujet de la monarchie. Il raconte aussi l'arrivée de la télévision dans les foyers, la guerre du chocolat entre membres de la CEE et la gestion désastreuse du Covid par Boris Johnson.

L'idée de prendre des instantanés d'une famille à des moments précis de l'Histoire est excellente, d'autant qu'elle permet comme rarement d'explorer l'évolution des mentalités dans le temps. Mais cela ne fonctionne que si le lecteur sait parfaitement qui est qui tout au long de sa lecture, et cela m'a demandé tant de concentration que je suis un peu passée à côté du roman. Semi-déception, car habituellement j'apprécie beaucoup cet auteur. Peut-être me manquait-il des clés présentes dans "La pluie avant qu'elle tombe" ?
Je le découvrirai en le lisant.
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A la suite de la grandeur déchue d'Hollywood avec Billy Winder et moi, Jonathan Coe raconte dans le royaume désuni le déclin de la Grande Bretagne en suivant le destin de la  famille de Mary Clarke habitant le petit village de Bournville, réputé pour sa chocolaterie fondée par les Cadbury.

Ainsi, de la fin de la guerre en 1945 jusqu'au lendemain du Brexit, et par petites touches, Jonathan Coe décrit la lente régression de ce pays qui dans l'histoire a connu un rayonnement envié et respecté.

Au moment du covid, Peter prend des nouvelles de sa mère, Mary, âgée, et prend conscience du temps qui passe. Il décide de profiter de ses moments hors temps habituel pour préparer la fête des cinquante ans de mariage de ses parents.

L'occasion de ressortir les souvenirs, les vieilles photos, d'interroger les uns et les autres, et Jonathan Coe raconte ainsi plus de soixante ans de vie de cette famille autour de l'ancrage que constitue pour le Royaume Uni la monarchie incarnée par Élisabeth II.

De l'humour comme toujours avec Jonathan Coe, des tranches de vies parfaitement reconstruites de façon vivantes et variées, un art éprouvé de la narration, le Royaume désuni est un roman à découvrir !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Lecture feelgood de ce weekend !

En réalité, depuis l'annonce de sa sortie, ce titre me faisait de l'oeil, je savais qu'on était faits pour être ensemble lui et moi !
Alors non, il ne rentre pas habituellement dans la catégorie "feelgood" mais c'est l'effet que m'a produit cette lecture donc ...

La famille se centralise autour de Mary (qui n'a pas choisi le bon mari, je ne m'en remettrai pas !) qui est vraiment un personnage attachant.

J'ai adoré suivre une famille lambda et ses petits secrets et désaccords sans intrigue particulière, et tout autant aimé suivre L Histoire britannique à travers les yeux de ses citoyens, sa famille royale, via le foot, son industrie chocolatière...

Quel livre de cet auteur me conseillez-vous ensuite ? Ou quel roman du même type ?
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