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sur 829 notes
Certains ici se sont plaints du titre mais en l'occurrence l'auteur n'y est pour rien, le titre original étant Bournville. Ceci étant le titre français me semble en effet légèrement racoleur au regard du propos tenu. Si l'idée est de faire de ce livre un révélateur des causes profondes du Brexit, un précédent livre de Coe, Middle England ("Le coeur de l'Angleterre" en français) me semble bien plus révélateur en la matière. Ici le livre se laisse lire sans déplaisir mais, à mon sens, laisse le lecteur sur sa faim au regard de l'entame du bouquin, qui a peut-être un peu vite inspiré le titre français, où l'on voit deux musiciens britanniques dont la tournée est interrompue par le coronavirus, régulièrement harangués du fait du départ du Royaume-Uni de l'Union européenne. Bizarrement ce livre-ci ne nous apprend in fine rien sur le sujet (ou alors il faut avoir lu le prénommé "Middle England" avant, ce qui fut mon cas) ou alors vraiment en creux. Tout au plus y apprend-t-on la naissance puis la décadence (certes précipitée par l'appartenance à l'UE, Coe se montrant assez étrangément complaisant à cet égard, s'écartant finalement assez peu de la vision des Brexiters) d'un village, Bournville, construit autour d'un chocolat qui n'en est pas vraiment un. Nostalgie d'une spécificité britannique bizarrement exacerbée lorsqu'il s'agit de toucher à tout ce qui apparaît le moins "reluisant" dans ce pays. On s'en aperçoit lorsque l'on lit ce livre d'un point de vue externe mais est-ce bien l'intention de l'auteur ? M'a laissée sur ma faim. Lisez plutôt "Middle England", bien meilleur à mon sens...
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J'ai beaucoup apprécié les romans de Jonathan Coe que j'ai lus, mais je n'ai pas pu entrer dans celui-là. Certes, l'idée de suivre une famille de 1945 à 2020 au travers d'évènements qui ont jalonné cette période pouvait être intéressante, mais l'absence d'objectif (selon ma perception) a rendu cette narration ennuyeuse. La guerre du chocolat, évoquée comme un exemple du divorce avec l'Europe, le journaliste fantasque à la mèche rebelle dont le prénom est Boris et qui devient premier ministre esquissent quelques pistes justifiant le Brexit, mais les relations familiales et générationnelles, pourtant bien incarnées n'apportent guère d'eau au moulin d'un dessein explicite de l'auteur.
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Le 8 mai 1945, l'Angleterre célébra ce qui fut peut-être sa plus grande victoire, et sans doute aussi la dernière, et ensuite, elle entama sa descente aux Enfers de l'Histoire, et tout lui fut peu à peu retiré, Tel est le sujet du dernier livre de Jonathan Coe, sans doiute aussi son meilleur, car le plus authentiquement tragique.
Car, même si des personnages s'agitent au premier plan, ce n'est pas une saga familiale,et les Lamb ne sont pas les Cazalet, nous ne sommes pas dans le mélodrame, mais dans la tragédie,
Le récit est articulé autour de sept événements qui ont marqué l'histoire et la petite histoire de l'Angleterre, de la victoire de 1945 à son soixante quinzième anniversaire, en 2020, bien éclipsé par l'épidémie ou se débat le royaume, au milieu des gesticulations de Boris Johnson.
De Winston Churchill à Boris Johnson....
Entre les deux, quoi ?
On serait tenté de dire qu'il se produit sept non-événements, du Sacre d'Elisabeth II, dernier rappel des splendeurs de l'Empire, dont les vestiges peuvent encore faire illusion, à la triste comédie des obsèques de Lady Diana Spenser, et au milieu la « gloire » d'une victoire à la Coupe du Monde de football de 1966.
Et, tiens, il y a aussi la Guerre du Chocolat, qui opposa pendant vingt ans l'Angleterre, désireuse de commercialiser en Europe son chocolat,dans sa recette inchangée depuis les restrictions de la guerre, comportant des graisses végétales non issues du cacao, et les autres pays. Querelle dérisoire, dira-t-on, témoignant pourtant de la nostalgie des Anglais à l'égard de la période de la guerre, période de souffrance, certes, mais aussi dernière manifestation de la puissance de l'Angleterre. Et c'est bien de cela qu'il s'agit.
Le livre a été écrit quelques mois avant ce qui aurait pu être son véritable dernier épisode, les funérailles de la Reine le 14 septembre 2022, où l'Angleterre enterra tout ce qui lui restait.
Et les personnages, cependant ? Eh bien ce ne sont pas des héros, mais ce sont des hommes ; ils vivent la tragédie commune de l'humanité : comme le dit Caligula dans la pièce de Camus, ils meurent et ils ne sont pas heureux.
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Avec son dernier roman, Jonathan Coe a fait le pari de nous raconter soixante-quinze ans de l'histoire la plus récente du Royaume-Uni via sept temps forts vécus par plusieurs générations d'une même famille.
Le choix de ces moments, forcément arbitraire, souligne le glissement qui a conduit le pays du statut de puissance incontestée dans le monde en raison de sa participation à la victoire contre l'Allemagne nazie au Brexit. Comment en est-on arrivé là se demande l'auteur ?
Comment la domination sur l'Europe s'est-elle transformée en une attitude de repli pour tenter de retrouver la gloire d'antan ?
Jonathan Coe ne donne pas de réponses. Il se contente de suggérer quelques pistes : la perte de colonies dans l'immédiat dans l'après-guerre ; la haine de l'Angleterre par les composantes du Royaume-Uni incarnée par une famille de Gallois « avec de la merde de mouton jusqu'aux chevilles » ; la défiance vis-à-vis de l'institution monarchique au moment des obsèques de Lady Diana ; le multiculturalisme qui malmène les traditions britanniques, le rachat par des entreprises étrangères des fleurons de l'industrie britannique...
Pourtant, à certains moments, le peuple se rassemble pour communier et célébrer sa prétendue supériorité. Ce fut le cas en 1953 lors du couronnement d'Elizabeth II ou encore en 1966 lorsque l'Angleterre devint championne du monde de football en battant l'Allemagne.
C'est autour de Mary, personnage inspiré de la propre mère de l'auteur, que se construit le récit. Âgée de onze ans le 8 mai 1945, date de la victoire des Alliés, elle vit à Bournville, petite bourgade pimpante de la banlieue de Birmingham qui ne vit que pour développer Cadbury, la fierté locale. Pour les Britanniques, l'entreprise symbolise l'absurdité du fonctionnement de la CEE à laquelle le Royaume-Uni adhère en 1973. Les Européens du continent, la France en tête, exigent que, pour avoir le droit d'être considéré comme du chocolat, le chocolat doit contenir davantage de beurre de cacao au détriment des matières grasses végétales.
Mary épousera Geoffrey, un homme attaché à certaines « valeurs » comme le refus de la mixité raciale et de l'homosexualité. Pas de chance pour lui, l'un de ses fils épousera une jeune femme noire et le benjamin fera son coming out, une révélation que son père ignorera.
Les années passant, la famille s'agrandit et, au moment où se termine le roman, Mary est arrière-grand-mère, une bisaïeule qui vivra très mal la période du Covid et la solitude qu'elle lui imposera.
Tout au long des quelque quatre cent quatre-vingt-dix pages du « Royaume désuni », Jonathan Coe observe les descendants de Mary dans leur vie personnelle et à l'occasion de réunions de famille qui donnent lieu à des dialogues savoureux sur l'état de l'Angleterre, personne n'ayant le même avis sur ce que leur pays est devenu, une puissance moyenne sur le déclin mais fière de sa singularité insulaire et de son prestigieux passé qui n'est plus qu'un souvenir et qu'un nationalisme exacerbé ne parvient pas à raviver.
Sans grandiloquence, avec une grande simplicité et une finesse dans l'analyse psychologique, Jonathan Coe, moins cruel que dans ses précédents romans, fait le portrait tout en nuances, un brin nostalgique et souvent drôle, d'une nation devenue hystérique, dysfonctionnelle et paradoxale qui fait coexister fastes de la famille royale et grande pauvreté.
L'irruption d'un certain Boris, journaliste ouvertement anti-européen devenu Premier ministre, est l'acmé de cette folie qui s'est emparée de la Perfide Albion » !

EXTRAITS
Plus ça change, plus c'est la même chose.
Aucun autre pays d'Europe n'est obsédé par cette guerre, […], ils sont tous passés à autre chose.
Je crois bien qu'on peur mourir de solitude.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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Du discours de Churchill le 8 mai 1945 à la commémoration de la victoire le 8 mai 2020 en passant par la mort de Lady D, à travers quelques événements qui ont marqué l'Angleterre de l'après-guerre, nous suivons la vie d'une famille anglaise de la classe moyenne supérieure.
Le personnage central est Mary (inspiré par la propre mère de l'auteur), mère active, aimante, assurant à elle seule la cohésion de la famille, entourée de ses trois fils tous différents, Jack pleinement engagé dans son temps voué au libéralisme et à la compétition, Martin mesuré en tout et un peu fade, et Peter l'artiste. Autour, gravitent divers personnages d'une famille aux facettes multiples.
C'est écrit avec aisance, une grande habileté, beaucoup de charme, un humour discret et parfois une tendre sensibilité en particulier sur la fin.
Une fois de plus l'auteur nous donne à voir une belle facette de l'Angleterre, qui apparaît ici comme étant un pays qui nous ressemble plus qu'on ne le pense, c'est particulièrement net pendant la crise de la covid.
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Je suppose que vous connaissez ce petit frisson, ce grand vide et cette joie profonde bien que frustrante… Terminer un bouquin qui vous a accompagné quelques jours, quelques semaines ou quelques heures parfois.
Voilà, comme souvent, mes sensations du moment.
Un auteur que je ne lisais plus depuis des années, Jonathan Coe, découvert il y a près de 20 ans avec « Bienvenue au club » qui racontait les années Thatcher et leur impact sur la vie de ses personnages, profondément anglais. Ensuite, après avoir rattrapé mon retard, car « le club… » n'était pas son premier roman et surtout après « le cercle fermé » je l'avais un peu oublié. J'avais tenté de reprendre la lecture mais la magie n'opérait plus. Je ne crois pas que ce soit lié à l'écriture de Coe, mais plutôt au lecteur que je suis qui était peut-être devenu étranger à sa sensibilité.
Une interview de Jonathan dans « Télérama » m'a redonné l'envie de le lire.
Bref, passons au sujet de ce post…
Je viens de renouer avec Jonathan avec la lecture de « le royaume désuni ».
J'aime beaucoup la simplicité, la limpidité de son écriture, simple pour le lecteur mais je suppose que cela demande beaucoup de travail à l'auteur.
Ce roman fait de flashbacks et de rebondissements, de moments qui marquent une famille ou la vie d'un pays.
Je me suis attaché à cette famille anglaise dont nous suivons les différentes générations entre 1945 et 2020.
Entre deux moments forts de l'Histoire anglaise, de l'Histoire mondiale même, puisque l'histoire commence le 8 mai 1945 pour se terminer avec la crise du COVID en 2020.
« Plus ça change, moins ça change… »
L'Angleterre éternelle et les secousses de l'Histoire, des traditions misent à mal d'autres auxquelles les anglais se rattachent et défendent bec et ongles. La royauté, le sentiment de singularité, la CEE et le retour à la fameuse définition « l'Angleterre est une île… »
Seul un anglais sait décrire la mentalité anglaise, la particularité anglaise…
Je ne vais pas raconter l'histoire de la famille Clarke, mais plutôt le passage de l'Histoire dans l'âme d'un anglais, avec deux extraits :

Alors que famille et voisins s'entassent dans le salon devant la télévision naissante pour assister au couronnement de la Reine Elizabeth II
« Tout comme eux, il (Geoffrey) était pris dans la tension dramatique de l'instant, cependant son attention ne se portait pas uniquement sur les images à l'écran, mais aussi sur l'effet qu'elles produisaient sur les spectateurs. Pour lui, le moment où la couronne fut placée sur la tête de la nouvelle monarque représenta une apothéose, une libération. Comme tous les autres, même avec l'aide de commentaire télévisé, il n'avait pas vraiment saisi ces dernières étapes de la messe, mais pour lui, elles dégageaient néanmoins un certain sens de la bienséance qui était en fait renforcé, et non sapé, par leur caractère mystérieux. Geoffrey n'avait pas apprécié le climat des toutes premières années d'après-guerre : des forces dangereuses – le rationalisme, l'intégration, l'égalitarisme – semblaient avoir été libérées par la guerre et menaçaient d'ébranler les fondements de l'ordre ancien. Mais ce jour-là, cette cérémonie indigeste, ésotérique et incompréhensible lui faisait l'effet d'une bouffée d'air rance, qui ramenait l'assistance à un monde passé, plus solide, un monde qui ne reposait pas sur de douteuses valeurs humaines, mais était entièrement fait d'éblouissantes abstractions et de hiérarchies occultes. Juste devant ses yeux, la reine elle-même, cette femme passive et insondable de 27 ans qui était au centre du rituel, avait cessé d'être un être humain au véritable sens du terme pour devenir un pur symbole. Et c'était juste. C'était sa destinée.
Regardez donc, se dit Geoffrey, comme chacun ici est subjugué par la solennité de cet instant, et accepte sa vérité, son caractère inéluctable. Même (jetant un coup d'oeil à Doll au moment où il se faisait cette réflexion) même les socialistes ! Les vieilles habitudes ont encore gagné. La tradition a encore gagné. Et ce sera toujours ainsi. L'Angleterre ne change pas. »

Nous sommes dans la ville, Birmingham, où Cadbury fabriquait le chocolat bien connu. Certains se rappelleront sans doute de ce que l'on a appelé « la guerre du chocolat » à Bruxelles où la commission européenne souhaitait codifier ce que l'on doit appeler « chocolat » et qui, de fait, excluait le chocolat fabriqué par Cadbury, véritablement vénéré outre-Manche…

- « de nos jours (…) on n'a pas le droit de vendre du chocolat en Europe
- Pas le droit ? Qui a dit çà ?
- La CEE. On ne met pas assez de beurre de cacao, apparemment on utilise trop de matières grasses végétales.
- Pas croyable fit Jack. Ça doit être ces enfoirés de français, je parie. Ou les allemands (…)
- C'est à Franck qu'il aurait fallu demander ça, dit son grand-père. M'est avis que ça remonte à la guerre, cela dit.
- La plupart des choses remontent à la guerre, intervint Jack
- Comment çà, demanda Martin
- Eh bien, c'était pas facile de s'approvisionner en beurre de cacao à l'époque, tu vois. On en manquait. Alors ils ont changé la recette des barres Dairy Milk. le « chocolat de rationnement », ils appelaient ça. Moins de cacao plus de gras.
- Et ils sont revenus à l'ancienne recette quand le rationnement a cessé ?
- Bon, je ne suis pas sûr qu'ils l'aient vraiment fait. Les gens s'étaient habitués à ce stade. Ils s'étaient mis aimer. le goût leur rappelait un peu la guerre j'imagine.
- Mais pourquoi les gens voudraient se rappeler la guerre ?
- Parce qu'à l'époque, l'Angleterre était puissante, répondis Jack. »
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Jonathan Coe est le portraitiste par excellence du Royaume-Uni. Aujourd'hui encore plus désuni que dans ce dernier roman avec la disparition de la reine Elisabeth et du départ du fougueux Boris Johnson. Son analyse de la société anglaise se fait toujours par le biais d'une famille de personnages.
Ici, le personnage central, inspiré de la mère de l'auteur, est Mary Lamb. Elle n'est qu'une enfant lors de la fête de la Victoire le 8 mai 1945. Et nous la suivrons, elle et sa famille, jusqu'en mai 2020. Soixante-quinze ans jalonnés par les grands évènements de l'Angleterre, et surtout de la famille royale ( fin de la guerre, couronnement d'Elisabeth, finale de la coupe du monde en 1966, le discours du Prince de Galles, le mariage de Charles et Diana, les funérailles de Diana). le tout bien senti avec un regard sur la société anglaise, les prémices du Brexit et le confinement lié au COVID.
Jonathan Coe choisit parfaitement ses personnages et ses lieux pour radiographier la société anglaise. Mary est née à Bournville, une cité de la banlieue de Birmingham , régie par la société Cadbury, une entreprise qui sera le symbole des contraintes de la commission européenne.
Elle est mariée à Geoffrey, petit-fils d'un allemand, particulièrement effacé et raciste. Ils ont trois fils : Jack fervent nationaliste, Martin marié à une femme noire et Peter qui se découvre homosexuel. Une famille qui aimait se regrouper à chaque sortie d'un film de James Bond qui finalement s'effrite sous ses différences tout comme le pays depuis la disparition de Diana.
Selon l'auteur, l'Angleterre garde la nostalgie de la guerre, ce moment où elle avait l'ascendant sur l'ennemi et était sur le devant de la scène.
Mary, musicienne et amoureuse de vitesse, s'est un peu ralenti aux côtés de son mari. Elle reste toutefois le pilier de la famille, la garante des traditions. Elle pose éternellement un chocolat Cadbury près de la photo de chacun de ses fils. Bien sûr, comme le pays, elle évolue avec son temps, notamment avec l'apparition de la télévision et avec le destin de ses fils. Elle est le personnage fort de ce roman. A la fin du roman, elle est aussi le symbole de toutes ces personnes âgées isolées pendant la crise sanitaire. Un épisode touchant où l'humanité de l'auteur se révèle particulièrement.
Une quinzaine de personnages, soixante-quinze ans d'histoire, le roman est ambitieux. Certes l'enjeu est à la portée de ce grand écrivain. Mais il est finalement plus monotone que le coeur de l'Angleterre, par exemple.
Et ceux qui, comme moi, ont suivi la série The crown, y retrouveront plusieurs moments similaires et la même ambiance autour de cette famille royale qui émerveille et agace.
Quelques personnages tirent leur épingle du jeu. Mary, le personnage dominant, est particulièrement intéressant. Elle est un repère tout au long de l'évolution de la société. J'ai aussi une tendresse particulière pour Peter et un intérêt particulier pour Martin qui nous guide sur le terrain politique et social.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Le problème avec Jonathan Coe, c'est que je m'attends toujours au meilleur. À découvrir un roman encore plus fort que le précédent.
Pas cette fois-ci malheureusement.
On retombe dans du Coe, un peu déprimé, limite bourdonnant.
Alors comme toujours, l'histoire est sympathique, bien construite. Tout un pan de l'histoire britannique est ici visité. Revisité. La lecture se révèle souvent touchante. Émouvante. Même si la mise en place des personnages demande une certaine gymnastique au début.
Il n'empêche que la magie a du mal à opérer. Ce n'est pas déplaisant. Au contraire. Ce roman se révèle agréable. Mais sombre. Tellement sombre. Et alors, la fin... Insoutenable.
Lien : https://twitter.com/SWANNBLUE
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J'apprécie Jonathan Coe depuis fort longtemps et je me réjouissais de pouvoir me plonger dans un nouvel opus, savourer son humour sarcastique, et suivre son regard lucide sans complaisance sur ce Royaume qui n'a plus rien d'uni. le roman se lit facilement, avec un plaisir certain, toutefois, je ne l'ai pas terminé avec bonheur.
D'abord, la construction m'a embarrassée : si on suit la vie de Mary et de sa famille, de 1945 à 2020, on a une pléthore de personnages qui se baladent dans des épisodes dont la chronologie fait salade mêlée. Fort heureusement, l'éditeur a pris le soin de mettre en prélude (car il y a aussi un prologue) un tableau généalogique, dans lequel figurent des personnages dont on ne parlera pas dans le roman, et des personnages absents du tableau arriveront dans le corpus du livre. de plus, les chapitres qui nous mènent de 1945 à 2020, sont de véritables sauts pour se consacrer à des "évènements" cruciaux dans l'histoire de ce Royaume, d'après l'auteur et pour étayer sa démonstration que rien ne va plus. J'ai volontiers accepter la règle du jeu, mais j'en ai retenu une espèce de meli melo, dans lequel toutes les étrangetés de ce Royaume étaient abordées. Chacun de ces évènements montre l'union de cette nation monarchique. Soit au bénéfice de la monarchie elle-même, le couronnement d'Elizabeth en 1953 (chapitre deux), le mariage de Charles et Diana (chapitre cinq), les funérailles de Lady Spencer (chapitre Six), soit au bénéfice de l'Union (chapitre Un, Trois et Sept).
Jonathan Coe sélectionne ces "dates" historiques pour montrer plusieurs choses, des superficielles et des plus profondes (et cela m'a aussi embarrassée). Il évoque beaucoup l'irruption puis l'intrusion de la télévision dans le quotidien des Britanniques. C'est drôle, et empli de vérité. Ainsi, les familles sans télé, s'incrustent dans les foyers où il a le fabuleux poste (à l'époque gros comme deux lave-linge), la maitresse de maison ne sait plus où les faire asseoir. Plus sérieusement, il évoque la désindustrialisation avec le cas de Cadbury. Là, déception. le sujet est juste effleuré. En cause, les sauts chronologiques. L'Europe de Bruxelles apparaît aussi au virage...
Et encore plus profondément, la désunion, le délitement et l'émergence des nationalismes, ici gallois. Cette partie m'a le plus intéressée.
Mais à chaque fois, je suis restée sur ma faim.
Si je me prête au roman, je me demande : que sont devenus ces personnages, vus dans tel et tel chapitre ? Pffouff, disparu. L'homosexualité est également évoquée avec le personnage de Peter. Et enfin la gestion de la pandémie causée par le Covid-19, et l'abandon des vieux à leur sort. Jonathan Coe règle aussi ses comptes car dans ces pages, la réalité égale la fiction et elle est cruelle, violente, douloureuse.
Je me suis demandée si Jonathan Coe n'avait pas écrit une espèce de vomissement sur tout ce qu'il ressent sur son "Angleterre", non pas une indigestion mais un rejet de bile, avec beaucoup d'amertume. Car cet humour sarcastique, pince-sans-rire, que je n'ai pas toujours retrouvé, s'est "jauni".
J'encourage néanmoins la lecture de ce roman, d'abord car son auteur est un grand bonhomme qui sait écrire, et ensuite pour les pages sur le nationalisme gallois, et enfin pour le personnage de Mary, son héroïne, une belle personne.





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Jonathan Coe, né en 1961 à Birmingham, est un écrivain britannique, diplômé d'une maîtrise et d'un doctorat en littérature anglaise. Il doit sa notoriété à la publication, en 1994, de son quatrième roman, Testament à l'anglaise.
Son dernier roman, le Royaume désuni (2022), vient d'être réédité en poche. Une première remarque, j'ai trouvé excellent le titre français donné à ce livre platement intitulé en V.O. Bournville, un jeu de mots amusant qui en résume la tonalité douce-amère.
Le livre est une longue fresque résumant l'histoire du Royaume-Uni, de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années Covid, sans pour autant être un roman historique mais plutôt l'histoire d'une famille anglaise autour d'un personnage central, Mary. de l'Histoire pour les grandes lignes et une histoire familiale plus fouillée, un bouquin pour tout le monde.
Tout commence à Bournville, un village modèle à côté de Birmingham, fondé par la famille Quaker Cadbury pour les employés de l'usine de ses fameux chocolats où travaille le père de Mary. Mary qui épousera Geoffrey Lamb dont elle aura trois fils, Jack, Martin et Peter. Les chapitres du roman scandent la grande Histoire : le Jour de la Victoire (1945), la finale de la Coupe du monde de football entre l'Angleterre, victorieuse, et l'Allemagne de l'Ouest (1966), l'investiture du prince de Galles (1969), le mariage de Charles et Lady Diana (1981), les funérailles de Lady di (1997) et enfin pour boucler la boucle, le 75e anniversaire du Jour de la Victoire (2020) et le Brexit.
Chacun de ces évènements nous renvoie vers les préoccupations de moments des membres de la famille et de leurs amis, tout en pointant l'évolution de la société à travers leurs réflexions ou attitudes : la multiculturalité qui donne des couleurs au pays, la classe moyenne qui voit arriver le progrès avec la télévision puis les ordinateurs etc… Martin cadre chez Cadbury est devenu lobbyiste à Bruxelles pour défendre « son » chocolat qui ne répond pas aux normes de l'U.E., occasion de faire entrer dans le jeu, Boris Johnson, alors journaliste (« J'ai jamais vu un plus parfait exemple de l'Anglais qui croît que tout lui est dû. »)
Les personnages, nombreux, se croisent, se perdent de vue ou se retrouvent, on se marie, on se sépare, l'un se découvre homosexuel. Les années passent, Mary est désormais veuve mais toujours active, puis elle vieillit.
Un charmant roman malgré un passage à vide en son milieu, avant de repartir vers de très beaux moments plus on approche de la fin, pour le roman et pour Mary, ses souvenirs sont tendres et émouvants, ses « petits » sont sexagénaires. Très touchant.
J'ai bien aimé ce livre, peut-être un peu trop gentil, parfois j'aurais voulu plus de sel et de poivre pour lui donner plus de saveur encore… ?
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