AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 768 notes
Comme des milliers de lecteurs sans doute, j'ai attribué à Jonathan Coe un rôle délicat : m'expliquer ce qui se passe dans son pays, rendre intelligible ce que mes yeux d'européenne et d'anglophile convaincue ne peuvent concevoir. La fracture entre le Royaume Uni et le reste du continent, les failles internes à cette nation.
Ca fait en effet quelques années que l'Angleterre idéale qui trône dans ma petite caboche est constamment repeinte et que je modifie son portrait à mesure que je réalise combien (oui, j'étais bien aveugle et ignorante) l'unité nationale du Royaume Uni recouvre un ensemble disparate d'intérêts, d'identités territoriales et d'histoires sanglantes.
Elle a pris quelques gnons et quelques rides, mon Angleterre fantasmée depuis que, grâce aux romans de Coe notamment, je réalise que la colonisation anglaise, avant de conquérir un empire par-delà les mers avaient eu de beaux jours sur les territoires jouxtant immédiatement l'Angleterre. Quoi qu'en veuillent les monarques et gouvernements successifs anglais, les populations d'Irlande, d'Ecosse, ou du pays de Galles n'ont pas senti unanimement cette union comme légitime ou indéfectible. Toujours grâce à Coe, je réalise que la fermeté parfois martiale avec laquelle la fable d'un récit national avait pu être tenue ne sait plus contenir aujourd'hui toutes les aspirations à faire sécession, à quelque échelle que ce soit.
C'est de cela que parle le Royaume désuni. Accrochant la narration sur sept événements de portée historique (8 mai 1945, sacre d'Elisabeth II, coupe du monde de football en 1966, etc.), Jonathan Coe déploie une galerie de personnages reliés par des liens familiaux. Ainsi, à travers ces moments de célébration qui promettent d'être fédérateurs, on prend la température du pays, on mesure les limites fluctuantes de sa solidité. Les trajectoires des protagonistes s'éclairent des enjeux du moment tout en même temps qu'elles sont brossées sur un fond en évolution constante.
Bournville, petite ville ouvrière blanche grâce au paternalisme de l'entreprise Cadbury en 1945, se métisse peu à peu et perd son statut d'enclave prospère. Pendant ce temps, Mary et Geoffrey mais aussi l'un de leur fils se sont exilés plus loin à la campagne, dans ce nouvel eldorado pour classes moyennes ayant réussi. A contrario, Martin, un autre des trois enfants de Mary, que l'adverbe « modérément » décrit le mieux, s'installe dans cet endroit désormais déclassé avec sa femme. Que cette dernière soit noire et devienne députée européenne vient décrire un autre devenir anglais possible, une autre trajectoire qui amènera les trois frères (le dernier est un grand musicien assumant tardivement son homosexualité) à ne plus exactement se comprendre.
Ces dissensions, on pourrait aussi en voir l'origine dans l'opposition des caractères de leurs parents, Geoffrey si conservateur et Mary moins réfléchie mais plus ouverte. Mais on pourrait remonter aussi à la génération précédente, trouver d'autres personnalités, d'autres actes justifiant les ruptures à venir et ainsi de suite. La vanité de cette entreprise montre que l'explication n'est pas à chercher du côté d'un fait coupable mais plutôt d'un ensemble de non-dits ou d'implicites longuement ressentis comme aussi injustes qu'indépassables. Que ces tabous aient été levés par la politique décomplexée de quelques arrivistes sans scrupule semble être la thèse que défend l'auteur. L'opportunisme dévastateur et sans vergogne d'un certain Boris est ainsi parfaitement mis en évidence.
Mais ce qui apparait également dans le roman, c'est la manière profondément intime dont la fracture vient diviser les familles, la façon dont une certaine politique est à la fois la conséquence d'émotions populaires mal digérées et la cause de dissensions domestiques. Dans un invraisemblable cercle vicieux, l'amertume privée alimente le ressentiment public et aucune vertu collective telles le courage, la solidarité, le respect de l'autre, l'optimisme ne semblent avoir de prise. L'époque est au repli individualiste tant dans les tempéraments que dans les politiques publiques. Jusqu'aux mesures de confinement qui viennent enfoncer le dernier clou sur le cercueil d'un vivre ensemble.
Alors il n'est pas très gai ce dernier Jonathan Coe et il comporte les quelques longueurs démonstratives qu'imposent ses choix formels. Mais il pose une explication subtile et jamais caricaturale sur ce dont on a encore peine à croire. Il rend palpable et incarné ce que les statistiques, les rapports et les indicateurs disent par ailleurs : le Royaume Uni va mal, son unité ne tient pas plus sur le plan territorial que sur le plan politique, les divisions sont partout et si elles sont instrumentalisées par de cyniques appétits, leur légitimité ne fait aucun doute. Reste à inventer un autre devenir. Reste à peindre un avenir fédérateur et riant. Alors monsieur Coe, s'il vous plait, faites de votre prochain roman un récit d'anticipation, mettez-vous à la science-fiction, on en a bien besoin !
Commenter  J’apprécie          258
Ah il est fort, le bougre ! Une fois encore, il m'a eu !
En ouvrant son dernier roman, je m'étais pourtant promis d'être un peu plus critique que d'habitude envers Jonathan Coe. C'était décidé : j'allais dégainer mon stylo rouge et traquer sans trop de complaisance ce qui m'apparaitrait comme des redites, des solutions de facilité ou des variantes "paresseuses" des précédents ouvrages qui firent son succès ("Testament à l'anglaise", "Bienvenue au club", "Le coeur de l'Angleterre"...) Tous m'ont plu mais tous mettaient en scène les mêmes "types" de personnages, et tous traitaient des mêmes sujets : le Royaume-Uni, son Histoire et ses particularismes, les grands axes politiques choisis par sa classe dirigeante et leurs répercussions sur la vie quotidienne des sujets de Sa Majesté.
En clair, j'étais sûr que Coe allait encore faire du Coe, je craignais que ça tourne chez lui à la véritable obsession et cette fois-ci je comptais bien ne rien lui laisser passer.

Et puis je me suis lancé.
Stylo rouge en main, j'ai d'abord pris connaissance de l'arbre généalogique (relativement touffu) en première page. J'y ai notamment rencontré Mary Lamb, bien entourée d'ancêtres, de cousins et de descendants nombreux, et tout ce beau monde n'a pas tardé à m'entrainer dans une réjouissante farandole familiale tour à tour joyeuse et mélancolique, drôle et tendre, sinueuse et débridée.
Le cadre temporel est large, puisqu'il couvre trois quarts de siècle entre la victoire de 1945 et la pandémie de Covid de 2020, et sur cette toile de fond historique, l'auteur fait évoluer ses personnages avec une habileté telle que mon stylo rouge ne m'aura finalement pas été d'une grande utilité...

En jouant en finesse avec la focale de son objectif, Coe change sans cesse d'échelle pour passer en douceur de la grande Histoire du Royaume-Uni (le couronnement de reine Élisabeth II, la coupe du monde de football jouée à domicile en 1966, l'investiture du prince de Galles ou la mort de lady Diana) à celles, plus intimes et infiniment plus modestes (mais non moins dignes d'intérêt !), des membres des familles Lamb, Clarcke, Schmidt...
Les générations se succèdent, les rêves, les doutes et les espoirs se renouvellent selon les époques, mais jamais les liens ne se relâchent entre les différents personnages qui s'agitent devant nous, eux que nous voyons naître et grandir, s'aimer et s'unir, vieillir et s'éteindre.

Tel est donc le joyeux tourbillon qui nous a emporté, mon stylo rouge et moi, et telle est en bref la teneur de ce texte, rendu très vivant par une plume toujours alerte et pleine d'humour (voir par exemple l'incroyable "compte-rendu de réunion de la Commission Environnement et Politique des consommateurs tenue au Parlement européen le 2 juillet 1996" : un vrai régal !), la plume la plus british qui soit.
Avec son style tantôt léger et tantôt ironique, Coe nous offre une nouvelle galerie de portraits très réussie, et ajoute un nouveau chapitre à sa vaste collection de chroniques à la fois tendres et piquantes sur la Grande-Bretagne, sa grandeur (passée ?), ses traditions monarchiques, ses failles et ses travers, son indépendance assumée et ses relations d'amour contrarié avec le reste de l'Europe.
Il n'oublie pas bien sûr d'évoquer le Brexit, d'égratigner quelques figures historiques de la scène politique anglaise et de nous présenter un curieux "Boris" à la chevelure blonde hirsute, dont il aura le culot de dire en postface : "il se peut que certains lecteurs lui trouvent un côté familier, pour autant la question de savoir s'il est ou n'est pas un personnage de fiction reste difficile à trancher avec certitude".
Quel farceur ce Jonathan !

Je prends le pari qu'il n'en a pas fini avec sa saga "made in England", et que le décès d'Elisabeth ou le récent couronnement de Charles feront l'objet d'un futur roman.
En attendant, c'est avec grand plaisir que j'ai arpenté avec lui ce Royaume désuni !
J'ai souri, j'ai vu défiler en accéléré quelques grandes pages d'Histoire, j'ai appris des choses sur Churchill, Thatcher ou Blair, j'ai hurlé devant les hérésies culinaires britanniques et l'idée que nos meilleurs ennemis d'outre-Manche se font du chocolat, et j'ai pesté contre l'étroitesse d'esprit et les préjugés de certains protagonistes tandis que d'autres ont su profondément m'émouvoir (à commencer par Mary, pierre d'angle de la famille et personnage très attachant, directement inspiré par la mère de l'auteur).
Et puis, enfin, j'ai refermé le livre, soupiré d'aise, posé mon stylo rouge s'en m'en être servi.
Non, vraiment, il est fort le bougre...
Commenter  J’apprécie          232
L'histoire des quatre-vingts dernières années du Royaume-Uni à travers le royaume désuni.

Je savais que Jonathan Coe abordait systématiquement la politique anglaise dans ses romans, mais je n'en avais encore jamais lu aucun. Lacune réparée avec cette lecture enrichissante !

L'auteur crée le personnage de Mary Clarke, une femme musicienne, sportive, charismatique, mère de famille, qu'on va suivre durant un prologue puis à travers sept chapitres correspondant à sept dates marquantes de sa vie et de l'Histoire du Royaume-Uni :

- 1945 : la victoire
- 1953 : le couronnement de la reine Elisabeth II
- 1966 : la finale Angleterre-Allemagne de l'ouest de la coupe du monde de football
- 1969 : l'investiture du Prince de Galles
- 1981 : le mariage de Charles, Prince de Galles, avec Lady Diana Spencer
- 1997 : les funérailles de Lady Diana, princesse de Galles
- 2020 : le 75e anniversaire de la victoire

Jonathan Coe aborde la condition de la femme, le racisme, l'homosexualité, le brexit, en situant ses personnages à Birmingham, avec ses chocolats Cadbury, à Londres, et ponctuellement dans d'autres lieux d'Europe.

J'ai apprécié le caractère instructif de l'oeuvre. En revanche, l'histoire familiale m'a paru assez convenue, servant principalement à mettre en avant les événements historiques ainsi que de grandes thématiques sociales. Je ne me suis pas attachée particulièrement aux personnages en raison sans doute d'un récit très structuré, totalement dans l'intellect et assez peu dans l'émotion.

Je ne sais pas s'il en est de même du Testament à l'anglaise ou de la trilogie des enfants de Longbridge. Peut-être n'ai-je pas fait le bon choix pour une première découverte de l'auteur…

Je tenterai sans doute la lecture d'autres romans de Jonathan Coe dans les années à venir pour ne pas rester sur mon ressenti en demi-teinte !

Commenter  J’apprécie          226
1945 - 2020 : la Grande-Bretagne.
Le lecteur peut suivre au fil de sept grands chapitres l'évolution d'une famille anglaise (mariages, naissances, études, travail, relations intra-familiales, différences plus ou moins bien acceptées...), durant ces presque huit décennies. En parallèle, il suivra les grands événements De La Famille royale britannique (couronnement d'Elisabeth II, mariage de Charles et Diana, funérailles de Diana...), et quelques événements marquants de l'histoire du pays (Jour de la Victoire 1945, finale de la Coupe du monde de foot 1966, 75è anniversaire du Jour de la Victoire 2020...), sans oublier le COVID, la Communauté Economique Européenne et la "guerre du chocolat".

Jonathan Coe nous fait voyager dans chaque époque avec talent.
Commenter  J’apprécie          182
Meme s'il me reste beaucoup de ses livres à découvrir, Jonathan Coe est un auteur que j'apprécie généralement (j'avais adoré "Le coeur de l'Angleterre"). J'attendais donc avec impatience de pouvoir lire ce royaume désuni. Pour au final... une vraie déception.

Cette (nouvelle) chronique de l'Angleterre de la fin de la seconde guerre mondiale à aujourd'hui avait pourtant tout pour me plaire. Si elle ne fût pas déplaisante (n'exagérons rien...), ma lecture fût laborieuse, la faute à un récit qui ne décolle jamais, des personnages m'ayant laissé plutôt indifférent. J'ai trouvé qu'il existait un
manque de liant entre les différents événements ayant jalonné l'histoire du royaume uni au cours des dernières décennies (le couronnement d'Elisabeth II en 1953, la finale de la coupe du Monde de foot en Angleterre en 1966,...). Ces événements ne servent en fait que de toile de fond, ne sont pas développés ou analysés. Bref, j'ai progressivement décroché, tout ceci manquant d'intérêt, de chair. Et que de longueurs parfois (j'ai sauté certaines pages de la guerre du chocolat... c'était trop indigeste !).

Ce que j'en retiens au final ? Que l'histoire, sans envergure, guère originale, un brin décousue (désunie ?) tourne beaucoup (trop) autour du covid. J'en attendais vraiment autre chose...
Commenter  J’apprécie          180
Jonathan Coe se fait à nouveau tout un plaisir pour nous faire connaitre l'Angleterre moderne de la seconde moitié du XXème siècle jusqu'au confinement. Il choisit sept périodes autour de sept évènements qu'il estime certainement comme majeurs durant cette période. Victoire après la Seconde Guerre Mondiale, couronnement de la Reine Elisabeth II, investiture du Prince de Galles, mariage de Charles et Diana, mort de Diana, arrivée au pouvoir de Boris Johnson, le tout en passant par les exploits footballistiques anglais, Mrs Tatcher, les Beatles ou encore les relations internationales et avec le continent européen.
Pour cela il prend racine dans une de ces bourgades typiquement anglaise proche de Birmingham, plus précisément dans une Chocolaterie emblématique. Nous sommes en mai 1945, lorsque les deux personnages principaux Mary et Geoffrey sont présentés et c'est ici que débutera une saga sur plusieurs générations.
Il a certes choisi sept moments forts de l'histoire du Royaume Uni, mais on sent bien qu'au delà de ces moments historiques, ce qui lui tient à coeur c'est de déployer plusieurs idéologies différentes chez les anglais.
Il se délecte presque dans l'argumentation minutieuse de chacun des personnages rajoutés au fil du temps, ainsi que dans celle des motivations différentes des uns et des autres. Il aimerait à la fois réconcilier les uns avec les autres, mais d'un autre côté il est enthousiaste à l'idée de cette pluralité.
Même si toutes ces impressions me sont propres, une chose est certaine, Jonathan Coe adore son pays et, comme dans ses précédents chef-d'oeuvres, il veut avant tout nous faire aimer son pays, son peuple.
Commenter  J’apprécie          170
C'est un petit bijou que l'on adore déguster ce roman.

Jonathan Coe nous montre son Angleterre à travers une famille, une usine et des événements qui ont marquer l'histoire de ce pays.

Il y a une jolie palettes de personnages.
Personnellement , j'ai adoré le personnage de Mary puisque l'histoire commence avec elle est se termine avec elle.

Dans ce roman, on retrouve le style de la trilogie qui l'avait faitL "Les Enfants de Longbridge et le coeur de l'Angleterre.

Dans ce roman, la télévision est personnage à certains moments.

J'ai trouvé très bien même si ce n'est pas dans les moments du livre qu'il aborde de Bretix et les dégâts que cela dans les familles.

Il parle dans cette histoire dans d'un sujet très tabou le déclin de L'Angleterre sur la scène mondial et de leur passion pour la seconde guerre mondial qui est aussi important en France mais cela il ne fait pas mention.

L'auteur nous raconte aussi les débats au parlement Européen et j'ai trouvé cela très fin de faire cela.

J'ai vraiment hâte de retrouver Mr Coe pour nous raconter son Angleterre à travers une ou des époque (s).
Commenter  J’apprécie          160
Un portrait intéressant de la société anglaise, de ce qui fait famille, nation. Les enjeux, les intéractions, les relations sont parfaitement dépeints. Ce n'est pas un traité sociologique, loin de là, mais je l'ai un peu pris comme cela. Des événements clefs, regardés à la loupe sous le prisme d'une famille lambda. Un regard acéré.
Mais il m'a manqué un peu de sentiment. J'étais très distante avec les personnages lors de ma lecture. Dans un roman, j'aime éprouver plus d'empathie. Là entre la distance, l'importance du contexte et les ellipses temporelles, il m'a manqué un peu d'émotion.
Mais je retenterai d'autres romans de Jonathan Coe à l'avenir.
Commenter  J’apprécie          160
« le grand chroniqueur de l'Angleterre » récidive, après son diptyque Bienvenue au Club et le Cercle fermé, et offre avec le royaume désuni un portrait éclair de la société britannique, de la deuxième moitié du XXe siècle jusqu'à l'éclosion de la COVID-19.
C'est un roman intelligemment construit autour de six grands événements : le Jour de la Victoire le 8 mai 1945, le couronnement de la reine Elizabeth II le 2 juin 1953, la finale de la Coupe du monde de soccer entre l'Angleterre et l'Allemagne de l'Ouest le 30 juillet 1966, l'investiture du prince de Galles le 1er juillet 1969, le mariage de Charles, prince de Galles, et de Lady Diana Spencer le 29 juillet 1981, les funérailles de Lady Diana, princesse de Galles le 6 septembre 1997 et, bouclant la boucle, le 75e anniversaire du Jour de la Victoire le 8 mai 2020. Une famille typiquement british, les Lamb, survole ces années dans des pages riches d'anecdotes et de faits historiques.
Jonathan Coe brille ici encore une fois par son immense talent de raconteur et je ne me lasse pas de lire ses comptes-rendus romanesques d'une société insulaire que l'on apprend à connaître de l'intérieur. Un défi que de savourer lentement cet opus, car on se laisse très vite emporter par la narration enjouée et le récit plus qu'enlevant!
Commenter  J’apprécie          160
Bienvenue à Bournville, cité ouvrière fondée par l'entreprise de chocolat Cadbury dans la banlieue de Birmingham, dans la famille de Mary et Geoffrey Lamb. C'est à travers les yeux des différents membres de cette famille de la classe moyenne que Jonathan Coe nous fait revivre sept moments marquants de l'histoire anglaise de 1945 à 2021 . Les célèbres discours de Churchill et du roi célébrant la victoire de 1945 , les grands-messes collectives autour de la famille royale (couronnement, mariage, funérailles), la Coupe de monde de foot de 1966 qui vit la victoire des Anglais : autant d'événements gravés dans la mémoire collective, vécus ensemble mais souvent perçus différemment par les membres de la famille Lamb élargie, en fonction de leur âge , de leur personnalité et de leur sensibilité politique notamment.

A l'âge d'or des annees 60, celles des Beatles , des premiers James Bond et de l'Austin mini, succèdent les dures années Thatcher et l'euro scepticisme qui aboutira au Brexit (dont l'auteur a déjà dit tout le mal qu'il en pensait !).

On retrouve dans ce Royaume désuni certains personnages des livres précédents de Coe, comme le Thomas Foley et sa famille, d'Expo 58 et de la pluie avant qu'elle tombe, ou le Paul Trotter du Cercle fermé. Mais le personnage le plus complet et le plus touchant est sans conteste celui de Mary , inspiré par la mère de l'auteur, morte dans la solitude du confinement.

Si ce n'est pas , pour moi, le meilleur livre de l'auteur ( j'y ai trouvé quelques longueurs , par exemple sur la fameuse « guerre du chocolat »), c'est une nouvelle fois une formidable radioscopie de l'Angleterre pleine de nostalgie mais d'humour aussi , comme le portrait d'un certain Boris qui allait à son tour marquer l'histoire anglaise !
Commenter  J’apprécie          150




Lecteurs (1680) Voir plus



Quiz Voir plus

La pluie, avant qu'elle tombe

A quel âge est morte Rosamond?

71
72
73
74

15 questions
62 lecteurs ont répondu
Thème : La pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan CoeCréer un quiz sur ce livre

{* *}