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3,99

sur 1240 notes
C'est en lisant la postface, dans laquelle l'auteur explique que ce roman reprend des personnages déjà présent dans deux de ses précédents romans, que je me suis aperçue qu'il s'agit d'une suite. Pourtant, même si je n'ai pas lu les deux premiers, je n'ai pas été perdue.

Dans cette période trouble où les destins individuels et collectifs basculent, les membres de la famille Trotter reprennent du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s'engage dans une improbable carrière littéraire, sa soeur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, son vieux père Colin n'aspire qu'à voter en faveur d'une sortie de l'Europe et sa nièce Sophie se demande si le Brexit est une cause valable de divorce.

Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, l'auteur explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et privées d'une nation en crise.

Au fil de cette méditation douce-amère sur les relations humaines, la perte et le passage inexorable du temps, le chantre incontesté de l'Angleterre questionne avec malice les grandes sources de crispation contemporaines : le nationalisme, l'austérité, le politiquement correct et les identités.

Quelques citations :

L'idée traversa Doug que l'Angleterre était un pays décidément étrange, et qu'elle l'avait toujours été. (p.252)

Vous voyez, c'est ce qui me plaît chez les Anglais. Vous passez pour des gens fiables, conservateurs. Et pourtant vous passez votre temps à enfreindre les règles. (p.274)

L'image que je retiendrai :

Celle du titre du roman de Benjamin Trotter : Rose sans épine, comme l'Angleterre (la rose) politiquement correcte.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-c..
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Un très beau roman. Tout en sensibilité, en finesse. Jonathan Coe raconte l'Angleterre, les peurs et les rancoeurs qui y prolifèrent, cette grisaille qui abolit l'espoir d'un destin commun. L'ouverture des jeux olympiques de Londres a été le dernier moment de communion nationale, plongeant tout un peuple, pris à contrepied pour certains, dans l'émotion collective. Puis, peu à peu, imperceptibles d'abord, flagrantes ensuite, sont nées des lignes de fracture, avec cette nécessité pour beaucoup de trouver un responsable à leur mal-être et leurs propres frustrations. Ainsi s'explique le Brexit : l'autre, le responsable c'est l'Europe, c'est l'étranger. le propos est assassin pour David Cameron, une sorte de pyromane cynique et peu consistant qui confond gravité et légèreté et qui précipite son pays dans les profondeurs d'une division intime. Jonathan Coe est un merveilleux conteur qui retrouve ici sa verve des débuts. Sa galerie de portraits est une métaphore de la société contemporaine. Il y a Benjamin, personnage central, anesthésié par la vie et par l'absence de réussite dans sa vie professionnelle comme sentimentale qui, au milieu de la cinquantaine, s'ébroue et revient modestement la vie avec des demi-succès. Savoureuse est la scène où il refait l'amour pour la première fois depuis si longtemps. Il y a son père, grognon et bourru, qui a compris que le monde qui a été le sien a irrémédiablement disparu. Il y a Sophie, sa nièce, le plus beau personnage du roman, universitaire de gauche, écartelée entre la famille de son mari, xénophobe et réactionnaire et ses convictions profondes : le Brexit vaut-il un divorce ? Sophie qui doit faire face au politiquement correct poussé dans ses plus ridicules recoins, matérialisé par un maccarthysme inédit : il lui est reproché un propos anodin qui aurait pu apparaître comme discriminatoire à l'égard d'une transgenre. Il y a aussi ce journaliste de gauche des beaux quartiers, incapable de comprendre sa fille qui est à l'extrême et qui vit un bel amour avec une députée conservatrice respectable et modérée, elle-même traînée dans la boue pour ses convictions. Il y a aussi Charlie, le clown déchu que la vie n'a pas épargné mais qui recèle de si belles richesses intimes. Bref, avec brio et délicatesse, Jonathan Coe saisit magistralement l'air du temps.
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J'ai beaucoup apprécié les personnages de ce roman. Les frères Trotter, leurs amis, leurs compagnons. Tous sont attachants, différents, authentiques. Jonathan Coe sait donner du relief à des histoires dans lesquelles il ne se passe pourtant pas grand chose. Grâce à son écriture je me suis très facilement imaginée toutes les scènes, tous les décors. Comme dans un film.
Par rapport à l'aspect social et politique abordé dans le livre, je m'attendais à ce qu'il soit davantage au premier plan. Or pour ma part, même s'il tient une place très importante, je l'ai plutôt perçu comme un élément de contexte de décor essentiel. Je m'attendais peut-être à plus de parti-pris. Mais cela m'a quand même permis de bien comprendre toute l'histoire de ce référendum. Davantage son passé, c'est à dire, comment les Anglais se sont retrouvés à devoir répondre à cette question, que l'après. Enfin, je doute que la prévalence de ce sujet pour les personnages du roman, soit représentative du reste de la population.
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Surprise ! 15 ans après, Jonathan Coe offre une suite inattendue à son diptyque "Bienvenue au club" et "Le cercle fermé" qui, au travers d'un groupe d'ami, nous faisait prendre le pouls de l'Angleterre.
Il s'attaque cette fois au contexte du Brexit. Au travers de ses personnages et de situations mi-amères mi-cocasses, il met en avant les contradictions de ses contemporains, avec l'affection féroce et la tendre lucidité qui le caractérisent.
Une lecture intéressante et édifiante.
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Le coeur
Peut-être vous êtes-vous demandé un jour pourquoi on disait Brexit et pas Brixit ? La réponse à cette question se trouve dans ce roman ainsi que bien d'autres réponses aux questions que vous pourriez vous poser, par exemple : sommes-nous si différents des Anglais, nos meilleurs ennemis ?

Nous sommes en Angleterre en 2010, Benjamin et Loïs viennent d'enterrer leur maman. A l'occasion de ces funérailles, la famille s'est réunie et brusquement séparée (ça vous rappelle quelque chose tout de suite non?)

-« On ne devrait pas s'en aller comme ça tout de même, dit Benjamin en se retournant vers le pub d'un air perplexe.
-Et pourquoi ? J'ai parlé avec tous ceux avec qui je voulais parler. Allez, viens, conduis-moi à la voiture ».

Dès le début, l'intention est posée : il s'agit de tenter d'expliquer, à travers cette fresque familiale et amicale, comment l'Angleterre en est arrivée là. Chaque personnage a donc un rôle précis dans cette micro société représentative de l'Angleterre.

C'est brillant, surtout quand Jonathan Coe tire à boulets mouchetés (si vous voyez ce que je veux dire 😁)sur les politiciens (les discussions entre Nigel, chargé de com de Downing Street et Doug, journaliste et ami de Benjamin, sont plus que savoureuses (et finissent toujours par un problème d'hémorroïdes !)) ou qu'il raconte les antagonismes, les préjugés entre les générations ou les classes sociales et cette colère plus ou moins sourde qui s'empare du "peuple" et que les classes dirigeantes ne veulent pas voir.

C'est drôle (la bougie parfumée de tante Julie, une apothéose !), malin, même si j'ai regretté de ne pouvoir percevoir toutes les subtilités (et la perfidie) du texte comme doit pouvoir le faire un anglais ambiancé Brexit depuis 2016.

Un conseil, si vous êtes comme moi, un peu à la ramasse côté mémoire, armez-vous dès le début d'un papier et d'un stylo pour noter les noms des personnages et leur statut, il y en a pas mal et ça aide à ne pas perdre le fil du récit.

A lire pour rire, comprendre et se régaler.

2 extraits :
"-C'est un pari, oui, un pari colossal.L'avenir du pays décidé sur un coup de dés. Dave (David Cameron) est prêt à prendre ce pari et c'est ce qui fait de lui un leader fort et résolu.
Impressionné comme toujours par la logique acrobatique de Nigel, Doug lui serra la main et lui posa une dernière question :
-Donc Cameron promet ce référendum sans s'inquiéter une seconde ?
-Il pourrait s'inquéter, répondit Nigel en boutonnant son manteau, mais au bout du compte, il n'aura pas lieu.
-Pourquoi ?
-Parce qu'il est impossible qu'il obtienne une majorité absolue. Tous les sondages le disent. Vous ne les lisez pas, Douglas ? Vous devriez… »

« Quoi qu'elle réponde à Helena, -pour peu qu'elle essaie de rendre compte honnêtement de sa divergence-, il lui faudrait fatalement affronter la vérité indicible, à savoir qu'elle-même et ses semblables d'une part et Helena et ses semblables d'autre part avaient beau vivre côte à côte dans le même pays, elles habitaient pourtant deux univers différents, séparés par une cloison étanche, une muraille formidable faite de peur et de suspicion, voire peut-être de ces traits britanniques par excellence, la honte et la gêne ».
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Ce roman fourmille de personnages de fiction, d'anecdotes et de bavardages, et dans le monde réel, celui de l'Angleterre du quotidien et du Brexit, d'une foule de politiciens cyniques, d'auteurs, de chanteurs et de compositeurs, de recettes et de boissons, de lieux et de trajets avec les numéros des routes et des autoroutes, de règles de golf, etc. L'histoire des personnages — les Trotter père, mère et fille et leur entourage — n'est pas racontable, adossée à une actualité politique qui vient progressivement au premier plan. Elle a pour cadre une élite éclairée, critique mais pas engagée pour autant. Les Trotter vont s'échapper à l'Isle-sur-la-Sorgue (René Char n'est pas nommé) où ils achètent une superbe propriété (ce qui n'est pas à la portée de tout le monde). Cette happy end rappelle la fuite dans l'île du sauvage de Brave New World, avec la différence qu'Huxley décrit une dystopie tandis que l'absurdité et la haine qui imprègnent le Brexit sont l'amère réalité. Est-ce vraiment une approche du coeur de l'Angleterre, que l'auteur compare quelque part à la France profonde ?

On sent que les objectifs de l'auteur sont d'écrire un roman étincelant d'intelligence, superbement documenté, d'une habilité de jongleur, et de remplir 500 pages. de fait, il pratique une prose élégante, habile mais diluée, dont il se fait pardonner par quelques traits d'humour pour nous faire patienter jusqu'au bout. Pour quelle signification ?
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Après un repas avec son père Colin dans une jardinerie aux multiples ramifications, Benjamin déclare
"J'aime bien cet endroit. C'est toujours une aventure, on en sait jamais ce qu'on va trouver. Parfois c'est sympa, parfois c'est désagréable, et le plus souvent c'est ce qu'il y a de plus bizarre. Mais voilà, c'est l'Angleterre. Elle nous colle aux semelles."

De 2010 à 2018, de Londres à Birmingham, en passant par Marseille et une croisière dans la Baltique, j'ai retrouvé avec plaisir certains des personnages de Bienvenue au club et le cercle fermé. Qu'on se rassure, les avoir lus n'est pas indispensable pour suivre, et j'ai juste développé une furieuse envie de les relire...

Ces années pré-Brexit sont donc vues par le prisme de la famille Trotter et ses amis, Jonathan Coe usant comme d'habitude d'une ironie bristish bienvenue. Les craintes de certains vis à vis des 'minorités' m'ont rappelé ce qui peut exister de notre côté du Channel. Ainsi que la langue de bois de quelques politiques (ah, Nigel, j'ai aimé son pétage de plombs final). Certains événements, ignorés ou oubliés, sont juste évoqués, mais parfois je voyais un peu les 'coutures' du vêtement. Ceci étant, j'ai dévoré avec un immense plaisir parfois jubilatoire les plus de 500 pages du roman et quitté avec regret les personnages principaux, c'est un signe, non?
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Je pensais le lire tranquillement, petit à petit, sur mon week-end de 3 jours, mais je l'ai dévoré ! Même si ça commence à faire un bout de temps que j'ai lu les deux premiers, je n'ai pas eu de gros problème pour me remettre dans le clan Potter et cie.
Par contre, je n'aurais jamais cru que les jardineries auraient autant d'importance en Grande-Bretagne, ni que la situation des Britanniques me rappellerait autant celle de pas mal de Français... Même si je ne suis pas d'accord avec la comparaison établie par J. Coe pendant une interview entre le Brexit et les Gilets jaunes : les Gilets sont plus contre Macron que contre l'Europe, me semble-t-il.
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Formidable livre qui résonne d'une manière troublante avec l'actualité.
Avant le référendum et après le référendum sur le Brexit, rien ne sera pareil.
Jonathan Coe a le chic pour peindre des personnages terriblement attachants pris dans leurs contradictions.
Tant le politiquement correct que le populisme en prennent pour leur grade.
Un chemin étroit existe pourtant peut être, comme pour Sophie et Ian, que tout oppose et pourtant se retrouvent.
Une lecture salutaire et indispensable, un très grand roman.
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Nous savons depuis Balzac, Hugo, Zola et autres Dickens que la littérature décrit la société et que le roman est supérieur à l'essai sociologique par l'épaisseur humaine qu'il donne aux faits et aux idées. le coeur de l'Angleterre nous le prouve à nouveau.
Coe décrit ce pays de 2010 jusqu'au brexit au travers de personnages représentatifs et dont les existences s'entrecroisent en une mini Comédie Humaine.
Leurs tranches de vie exposent les fractures anglaises : Vieux/jeunes, anglais de souches/migrants, ville/campagne, Banlieue chic/banlieue pauvre, éduqués/peu éduqués. Au passage on peut remarquer que ce qui se passe dans les Midlands pourrait, à peu de frais et en l'état, être transposé en France.

Comme toujours chez Coe l'humour caustique est présent mais sûrement moins qu'à l'ordinaire car la mélancolie domine.
Contrairement à Houellebecq, autre écrivain sociologue, Il a de la tendresse pour ses personnages qu'il ne réduit pas à des archétypes (sauf le conseiller politique de Cameron qu'il assassine avec plaisir) et garde une vraie dimension romanesque pour accrocher le lecteur.

Temps clé du livre : la communion vécue par les anglais durant la cérémonie d'ouverture des JO 2012. Coe en fait le pivot du livre en montrant que cette union fut un trompe-l'oeil : chacun se sentant profondément anglais mais pour des raisons différentes.A partir de là les fractures vont s'élargir et l'incompréhension s'installer jusqu'au coeur des familles pour accoucher de l'inattendu Brexit. La conclusion du roman est plutôt défaitiste : il ne reste pour beaucoup que la fuite à l'étranger ou l'exil intérieur.
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