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3,99

sur 1238 notes
Quel plaisir de retrouver Jonathan Coe et ses personnages si British!
De plus, pour être British, ce livre est, de loin, celui qui, parmi les romans de l'auteur, correspond le mieux à cet adjectif.
Jonathan Coe nous permet de retrouver, dans le coeur de l'Angleterre, les personnages de « Bienvenue au club » et « le Cercle fermé », tous confrontés à ce satané referendum concernant le maintien ou la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne.
Confrontation au départ publique, ce débat déchaîné semble avoir également (eu) des répercussions dans la sphère privée des habitants du Royaume.
L'auteur en profite également pour décortiquer les motifs ayant menés au vote en faveur du Brexit, leur donnant une dimension sociale et culturelle bien plus importante qu'économique.
L'histoire permet également d'aborder d'autres thématiques telles que le sens donné à sa vie et les choix personnels et professionnels en découlant, le temps qui passe, l'importance de la littérature, etc.
Même si j'ai retrouvé la plume de Jonathan Coe ainsi que la truculence de ses personnages hauts en couleurs, je déplore, tout de même, une certaine longueur dans le récit.
Lien : https://letempslibredenath.w..
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Retrouvons Benjamin, Lois, Doug en 2010 pour une dizaine d'années. Ils ont la cinquantaine et commencent à entrevoir les changements au sein de leur pays, la fracture entre les classes sociales, le racisme, la colère et la frustration... Jusqu'au Brexit. Ce Brexit qui a laissé l'Europe (et l'auteur) sidérée.
Jonathan Coe nous dépeint avec humour et ironie les maux contemporains anglais, tout en style et finesse. On ressent peut-être davantage une certaine mélancolie que dans les romans précédents mais le plaisir est toujours là.
Une trilogie à lire !
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Je ne suis pas fan des romans politiques, mais là il s'agit vraiment d'un roman avec de personnage forts et captivants qui nous font vivre de l'intérieur cette aberration du Brexit. Un décortiquage admirable, car on saisit l'absurdité de la situation à travers leurs regards et c'est superbement bien senti.
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« La grande Bretagne avait voté. Elle avait signifié à David Cameron de prendre ses cliques et ses claques. Elle avait exprimé clairement son opinion sur l'Union européenne. Et, ce choix crucial fait, elle ne voulait plus y penser et préférait retourner à ses occupations quotidiennes en laissant la mise en oeuvre à ceux qui étaient traditionnellement chargés de cette besogne: la classe dirigeante."


Le Coeur de l'Angleterre ausculte en une chronique douce amère une décennie de l'histoire du pays à travers des destins individuels, ceux de la famille Trotter. le roman s'ouvre en avril 2010 pour se refermer sur le mois de septembre 2018. Benjamin s'est retiré dans un vieux moulin au bord d'une jolie rivière de l'Angleterre profonde et tente d'écrire l'unique roman de sa vie. Lois, aux prises avec ses démons, cohabite avec un mari pour lequel elle n'a plus de sentiment et leur fille Sophie, universitaire, n'aspire qu'à trouver une relation équilibrée qui peut-être la mènera sur le chemin du bonheur. Autour d'eux gravitent des personnages secondaires: le journaliste Doug qui chronique les évènements politiques, Charlie sous emprise affective, peu doué pour le bonheur. Jonathan Coe nous décrit l'évolution de ces personnages au fil des années avec une bienveillance souvent teintée d'humour. S'il les regarde parfois avec ironie, c'est pour mieux nous montrer les processus de délitement à l'oeuvre au coeur de cette Angleterre profonde. C'est ainsi qu'il nous décrit la montée progressive du populisme et ses dérives qui conduiront à l'issue que l'on connaît, à savoir le Brexit. le regard que l'écrivain porte sur les hommes politiques tels que David Cameron et Boris Johnson est féroce et sans concession.Il montre avec intelligence comment la question du Brexit impacte les vies, les rapports sociaux mais aussi affectifs. le spectre du terrorisme également n'est pas loin. Quant au politiquement correct, il est sérieusement écorné à travers les problèmes sidérants rencontrés par Sophie à l'université.

En définitive, Jonathan Coe porte un regard à la fois critique et nostalgique sur une Angleterre avec laquelle on le sent brouillé mais qu'il aime profondément.


» Ils étaient là, joue contre joue, collés l'un à l'autre, leur étreinte si longue que le pêcheur assis à quelques mètres aurait pu sans peine les prendre pour mari et femme redécouvrant la fougue de leur jeunesse plutôt que pour ce qu'ils étaient, un couple d'amants en train de se dire adieu. »
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Superbe fresque de notre époque. Bien qu'il s'agisse de l'Angleterre du Brexit, les symptômes du mal être ambiant ne sont pas spécifiques à ce pays et l'analyse est particulièrement bien vue. Pour autant, il s'agit bien d'un roman, et ce sont des personnages attachants et variés qui nous dépeignent ce monde qui est le nôtre, avec un sens plein d'humour et d'autodérision. le lecture est agréable et facile et donne envie de lire, ou relire, bienvenue au club et le cercle fermé.
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Les romans historiques placent leurs personnages dans un épisode de l'Histoire dont ils contribuent à révéler au moins un aspect ; la période choisie se situe le plus souvent il y a plusieurs siècles, parfois quelques décennies. Dans ce roman, Jonathan Coe, lui, nous présente la société anglaise des dix années qui ont précédé 2018 : l'humus sur lequel est soudain apparu le Brexit.

Au coeur de l'Angleterre cohabitent des Anglais et des immigrés d'origines géographiques plus ou moins proches ; les uns viennent l'empire britannique, les autres de l'Europe de l'Est. L'analyse de l'ambiance dans laquelle se passent ces années ne permet pas de conclure que le résultat du vote était inévitable, pas plus que n'était massivement prévue l'élection de Donald Trump ; elle ne permet pas non plus de comprendre tous les ressorts dont les oscillations aléatoires ont conduit le Royaume-Uni à quitter l'Union européenne sur un énorme coup de dés. Mais cette analyse nous éclaire sur le comportement de nos amis d'outre-Manche, comportement finalement assez proche de celui de nos compatriotes, du moins dans les grandes lignes et sur les sujets tels que l'immigration, l'intolérance, la modification du schéma familial traditionnel, l'influence des réseaux sociaux, etc.

L'auteur fait ainsi oeuvre de grand reporter et de fin psychologue, avec, malgré quelques passages pleins d'humour, un arrière-goût amer, une sorte de désespérance mélancolique qui laisse facilement deviner son irritation. Eh oui, non seulement la "bonne vieille Angleterre" n'est plus, mais de plus elle se sépare de l'Europe. En quoi la vie politique d'un pays peut-elle s'immiscer jusqu'au coeur des familles et, par son manichéisme intransigeant, aller jusqu'à faire éclater les couples et instiller la rancune entre parents et enfants ? le divorce ne touche pas seulement les familles, mais aussi les différentes classes sociales : l'élite n'a pas voté comme le "petit peuple" ni les Écossais comme les Anglais.

L'influence des think tanks, le prolongement dans la vie politique des inimitiés d'étudiants et la rapidité avec laquelle l'ambiance festive des Jeux olympiques de 2012 a brutalement été remplacée par la bataille du Brexit sont très brillamment relatés ; les références précises à la vie politique anglaise peuvent se rapporter à des personnages ou des situations que le lecteur ignore ; malgré cela, le récit est enlevé, souvent drôle, et, par-dessus tout, instructif.
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Ce roman est une fresque de la société anglaise au cours des années qui précèdèrent le referendum du Brexit. Les personnages sont très divers, ce qui donne à croire qu'il s'agit d'une peinture relativement exhaustive.
Certains dialogues semblent venir tout droit de la réalité. Des éléments statistiques donnent à réfléchir : en 2014, le nombre de personnes ayant recours à l'aide des banques alimentaires a augmenté de 20 %. le Brexit est voté le 23 Juin 2016.
Ce referendum a causé des dégâts dans la société, en particulier pour les étrangers qui se sont vus plus stigmatisés.

Beaucoup de mélancolie, de tristesse, d'amertume, se dégage de ce roman, ponctué de scènes amusantes. le portrait du conseiller de Cameron, alors premier ministre, est drôle et jubilatoire. Il semble s'amuser énormément, joue avec excitation avec l'opinion publique. Ce jeu de pouvoir semble obturer sa vision de la réalité ... C'est si crédible que c'en est effrayant.

Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Ceux qui ont lu "Bienvenue au club" et "Le cercle fermé" retrouvent dans ce livre Benjamin Trotter, sa famille, ses amis de jeunesse. Ceux-ci ont à présent dépassé la cinquantaine et sont installés dans la vie. Ils appartiennent à la classe moyenne britannique, plutôt aisée financièrement et cultivée.
Le roman débute à l'aube des années 2010 et s'achève en 2018, soit deux années après le référendum en faveur du Brexit. Jonathan Coe décline cette décennie à travers des épisodes de la vie de ces personnages, somme toute assez "ordinaires", mais en prenant soin d'y glisser des "conversations-clé" tenues dans des "lieux-clé" qui vont aider à comprendre ce qui, d'années en années, a conduit le Royaume-Uni à vouloir quitter l'Union Européenne, accusée de tous les maux qui frappaient le pays.
Une chronique politique et sociale intéressante, dans laquelle sont évoqués avec justesse, souvent avec humour, et parfois avec colère, des problèmes propres au Royaume-Uni, mais aussi des thèmes communs à l'ensemble des sociétés occidentales, tels que le multiculturalisme, l'immigration, l'intolérance larvée, le "politiquement correct", l'éclatement des familles, la transformation en profondeur des villes et des paysages, la place grandissante des réseaux sociaux .....
Et, au delà de tous ces sujets, l'auteur évoque avec une belle touche de nostalgie un thème qui traverse les époques, celui de la fuite du temps.
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Dans un récit captivant et enlevé, au ton imprégné d'un humour anglais typique, l'auteur nous livre les parcours des familles de Sophie, Doug, Benjamin ou encore Coriandre.
Ils sont en proie avec les contradictions de cette Angleterre qui se replie sur elle-même avec le Brexit, à la limite du racisme et de la xénophobie pour certains, et dont les hommes politiques sont raillés avec finesse.
Et c'est succulent !
Les parcours personnels de vie croisent la grande histoire de l'Angleterre où certains sont tentés par une idée de populisme qui peut pousser les couples au déchirement.

C'est passionnant et instructif, drôle et juste, les personnages sont attachants.
Je ne connaissais pas encore cet auteur que je viens de découvrir avec un grand plaisir.
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Les héros de « Bienvenue au club » ont vieilli, ils ont la cinquantaine bien tassée, la vie n'a pas forcément tenue toutes ses promesses et pourtant …. on les suit avec bonheur et enthousiasme dans les méandres de leurs regrets, de leurs réussites, de leurs rêves aboutis ou encore à réaliser.
Benjamin, Philip et Doug sont devenus époux et pères, les uns sont restés dans la région de Birmingham, un autre a cédé aux sirènes londoniennes et aux riches héritières.

L'Angleterre de Thatcher est derrière eux, les conflits sociaux et la guerre civile avec l'IRA également. Il y a eu l'idylle travailliste avec un Tony Blair Premier Ministre, les JO de 2012, la bulle de la City, le multiculturalisme londonien ravissant tout européen convaincu.

Les lendemains déchantent lentement mais sûrement. Comment en est-on arrivé là ?



2011, les émeutes bouleversent le paysage social britannique : l'Angleterre montrait une tolérance de bon aloi, les Bobbies ne sont pas armés, cas unique en Europe, tout est remis en question lors de l'interpellation d'un jeune noir. le feu qui couvait s'attise pour gagner la rue, pour une escalade dans la violence : les grandes enseignes sont saccagées parce qu'elles représentent le pouvoir mais ça, le pouvoir ne veut pas le considérer ainsi. Ian Coleman, le mari de Sophie se fait agresser alors qu'il tente de s'interposer, le fossé s'élargit entre elle et sa belle-mère qui cite Enoch Powel et son discours des « fleuves de sang ». Les JO de 2012 ne parviendront pas à gommer le fossé séparant les gens ordinaires des « intellectuels » et des politiques.

La famille Trotter traverse la période mouvementée comme elle peut : Benjamin présente enfin son roman à Philip devenu éditeur, Lois oscille entre retourner auprès de son époux, Christopher Potter, et poursuivre leur modus vivendi, Sophie décide de ne plus prendre de petit ami au sein de son cercle professionnel, l'université, elle en a soupé des intellectuels. Elle épouse un moniteur de conduite qu'elle a rencontré lors d'un stage de conduite obligatoire suite à sa verbalisation pour excès de vitesse : ils n'ont rien en commun mais construisent un avenir ensemble. Doug est devenu journaliste politique et chroniqueur incontournable, toujours à l'affut du bon mot ou du tuyau qui fera un bon papier.

Puis arrive le gouvernement de coalition de David Cameron : il promet un Référendum sur la sortie ou non de l'Union Européenne. le couperet est sans appel : ce sera le Brexit. Coup de tonnerre parmi l'élite anglaise qui s'attendait à tout sauf à ça.

« Comment en est-on arrivé là ? » se répètent en boucle Benjamin, Philip, Doug, Lois ou Sophie. le Brexit peut-il devenir un argument pour divorcer ? Sophie s'éloigne de son époux, Benjamin retrouve un ancien copain de collège, qui n'est pas entré à « King William College », devenu amuseur dans les goûters d'enfants. Lois est en proie à ses vieux démons.

Le regard doux-amer de Jonathan Coe parcourt « le coeur de l'Angleterre », sa plume élégante, délicatement ironique, mettent en scène la perte des êtres chers ou des idéaux, le passage, inexorable du temps, ce sable glissant entre les doigts des personnages. Il y a l'observation critique des relations humaines aussi bien au sein de l'intime que dans la société, dans laquelle la tendresse est toujours présente.

« le coeur de l'Angleterre » est également un roman qui explore, malicieusement, les sources des crispations actuelles, celles qui délitent, avec violence, le tissu socio-culturel et intellectuel d'aujourd'hui : le politiquement correct dont la captation du langage ôte toute aspérité, et ce dans tous les domaines. Sophie en fera les frais lorsque la fille de Doug, la terrible Coriandre, s'insurge en lieu et place d'une jeune étudiante transsexuelle ce qui provoque sa mise en congé. L'austérité implacable renforce le nationalisme ainsi que le sentiment d'identité. Ces démons ne sont pas joyeux, ils sont inquiétants au point de provoquer, parfois, un repli sur soi. Ils sont omniprésents aujourd'hui puisque le terrain est dégagé pour laisser libre cours à la « cancel culture », le glas insupportable de la négation de ce qui fait la richesse de la création artistique.

Que faire pour réagir ? Quitter le pays pour aller vivre outre-Manche ? Les moulins se ressemblent-ils dans les Midllands et en Provence ? « Adieu to old England » rythme le roman en une partition nostalgique d'une époque révolue.

Un roman jubilatoire, et une délicieuse satire sociale, qui pose les bonnes questions sur notre aujourd'hui toujours plus inquiétant.
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