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EAN : 9782842637200
252 pages
Le Dilettante (22/08/2012)
3.33/5   18 notes
Résumé :
Mon Dieu, un suicide familial, cela s’apprête comme un pique-nique, se peaufine comme un départ en vacances, on veille à tout, pratique et minutieux : aux cordes tout d’abord (solides, bien coulantes du nœud, montagnardes), à la lettre d’adieux, aux chaises Henri II que l’on repoussera, sèchement, du talon. Maintenant que la chose est faite, les corps découverts par les voisins, les papiers de presse (fautifs) sortis, il est temps de revenir à notre histoire, à nous... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Voici un petit livre qui ne devrait être traduit dans aucune des langues des "pays emmergeants" : ça risquerait de les refroidir dans leur course à la productivité, avec taux de croissance à deux chiffres ! Leurs habitants risqueraient d'y réfléchir...un peu...avant de foncer dans la grande machine à destructurer, détruire, décomposer, et donc à désespérer.

A partir d'un drame réél, le suicide d'une famille de quatre personnes (les parents et leurs deux enfants adultes), l'auteur, sous prétexte de raconter le drame et les événements qui ont précédé cet acte, dresse un portrait sans concession de notre société, ou plutôt d'une partie de la société, celle à laquelle nous espérons ne jamais appartenir, le grand épouvantail qui nous fait rester bien isolés et bien sages, si sages !

Dès la première phrase l'appât nous hameçonne : les quatre menbres de cette famille mettent à éxécution leur projet de se pendre tous les quatre. C'est le fils qui parle et il aurait bien aimé remettre l'affaire à un peu plus tard, après le dîner. le ton est donné. C'est le récit d'une vie de famille banale, rassurante par sa quotidienneté, respectueuse des rites sociaux : vacances et fêtes de Noël, recherche des meilleurs affaires, du sacro-saint rapport qualité-prix, sauf que la qualité, ça fait belle lurette qu'elle est oubliée dans les efficaces machines à recycler les déchets, du hard-discount au vide-grenier.

Pas de jérémiades, juste un enchaînement d'événements avec une petite histoire d'amour avortée, mais racontés avec un humour noir décapant, comme un nettoyage à l'acide.

Un régal de lecture. Pas la peine d'investir de rares, précieuses espèces sonnantes et trébuchantes, si durement gagnées, dans des études dites "experts" : lisez ce petit livre et faites-le passer pour mieux en rire et partager ce rire, délicieusement grinçant et si salutaire.

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L'auteur s'est inspiré d'un fait divers authentique datant de 2007 à Coulogne, dans le Nord-Pas-de-Calais où une famille s'est donnée la mort ensemble; sans que l'on en sache les raisons.

L'histoire débute par quatre membres d'une famille composé d'un père, d'un mère, d'une fille et d'un fils qu'une voisine découvre pendues dans la salle à manger de leur foyer.
Bien qu'une enquête soit diligentée par le Lieutenant Benoît de la Gendarmerie Nationale; aucunes raisons ne semblent venir éclairer ce geste.
Pourtant les raisons sont données à l'intérieure d'une lettre laissée par la famille. Lettre qui semble avoir mystérieusement disparue.

Le fils défunt s'aperçoit d'un au-delà qui n'est pas nommé de ce qui se trame en-dessous. Après lecture d'un article d'un pseudo-journaliste (comme il le nomme); il apprend qu'une zone d'ombre plane sur les raisons de cette tragédie.

Fortement contrarié voire excédé, il prend le parti de raconter chronologiquement tous les évènements qui les ont conduit à en finir.

C'est ainsi que le jeune homme nous raconte la vie d'une famille X banale, centrée sur ses habitudes, ses petits bonheurs et ses déboires.

le thème ne semble à priori pas très gai,gai. Que nenni, le ton donne le change. C'est d'ailleurs ce côté complètement décalé qui m'a enchantée
L'histoire n'a rien d'exceptionnel pourtant même si la fin l'est: l'histoire d'un garçon un peu gauche, sans grand charisme et qui BIM va tomber raide dingue d'une jeune femme.

L'écriture est fluide, sans fioritures.Les qualités littéraires reconnues dans son métier de journaliste ont sans nul doute aidés l'auteur pour ce premier roman.

J'y ai vu une critique sociale, celle d'u capitalisme qui nous rencontrons tout les jours. Ici représenté sous les traits d'une Direction d'un supermarché de province. Cette Direction va tout simplement parvenir à déshumaniser, désolidariser les maillons d'une camaraderie que les salariés entretenaient. pour parvenir à faire des humanoïdes. Hier, c'était l'homme qui faisait le travail, aujourd'hui c'est le travail qui fait l'homme.
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Une critique de notre société mais qui ne date pas d'hier. Celle de la rumeur, la pernicieuse. Un professeur accusé d'attouchement par trois de ses anciens élèves. Jugé une fois par un juge, jugé sans procès par la société. Jusqu'à ce qu'on apprenne son innocence. Mais le mal étant déjà fait...

C'est une volonté de l'auteur de ne pas avoir nommé ni les protagonistes, ni même d'avoir situé la ville. Une Famille tout simplement qui atteint à un moment donné un point de non retour. L'arrivée d'évènement venant troublé leur vie: perte d'un emploi, d'un amour, dépression.

Bref un des rares romans de la rentrée littéraire 2012 pour lequel j'ai rigolé d'un bon rire franc et non de stupéfaction, de lassitude voire de dégoût.

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Je me suis vraiment ennuyée à la lecture de ce roman bourré de clichés, de critiques écrites et écrites sur la grande distribution, le monde du travail. L'analyse des rapports familiaux est très primaire; papa au chômage, donc dépressif et qui ne quitte plus ses charentaises, maman aux fourneaux et totalement intolérante et bornée, "Soeurette" qui s'ennuie et donc a l'oeil sur son grand frère qui lui va peut-être vivre une grande histoire d'amour...mais bon, voilà que tout ce joli monde se pend "haut et court" et la découverte des 4 corps sera faite par l'inévitable voisine commère qui aime les potins et ragots...Je passe sur le Francis prof accusé de pédophilie et innocent donc alcoolique...et sur bien d'autres stéréotypes.
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C'est un roman qui commence très fort. uivent des pages sur la difficulté de coordonner les gestes (c'est presque de la danse, de la natation synchronisée ! La beauté du geste en plus, quoi !), de faire les noeuds aux cordes : pas facile lorsqu'on n'a plus d'encre dans l'imprimante et qu'on ne peut donc pas visualiser les différents tours et détours de la corde pour parvenir à un noeud fin et efficace ! C'est donc un roman qui débute par des pages drôles, désopilantes, déroutantes, d'un humour noir, décapant. Philippe Cohen-Grillet ne se donne pas de limite : tout est prétexte à faire un bon mot ou à décrire une situation de manière comique. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il tuerait père et mère pour un bon mot, ce serait ici, dans le contexte de son livre, une tautologie (pas une totologie, hein, attention, même si c'est une histoire drôle). Ça peut être dérangeant, ce qui, je ne vous le cache pas, rajoute à mes yeux, un petit plus : encore plus de plaisir à sourire voire rire.

En ouvrant ce bouquin, le lecteur se trouve dans la tête du fils, suicidé. Et il raconte sa famille, entre une mère fragile, un père en préretraite (licencié en fait aux alentours de 50 ans), une soeur qui voit ses heures de travail se réduire au fil des semaines, et lui-même magasinier dans une grande surface locale. Tout cela dans une région sinistrée : pas de travail ou tellement peu. Cette famille est totalement centrée sur elle-même. Pas de relation hors celles avec les collègues. C'est d'une tristesse sociale et culturelle à pleurer. Grâce à ces gens, l'auteur va dresser le portrait d'une société qui va mal, et son humour du départ devient un humour du désespoir, une farce macabre.
Il écrit quelques pages bien senties sur la grande distribution "Super-hard-discount" et ses méthodes d'encadrement, de brimades voire d'intimidations. Quelques autres sur la justice qui peut détruire des vies et puis s'en laver les mains. Un constat sévère et sans doute juste, plus qu'une dénonciation. Malgré leur isolement familial, le fils va rencontrer des gens très différents de lui, personnages secondaires bien décrits et présents.

Sans être exempt de quelques -toutes petites- longueurs, ce roman est de qualité. Bien écrit et maîtrisé, il alterne les moments durs avec d'autres pas forcément moins difficiles, mais traités plus humoristiquement, avec un détachement qui permet qu'on en rie. Et puis d'autres passages sont plus légers Je n'ai pas ri à gorge déployée, mais j'ai souvent et longtemps souri. J'ai été parfois gêné par ce que décrit P. Cohen-Grillet, la misère sociale, familiale, culturelle ou pécuniaire voire même toutes ensemble. Non pas que je sois d'une classe sociale supérieure (c'est d'ailleurs sans doute à cette identification possible qu'est due cette gêne), mais tant de solitude et de misères ne met pas à l'aise. Un livre qui fait sourire voire rire, et qui à certains endroits peut gêner, que demander de plus à la littérature ? Un premier roman de la rentrée à découvrir sans aucun doute.

Lien : http://lyvres.over-blog.com
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On peut dire que d'emblée, le ton de l'ensemble du livre est donné : le fond de l'intrigue sera grave, voire dramatique (le suicide collectif d'une famille sous fond de misère sociale), mais la forme sera constamment teintée de fantaisie, et d'un humour, noir, forcément noir, mais oh combien salutaire.

Raconté ad petres par le fils de cette famille qui nous explique dans les menus détails la genèse de ce suicide, qui est par ailleurs tiré d'un fait divers authentique qui s'est déroulé dans le Nord de la France, le narrateur revient également, non sans une certaine morbide jubilation, sur l'enquête policière menée par un inspecteur Benoit pas bien malin, et qui n'éclaircira jamais cette affaire.

Avec un ton toujours un peu décalé, il décrit avec, froide neutralité et détails cocasses, le lent et inexorable déclin de cette famille ordinaire, portrait représentatif d'une France délaissée : une mère au foyer, un père qui sent la préretraite approcher, une soeur employée dans une auto-école en perte de vitesse... le seul versant un tant soit peu lumineux est le sien, lorsque dans le cadre de son travail dans un hypermarché, il rencontre la belle et lumineuse Caroline, responsable de la Banque Alimentaire...Hélas, comme on n'est pas dans un conte de fées, et surtout comme on connait dès le début, le dénouement de l'histoire, il ne faudra pas s'attendre à un happy end.

Chronique sociale tragi comique, l'auteur témoigne d'une vraie plume et d'un vrai sens de la narration. Il est simplement dommage que son intrigue, qui devrait aller crescendo dans le décalé et le tragique, ait tendance à faire du surplace dans la dernière partie, et ne sait pas trop comment se finir, mais malgré ce léger bémol, ce roman est assurément une des jolies surprises de cette rentrée littéraire.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, le dimanche matin, elle [la mère] suivait la retransmission télévisée de la messe sur le service public. "Alors, ça bigotte ?" la charriait gentiment ma soeur. " Je regarde parce que c'est tourné dans une église différente chaque semaine", se justifiait maman. " Ah bon, si c'est du tourisme ecclésiastique, c'est pas pareil..." Pince-sans-rire soeurette, comme toujours. Maman ne pratiquait pas, c'est vrai. Et alors ? On peut suivre les étapes du Tour de France sans savoir monter à bicyclette. (p.234)
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Un soir, mon père est rentré du travail bien plus tard que d’habitude : son noeud de cravate dénoué, le haut de la chemise déboutonné et un coup dans le nez. Ça ne lui ressemblait pas. Rétrospectivement, il me semble, enfin je crois bien, non ! je suis même certain que c’est ce fameux soir que tout a commencé. Sans faire de bruit ni crier gare, sans même que nous nous en rendions compte.
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Le plus long a encore été de dégoter la police de caractères idoine sur internet. Drôle d'appellation pour un style calligraphique. Pourquoi pas la "gendarmerie de la mise en page", les "forces de l'ordre de la syntaxe" ou les "compagnies républicaines de la ponctuation" ?
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"Là-bas", ici, chez nous, on enfante tôt. Parce que l'horloge biologique tourne, certes. Mais aussi parce que toutes les postadolescentes poussent des landaus, par crainte d'être sinon considérées comme des "putes". Et aussi, parce que "les allocs", c'est quand même pas fait pour les chiens. Ça s'appelle "l'argent braguette". [...] J'exagérais sans doute. Mais même en noircissant le tableau de la sorte, je ne parvenais pas à me consoler de n'avoir pas "fait", moi aussi, un enfant. (p.124/125)
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Ce jour-là, en début de soirée, un peu avant l'heure de l'apéritif que nous ne prenons jamais, papa nous a réunis dans la salle à manger et a déclaré : "Aujourd'hui, plutôt que de passer à table, on va se passer la corde au cou."

Sur le coup, j'ai un peu regretté. Non pas que je n'avais plus envie de me foutre en l'air. J'en avais autant envie que d'habitude, ni plus ni moins. Mais on était mercredi. Et le mercredi, c'est le jour où maman nous prépare des tomates farcies. (p.11)
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Video de Philippe Cohen-Grillet (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Cohen-Grillet

Philippe Cohen-Grillet présente "Usage de faux"
Victor Goupille est un faussaire, talentueux sinon génial. Pour se distraire et (bien) gagner sa vie, il façonne des lettres et manuscrits plus vrais que nature. Sous sa plume naissent des...
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