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EAN : 9781564785886
817 pages
Dalkey Archive Press (01/01/2010)
4/5   1 notes
Résumé :
On Christmas Eve 1999, all the Jews in the world die in a strange, millennial plague, with the exception of the firstborn males, who are soon adopted by a cabal of powerful people in the American government. By the following Passover, however, only one is still alive: Benjamin Israelien; a kindly, innocent, ignorant man-child. As he finds himself transformed into an international superstar, Jewishness becomes all the rage: matzo-ball soup is in every bowl, sidelocks... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Witz » de l'américain Joshua Cohen (2010, Dalkey Archive Press, 817 p.) est son premier roman, célébré comme « Meilleur livre de l'année 2010 » à sa sortie par « The Village Voice ». Il ne s'est pas arrêté pour autant, puisqu'il publie « Book of Numbers » (2015, Random House, 580 p.). Un livre fiction sur « Tetration », un succédané d'internet avant la naissance de ce dernier. Puis « Moving Kings » traduit également par Stéphane Vanderhaeghe en « David King s'occupe de tout » (2019, Grasset, 336 p.).
Récemment, il a reçu le prix Pulitzer de la fiction 2022 pour son roman « Les Nétanyahou », traduit par Stéphane Vanderhaeghe (2022, Grasset, 346 p.), histoire romancée de la famille du même nom. En particulier du père de Bibi qui sera premier ministre en Israel. C'est « le récit d'un épisode somme toute mineur, voire carrément négligeable, dans l'histoire d'une famille très célèbre » comme le souligne le sous-titre. Satire cachée des pratiques universitaires pour attirer des personnages connus, ou influents. Dont Ben-Zion Nétanyahou, « le fils de Sion ». Pourquoi pas, c'est aussi le premier professeur juif recruté à Corbin University, à Corbindale, proche de New York. On y découvre « un maitre de conférences en assyriologie, aryennologie, philologie et linguistique indo-européennes ».

« Witz » commence avec la fin de l'année 1999. « In the beginning, they are late » (Au début, ils sont en retard). On dirait le début de la « Genèse ». Ce couple qui déambule dans les premières pages du livre va bientôt disparaitre. « The last night of the last world » (La dernière nuit du dernier monde). Un faux départ et une fausse arrivée, le tout ouvrant sur une fausse piste. Suit une longue scène assez surréaliste dans une synagogue en ruine, séparée du temps et au lieu non précisé. L'histoire en un mot, c'est l'« Enlèvement des Juifs ». Joshua Cohen utilise même le mot « ravissement » un peu plus tard. Cependant, au lieu d'un scénario simple, le roman tourne vite aux jeux de mots, déformation des mots, avec intercalation de tournures en Yiddish. Voire même avec l'inclusion de ce que l'on appelle familièrement de l'humour juif, blagues souvent absurdes. Ce sont ces jongleries littéraires qui structurent le roman.
Donc, en cette semaine veille de Noël 1999, deux événements importants se téléscopent. L'un, heureux est la naissance d'un garçon, dans la « cuisine » de ses parents, Israel et Hanna Israelien. Il est le premier-né mâle, malgré ses douze soeurs. Homme avec barbe et lunettes, et surtout au prépuce qui repousse sans cesse. Il se nomme Benjamin Israelien. Comment dit-on « Sonnez aux bois, raisonnez trompinettes » en yiddish ? Cela se passait dans le lotissement des « Thousand Cedars » (Mille Cèdres) à « Noo Joysey » (New Jersey). Les forêts de cèdres blancs de l'Atlantique du New Jersey, juste au Sud-Est de Philadelphie sont assez remarquables dans cet état et font l'objet d'un vaste plan de protection et replantation. Mais déjà, on se perd dans ce lotissement. « des rues arborées, différemment arborées, et pas seulement des rues : dans un lotissement d'une avenue Orme, d'un boulevard Orme, d'une rue Orme et d'une terrasse Orme, à ne pas confondre avec le 1 terrasse Orme, domicile des Ormes, dans un lotissement nommé par un comité de centaines de Mille Cèdres »
Le second fait, plus général, est que tous les Juifs du monde meurent dans une étrange peste millénaire. Tous, peut-être pas, car les premiers-nés mâles sont épargnés dans un premier temps. « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » avait prédit La Fontaine. Ceux qui restent sont bientôt adoptés par une organisation « The Garden, Inc. » au sein du gouvernement américain. Toujours d'après La Fontaine « Selon que vous serez puissant ou misérable, / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». A Pessah, la Pâque juive, un seul est encore vivant. Benjamin Israelien, un gentil garçon, autant innocent qu'ignorant. Des cornes lui poussent sur le haut du crâne. Cela me rappelle une statue de Moïse, par Michel Ange, dans un livre d'histoire au collège, chose qui m'avait toujours stupéfait Tout le monde veut être affilié. La judéité fait fureur. Il devient une star internationale, la soupe aux boulettes de matzo « kneidelach » est dans toutes les assiettes. On mange casher. Les gens adoptent les « sidelocks », ces papillotes en cheveux incorporés à une perruque amovible. La kippa est tendance.
Une fois que Benjamin est né, l'histoire tourne autour de lui. La disparition des Juifs entraîne des spasmes mondiaux de culpabilité et de réaction. On assite à une vague populaire d'Affiliation des Gentils. Surtout lorsque les goyim réalisent qu'ils n'ont plus les Juifs pour s'en moquer. Il y a des éléments de réalisation de souhaits dans cette histoire, mais ce n'est pas un tract post-Shoah, bien au contraire. Même si les événements sont mondiaux, Joshua Cohen reste centré sur les Etats Unis, avec une zone essentiellement New Yorkaise et alentours.
Mais, le seul juif vraiment juif qui reste est de plus en plus stigmatisé parce qu'il n'est pas religieux. Sa présence et son existence même affichent l'illégitimité de ce nouveau converti, et Israélien devient l'objet d'une traque mondiale. Ce survivant du dernier Juif devient le Messie, mais sans autres Juifs, qui sauve-t-il ? En réalité, Benjamin, devenu Ben-Messiah est obligé de faire des apparitions, mais il veut fuir sa vie « orthodoxe ». Il s'évade, est repris, s'évade. Il n'est pas religieux, mauvais en affaires. Sa vie est en danger.
Une longue errance, depuis la Floride, où il est élevé par son grand-père. il est même fiancé à la fille du président, avec mariage le 4 juillet renommée « Los Siegeles » (Las Vegas) en hommage au gangster juif Bugsy Siegel, qui voulait en faire une capital du jeu. Ben erre ensuite, retrouve sa mère et ses soeurs. Suit un épisode spectaculaire, voire mystique de cunnilingus avec sa mère, au cours duquel sa langue est arrachée. Il faut dire que c'est « Tisha B'av » le jeûne du cinquième mois (Av) pour pleurer la destruction du Premier, et du Second Temple de Jérusalem. La perte de la langue est en référence au Psaume 137 « Que ma langue s'attache à mon palais, Si je ne me souviens de toi, Si je ne fais de Jérusalem le principal sujet de ma joie ! ». Quant au cunnilingus plus ou moins incestueux…Il existe des références psychanalytiques sur ces pratiques vues à côté du Mur des Lamentations.
Devenu hors-la-loi, il s'enfuit en Pologne, qui est devenue « Polandland », parc à thème du Vieux Monde avec un but sinistre : ceux qui ont refusé de devenir juifs y sont amenés pour être mis à mort. Puis il émerge ensuite mystérieusement en « Palestein », qui dans cet univers alternatif est une monarchie arabe. Il y a une expérience visionnaire qui se termine, apparemment par sa mort. Dans le dernier chapitre, sa langue est acquise comme relique par un musée. « une relique, à exposer... éventuellement dans le monde entier : défilée de ville en ville, partout où cela rapporte, que ce soit de l'argent ou un hommage ».

Malgré tout cela, dans le monde réel et encore proche de nous, un autre dernier juif, unique dernier rescapé de la Shoah, est assis, seul dans un Manhattan enneigé. Sa seule occupation et distraction est de raconter, ou plutôt ressasser des blagues au goût douteux, la dernière forme des blagues juives. Hélas, le pauvre perd un peu la mémoire et le sens des affaires, et ses blagues tombent à plat pour un public lassé de les écouter. On le quitte alors, et il ne reviendra que vers la fin avec la section « Molly Bloom » du roman, à l'image du chapitre similaire dans le « Ulysse » de Joyce. Et de même, « Witz » se termine par une trentaine de pages écrites sans ponctuation. « à ne chercher qu'à rester debout, tu tombes, tu es banni puis maudit et vilipendé, condamné à errer sur un continent dont tu ne sais même pas où tu vas, seulement quand on t'attend, c'est-à-dire tous les vendredis au coucher du soleil les calendriers n'ont jamais été coordonnés et ce que vous avez toujours pensé avoir été à l'ouest n'était en réalité qu'un virage à gauche pris dos au nord, à la hâte et avec peu de sommeil, puis sur votre front, le développement d'une marque inquiétante »
C'est une longue diatribe appelée « Punchlines », contient en effet de nombreux traits satiriques reconnaissables tirées de blagues en yiddish et autres, racontées page après page. Il y en a 108, tout comme l'âge de Ben. « Un mensch [homme] entre dans un agent artistique, aïe, un mensch entre dans une agence artistique, aïe, la prochaine fois qu'il devrait utiliser la porte. Non sérieusement les gars, un mensch entre dans le bureau d'un agent de talent et s'assoit et dit, non, écoutez, j'ai un nouveau numéro fantastique… ».
La référence à Molly est à plusieurs sens. C'est une suite des pratiques entre Ben et Hanna. C'est un changement de style, avec l'absence de ponctuation et l'introduction de mots spécifiques « glabella, cadastral, sphacelate » ou mots-valise « allnew , prisonreformed , mascaramassacred , allages kinder, undertakermaterial »
Une fois ce pavé terminé, ouf. Mais existe-t-il une conclusion, une morale, pourquoi pas, à en retenir. A priori, il ne s'agit pas simplement d'un simple exercice de style. C'est trop long pour être une simple satire ou un pamphlet. C'est trop parsemé de blagues juives pour n'être qu'un recueil et en même temps, ces références au yiddish ne semblent pas là pour être de simples morceaux d'authenticité idiomatique. Bizarrement, ces références, tout au moins bibliques, font toutes allusion à la destruction des juifs ou à leurs symboles. Ce n'est pas non plus une référence à la Shoah, même si Polandland en est une inversée, où les goyim sont tués parce qu'ils ont refusé de devenir juifs. le processus qui semble sous tendre le livre est celui de l'assimilation. « Comprenez, c'est de l'assimilation : le transfert d'un élément à un autre ; d'un état quant à son autre, vide ; feu pour fumer, arbre pour cendre au vent qui sème, et les chagrins ». Tout d'abord il y a eu les destructions qui commencent en Espagne avec Isabelle et Ferdinand mais qui reprennent les actes des pharaons. Et puis, la disparition s'est muée en assimilation, d'où les références aux clichés occidentaux, tels le père Noél, ici présenté comme Santa. Puis plus subtil, la récupération après la peste par l'organisation « The Garden, Inc. » et son triumvirat, formé par « Die, Das, der ». le jeu de mot n'est pas anodin, de même que le parc d'attraction « Polandland ». C'est alors qu'intervient le monologue du dernier juif survivant de la Shoah, qui relie l'assimilation au feu. Assimilation et normalisation avec la promotion de Bellow et Roth, entendre Saul Bellow et Philip Roth, les deux grands romanciers américains, puis Woody Allen et Steven Spielberg. Total, la « yiddishkeit » disparait.
Simple évolution, et changement de moeurs, ou alors éternelle problème du « kvetching », mot yiddish signifiant l'éternelle lamentation. « And this is where it all ends America with me […] I'm tired London so tired I'm Amsterdamned Avenue dead soon enough tired it's funny like ha ha funny is here enough genug of these no more lives how I'm Big in Yisgadal Ben vyiskadah and the shemay of the gables rabah the East River canals like Venice the Ghettolocked Venezeia I imagined shy but cold in an irongray windyday [...] » (Et c'est là que tout se termine Amérique avec moi […] comment je suis fatigué Londres si fatigué je suis Amsterdamned Avenue mort assez tôt fatigué c'est drôle comme ha ha drôle est ici assez genug de ces vies plus comment je suis grand à Yisgadal Ben vyiskadah et le shemay des pignons rabah les canaux de l'East River comme Venise la Venise ghettolockée que j'imaginais timide mais froide dans un jour de vent gris de fer [...])

Compte tenu du sujet bordé par ce livre, et de son caractère particulier, à la fois par le messianisme juif, la critique des institutions et rites, ou même l'idiome, j'ai voulu voir quelles en étaient les critiques et recensions sur trois sites littéraires américains nettement orientés. Si de nombreux sites existent, il en est peu qui aient un semblant de critique littéraire, et de plus un moteur de recherche interne qui en facilite l'accès à un article précis. Je n'ai donc retenu que les deux sites suivants : « The Jewish Book Council » (jbc) et « The Jewish Chronicle » (jvc).
Pour le premier (jbc), « Witz » est « une satire audacieuse des revendications de la société sur la religion et l'identité », qui de toute évidence va « susciter la controverse ». C'est toute la dialectique concernant « des rapports sexuels entre un homme affilié [juif] et une femme shiksa [femme non juive] ». Alors que ces relations sont pratiquement secondaires dans les 800 pages du roman. On y découvre à la fois « l'humour juif et la gravité de l'Ancien Testament ».
Pour le second (jvc), ce cinquième livre « Witz » est « sans doute le plus long et le plus difficile ». Tout d'abord « de longueur excessive ». Qui pose ensuite trois problèmes quant à l'histoire, c'est-à-dire « la mort de tous les juifs », la prose qualifiée de « dense, souvent auto-amusée » ou débordant « de de jeux de mots, d'allusions, de digressions, de tours de passe-passe d'auteur et de gags structurels », et finalement de ton « Cohen est très content de lui. Witz signifie "blague" en yiddish et le roman est très plaisant ». Je précise que ces remarques sont celles citées et reprises de « The New Yorker » et de « The New York Observer ». Puis l'article fait un retour « avant d'en venir aux blagues (?) sur le cancer et les sites de l'Holocauste comme "Whateverwitz" ou "Polandland". Enfin, il y a la question de tuer en plaisantant les Juifs du monde ». Il termine en rappelant que « le livre a été refusé par huit éditeurs new-yorkais », refus attribué, selon la chronique au « mélange de blagues sur la mort, d'excès littéraires et de supercherie postmoderne ».
Je précise aussi que je ne fais que rapporter ces critiques, par curiosité pour connaitre les réactions de ces milieux, dont je ne saurais partager entièrement les avis. Mais il m'a paru intéressant d'en rappeler les conclusions, avec un degré certain de sectarisme. Cela fait toujours mal de gratter ce qui irrite.
En résumé, une très belle écriture, difficile à suivre, cependant un livre beaucoup trop long. Avec des digressions dont certaines pourraient être supprimées sans perte de sens. Un humour juif sous-jacent, certainement plus adapté à un public américain, voire New Yorkais qu'Européen. Intéressant à lire, à quelquefois, ou souvent, à décripter.

c'est comme ça: mon père était un Cohen et son père était un Cohen et son père avant ça était un Cohen c'est un travail stable."
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
à ne chercher qu'à rester debout, tu tombes, tu es banni puis maudit et vilipendé, condamné à errer sur un continent dont tu ne sais même pas où tu vas, seulement quand on t'attend, c'est-à-dire tous les vendredis au coucher du soleil les calendriers n'ont jamais été coordonnés et ce que vous avez toujours pensé avoir été à l'ouest n'était en réalité qu'un virage à gauche pris dos au nord, à la hâte et avec peu de sommeil, puis sur votre front, le développement d'une marque inquiétante
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Il se cambre, ses coudes se soulèvent et… se fondent en doigts… la poursuivant avec des grincements de dents – une application de l'apparence du deuil, accomplie pour titiller et blesser. Avec Sa langue dans une pensée, Son esprit dans une autre, Il sent la satiété, un suintement de lumière de l'intérieur… Glaciaire et lent, dur comme la terre Sa tête immergée, embuée, au milieu de ce qui semble un ciel doux couvert de rosée et rougeoyant. Il plisse les yeux face à cette lueur montante… des particules éblouissantes, des larmes et leur piqûre saline, vertigineuse et étrangère, une poussière de sable, du vrai sable… puis, comme si il s’y était préparé, il ouvre grand ses yeux à l'intérieur : et là, à l'intérieur d'elle, est – Jérusalem … vallée entière dans les organes génitaux de son ventre… si je t'oublie Ô Jérusalem, laisse ma main droite oublier son con, laisse ma langue s'attacher au Ruth de ma bouche…
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Un mensch [homme] entre dans un agent artistique, aïe, un mensch entre dans une agence artistique, aïe, la prochaine fois qu'il devrait utiliser la porte. Non sérieusement les gars, un mensch entre dans le bureau d'un agent de talent et s'assoit et dit, non, écoutez, j'ai un nouveau numéro fantastique…
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des rues arborées, différemment arborées, et pas seulement des rues : dans un lotissement d'une avenue Orme, d'un boulevard Orme, d'une rue Orme et d'une terrasse Orme, à ne pas confondre avec le 1 terrasse Orme, domicile des Ormes, dans un lotissement nommé par un comité de centaines de Mille Cèdres
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Comprenez, c'est de l'assimilation : le transfert d'un élément à un autre ; d’un état quant à son autre, vide ; feu pour fumer, arbre pour cendre au vent qui sème, et les chagrins
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Vidéo de Joshua Cohen
Dans "Les Nétanyahou", l'écrivain américain Joshua Cohen revient sur un épisode anecdotique de l'enfance de "Bibi" Netanyahou : le recrutement du père dans une université américaine. Une anecdote métaphorique questionnant le sionisme et l'identité juive-américaine avec humour.
Dans ce nouvel ouvrage inspiré de faits réels, l'héritier de la tradition littéraire juive-américaine de Saul Bellow et Philip Roth recouvre la réalité d'un voile de fiction. le critique littéraire Harold Bloom — dont les souvenirs inspirent le roman — devient Ruben Blum, un historien américaniste spécialiste de la taxation. Avec son épouse Edith et leur fille Judith, les Blum forment une famille américaine moyenne d'origine juive mais ayant délaissé le traditionalisme religieux pour l'académisme et la modernité. Exit les fêtes religieuses passées au temple, place à la télévision en couleurs et au réfrigérateur. Une famille presque parfaitement assimilée.
Or le livre s'ouvre sur le rappel désagréable qu'ils ne le sont pas tout à fait. Ruben Blum devra accueillir un aspirant-professeur venu d'Israël, un certain Ben-Zion Netanyahou, au seul prétexte qu'il est le seul Juif de son université. le plongeon dans les recherches de Ben-Zion Netanyahou est un moyen pour Joshua Cohen d'évoquer l'histoire du sionisme et ses courants variés. Notamment le "sionisme révisionniste" de Ben-Zion qui, plus tard, inspira la politique d'un certain Benyamin Netanyahou, aux commandes d'Israël pendant douze ans.
Puis, dans la deuxième moitié du livre, la rencontre entre les Blum et les "Yahou" donne à voir un choc des cultures entre les Juifs d'Israël et les Juifs de la diaspora américaine — une occasion de plus pour sonder l'identité particulière des juifs-américains.
A mi-chemin entre le roman de campus et le roman historique, Joshua Cohen creuse sa page d'une encre humoristique corrosive et terriblement actuelle. Et ce alors que "Bibi" Netanyahou ne quittait le poste de premier ministre qu'en juin 2021, après un règne ayant porté le sionisme révisionniste à son apogée.
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