Hubert NyssenAlbert Cohen/5
2 notes
Résumé :
Le liseur, lui, ne s'en laisse pas conter. C'est à lui que revient, dans l'insoumission à la dictature d'une pensée, à l'autoritarisme d'une mode, au caporalisme d'un mot d'ordre, de remettre les choses à leur place. Avec le texte, il entretient des rapports comparables aux relations de l'ethnologue avec une société qui se transforme sous l'effet de son regard en même temps qu'elle transforme ce regard. Et parfois, il se rappelle, ce liseur, que, par ses lectures, i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1)
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"Éloge de la lecture" est l'édition d'une conférence qu'a donné Hubert Nyssen, successivement à la Bibliothèque nationale de France à Paris en mai 1995 et à la Villa Médicis à Rome en février de l'année suivante.
Le propos de l'auteur est émaillé de souvenirs d'enfance (la présence bienveillante de sa grand-mère tourangelle qui lui fit aimer la toute première la lecture), de savantes et plaisantes digressions et de belles citations d'écrivains, toutes sur la lecture et sur le liseur.
Entre autres propos argumentés, j'ai apprécié celui précisant que pour donner pleine vie au livre, il devait, à la part d'écriture réalisée par l'écrivain, s'y ajouter celle des lecteurs.
Ainsi, dans l'acte même de lire, les lecteurs se font co-auteurs du livre, ils donnent substance à l'oeuvre littéraire en soi. Cette multiplicité de regards, de manières de lire, d'appréhender le roman, le poème, la pièce de théâtre etc. donnent à l'oeuvre non pas une mais plusieurs vies.
La chose paraît-elle si évidente qu'elle ne vaille pas la peine que l'on s'y arrête un peu ? Ici, Hubert Nyssen défait l'évidence et instruit avec bonheur.
Je conseille vraiment cette intéressante lecture.
Je n'ai pas pris soin d'évoquer la seconde conférence retranscrite dans ce petit volume, celle dédiée à la lecture d'Albert Cohen. Non qu'elle ne présente pas d'intérêt en soi (c'est tout le contraire) mais j'ai choisi de privilégier ici la seule partie consacrée à l'éloge de la lecture.
Le propos de l'auteur est émaillé de souvenirs d'enfance (la présence bienveillante de sa grand-mère tourangelle qui lui fit aimer la toute première la lecture), de savantes et plaisantes digressions et de belles citations d'écrivains, toutes sur la lecture et sur le liseur.
Entre autres propos argumentés, j'ai apprécié celui précisant que pour donner pleine vie au livre, il devait, à la part d'écriture réalisée par l'écrivain, s'y ajouter celle des lecteurs.
Ainsi, dans l'acte même de lire, les lecteurs se font co-auteurs du livre, ils donnent substance à l'oeuvre littéraire en soi. Cette multiplicité de regards, de manières de lire, d'appréhender le roman, le poème, la pièce de théâtre etc. donnent à l'oeuvre non pas une mais plusieurs vies.
La chose paraît-elle si évidente qu'elle ne vaille pas la peine que l'on s'y arrête un peu ? Ici, Hubert Nyssen défait l'évidence et instruit avec bonheur.
Je conseille vraiment cette intéressante lecture.
Je n'ai pas pris soin d'évoquer la seconde conférence retranscrite dans ce petit volume, celle dédiée à la lecture d'Albert Cohen. Non qu'elle ne présente pas d'intérêt en soi (c'est tout le contraire) mais j'ai choisi de privilégier ici la seule partie consacrée à l'éloge de la lecture.
Citations et extraits (4)
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Car il en va des livres comme des enfants : à ceux que l'on attendait pas il faut de l'envergure et du tempérament pour s'imposer là où les autres, dont la signature est connue ou la réputation médiatisée, s'installent avec le bénéfice du préjugé ou la facilité de la complaisance.
Or, à vouloir, par une publicité insistante, donner pour chaque livre de trop vaines, trop immédiates ou trop futiles raisons de lire, à entretenir la confusion entre connaissance et succès, à trop vouloir justifier par l'utile ou l'expéditif, comme s'il fallait s'excuser d'inviter à lire avec un peu de peine, à force de faire de la facilité un exploit et de la difficulté une tare ou un défaut, on en arrive à oublier que notre sagesse, comme l'écrit Jean Grenier, "commence là où celle de l'auteur finit".
p. 20
Or, à vouloir, par une publicité insistante, donner pour chaque livre de trop vaines, trop immédiates ou trop futiles raisons de lire, à entretenir la confusion entre connaissance et succès, à trop vouloir justifier par l'utile ou l'expéditif, comme s'il fallait s'excuser d'inviter à lire avec un peu de peine, à force de faire de la facilité un exploit et de la difficulté une tare ou un défaut, on en arrive à oublier que notre sagesse, comme l'écrit Jean Grenier, "commence là où celle de l'auteur finit".
p. 20
Non seulement parce que nous n'abordons jamais un livre sans états d'âme, dispositions, humeurs et connaissances à quoi nous rapportons notre lecture, mais aussi parce qu'il est presque impossible de se dérober à l'influence exercée par le paratexte, l'épitexte, le péritexte, etc., c'est-à-dire par cet attirail qui accompagne le livre dans son apparition.
Et cela est si vrai qu'il ne nous arrive jamais de faire d'un même livre deux lectures identiques.
La première est découverte, mais il suffit de revenir sur le terrain pour s'apercevoir que tant de richesses restent encore à découvrir, tant de paysages que la brume nous avaient dérobées, tant de surprises à connaître.
p. 18
Et cela est si vrai qu'il ne nous arrive jamais de faire d'un même livre deux lectures identiques.
La première est découverte, mais il suffit de revenir sur le terrain pour s'apercevoir que tant de richesses restent encore à découvrir, tant de paysages que la brume nous avaient dérobées, tant de surprises à connaître.
p. 18
"Un livre n'a pas un auteur, mais un nombre indéfini d'auteurs" dit l'un d'eux, Michel Tournier. "Car à celui qui l'a écrit s'ajoutent de plein droit dans l'acte créateur l'ensemble de ceux qui l'ont lu, le lisent ou le liront".
Kundera s'écarte à peine : "Le roman, c'est le paradis imaginaire des individus. C'est le territoire où personne n'est propriétaire de la vérité (...) mais où tous ont le droit d'être compris...".
p. 19
Kundera s'écarte à peine : "Le roman, c'est le paradis imaginaire des individus. C'est le territoire où personne n'est propriétaire de la vérité (...) mais où tous ont le droit d'être compris...".
p. 19
(...) le paysage appartient à celui qui le contemple.
Videos de Hubert Nyssen (8)
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Créé par Hubert Nyssen (fondateur des éditions Actes Sud) et Madeleine Thoby, le département jeunesse d'Actes Sud publie depuis 1995 des ouvrages (albums, romans, documentaires, bd...) qui portent un regard particulier sur le monde et ses évolutions, empreint d'émotions, d'humour, de curiosité, d'exigence et d'ouverture.
En février 2023, ce département est rebaptisé Actes Sud jeunesse, afin d'être en meilleure adéquation avec une ligne éditoriale proche du catalogue général des éditions Actes Sud mais qui s'adresse à un lectorat plus ample, allant de la petite enfance aux jeunes adultes. Les ouvrage paraissant à partir de cette date porteront cette nouvelle signature.
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