Dès lors, il est heureux pour Épictète, ou plus exactement pour ceux qui tiennent à le connaître, qu'il n'ait pas eu pour disciple un Platon ni même un Xénophon. On peut aller plus loin. Si Épictète en personne avait pris la
plume et rédigé un traité de philosophie en forme, il nous aurait donné de lui-même une image assurément toute différente, supérieure sans doute sur plus d'un point; mais cette image ne serait peut-être pas aussi exacte dans l'ensemble. Il est remarquable que nous ne possédions aucun traité dogmatique, systématique et impersonnel de la doctrine stoïcienne, telle qu'elle était professée sous l'Empire.
Si le devoir d'un écrivain est de se mettre tout entier dans ses livres, le premier devoir d'Arrien, au contraire, était de s'effacer le plus complètement possible. Or il paraît bien l'avoir rempli. Il avait déjà évidemment cet esprit exact et consciencieux, ennemi des écarts d'imagination, qu'on trouve chez l'historien d'Alexandre.