Nous entreprenons une tâche plus humble. Il y a presque toujours dans la vie des grands hommes une attrayante figure de femme dont les biographes attachés à la principale figure dédaignent de s'occuper, ou qu'ils ne nous rendent qu'imparfaitement. N'est-ce pas aux femmes qui tiennent une plume à revendiquer ces touchantes et nobles mémoires trop souvent méconnues par la postérité? Les femmes sont un peu traitées par les historiens et par les moralistes comme on traite les nations vaincues ; c'est-à-dire que leur personnalité s'efface, disparait, ou tout au moins se confond, dans celle de l'homme qui les a dominées. Ce qu'elles eurent d'originalité, de grandeur et quelquefois de génie, ne leur est reconnu que comme un reflet de l'esprit de l'homme célèbre qu'elles ont aimé.
Louise Colet, son récit de la Commune dans l'Anarchie des esprits aux éditions ardemment